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EDITORIAL - La faute aux Occidentaux !...

On peut critiquer le Colonialisme, l’Occident, l’Europe et de manière véhémente sans pour autant verser dans le populisme de caniveau. Malheureusement, certaines élites africaines ou certains hommes politiques africains, à court d’arguments et en mal de publicité ou de popularité, ont cette tentation facile à faire des amalgames et à tout mettre sur le dos des Occidentaux. Et surtout principalement au compte des anciennes puissances coloniales. Tant et si bien que l’on est en droit de se demander en quoi consiste leurs responsabilités et celles de leurs prédécesseurs dans les malheurs de l’Afrique est comptable de la désastreuse situation sociopolitique de l’Afrique Noire aujourd’hui. Tellement ces Africains dont c’est l’unique fonds de commerce pour continuer à manipuler leurs opinions publiques nationales à souhait, avec parfois l’aide de puissances hostiles à l’Occident, sont devenus comme dirait Aimé Césaire, et je cite Discours sur le Colonialisme: « La malédiction la plus commune en cette matière est d'être la dupe de bonne foi d'une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu'on leur apporte».

Oui, en effet, les Africains ont des tas de choses à reprocher à toutes les entreprises coloniales qui ont été conduites en Afrique. C’est, à tout le moins, indiscutable. Mais qu’ont fait les Africains eux-mêmes avant et après les Indépendances ? Et au lieu de se poser les bonnes questions, une certaine élite intellectuelle et politique s’acharne à reprendre le même stratagème que les anciens Colonialistes dont nous parle Aimé Césaire et qui résonne en nous bien des années encore comme une vigie.

A des fins inavouées ou non, c’est proprement irresponsable de la part des Africains, en l’occurrence de l’Afrique Noire, de continuer à gloser sur le Colonialisme que de laisser en 2022 de nombreux Gouvernants africains au plus hauts sommets des Etats se comporter vis-à-vis de leurs peuples qui sont les Gouvernés comme des Garde-Chiourmes d’une autre époque, et pire des Esclavagistes. Le mot n’est pas très fort, et ce n’est point exagéré de le dire. Le pire aussi, c’est quand les nouveaux leaders africains ou les nouveaux influenceurs africains tentent de faire croire aux populations africaines – citoyen lambda de tout pays - que les nouveaux alliés qui valent mille et une fois mieux que ces Occidentaux qui sont la cause de tous les malheurs de l’Afrique Noire les aideraient à instaurer des régimes plus vivables – à fortiori démocratiques - qu’ils n’ont pas jugés bon d’instaurer chez eux. On sait ce que Démocratie veut dire pour eux…

La quête du Pouvoir ou du Leadership ou encore d’influence, ici ou là en Afrique, ne doit en aucun cas permettre à certains Africains de prendre leurs opinions publiques nationales pour un ramassis d’imbéciles à qui il suffirait de brandir l’étendard du défenseur de la mémoire collective contre la Colonisation ou l’Exploitation de l’homme par l’homme pour les faire marcher derrière. Comme des moutons de Panurge.

De Colonisation, parlons-en ! Comme j’ai cru devoir le rappeler dans un ouvrage, s’il faut s’ériger en victime de la Colonisation et de ses conséquences épouvantables sur l’Afrique Noire en particulier, les Africains ne devraient pas oublier que ce sont leurs propres Ancêtres, les Egyptiens anciens qui ont inventé les premiers la Colonisation au sens moderne du terme tel qu’on le concevoir aujourd’hui. En soumettant bien des peuples des environs de l’Egypte antique – à commencer par le pays de ceux dont ils descendaient, à savoir les Nubiens anciens – pour ensuite partir du pays de Canaan jusqu’à la Syrie actuelle en passant par toute la Phénicie. Dès la IVe Dynastie, soit aux environs de 2000 avant Jésus-Christ, comme l’atteste la Forteresse de Bouhen, une partie de la Nubie est occupée par l’Egypte antique. Avec l’impétueux Thoutmôsis Ier, l’Egypte antique achèvera d’occuper tout le Nord de la Nubie antique vers 1500 avant Jésus-Christ. 

Mais au-delà de ce rappel de faits historiques vérifiables, l’Afrique Noire doit définitivement sortir de son discours puéril et cesser de verser dans la pure naïveté en croyant que la grande victime de toutes les colonisations, de tous les esclavages, et de tous les néo-colonialismes qu’elle fut – des Européens, des Arabes, des Turcs, etc. – doit emboucher des trompettes pour le claironner sur tous les toits pour que Souveraineté soit. N’en déplaise à certains, c’est l’un des plus illustres des Français qui l’a dit, en l’occurrence Charles de Gaulle : « Les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts ». Les pays Afrique Noire doivent comprendre qu’ils au cœur d’enjeux géopolitiques et géostratégiques et qu’ils n’ont pas d’amis, ils n’ont que des « amis ». Qui ne lésinent pas sur leurs propres intérêts quitte à vouer les autres aux gémonies pour paraître prétendument leurs plus grands défenseurs.

De Souveraineté, parlons-en aussi! A moins d’être totalement obnubilés par une hypocrisie sans vergogne, toute Souveraineté commence d’abord par l’usage de sa propre langue en tant que vecteur de communication. Et ce n’est ni la substitution du Franc CFA par l’Eco, ni le renvoi de la France de ses anciennes Colonies, ni les incantations en faveur d’un Panafricanisme qui reste à réinventer (quand on est incapable de s’accorder sur le fondamental dans le plus petit des pays), ni…ni…et l’on peut multiplier les ni à l’infini, ce ne sont pas eux qui vont donner aux pays d’Afrique Noire un début de souveraineté quelconque. Parler sa propre langue déjà est le commencement de la Souveraineté pour paraphraser un passage biblique bien connu des adeptes. Dirigeants des Pays d’Afrique Noire, voulez-vraiment la Souveraineté ?...Quelle Souveraineté ?... Toute la Souveraineté ?...Si oui, le chemin n’est même pas encore commencé pour espérer un jour y arriver. L’ancien Président de la France, François Mitterrand, le dit fort joliment et justement en déclarant : « C'est blesser un peuple au plus profond de lui-même que de l'atteindre dans sa culture et sa langue ». Et le romancier québécois, J.-Léopold Gagner, de le confirmer : « Le vrai patriotisme c'est d'abord le culte de sa langue, expression par excellence de sa personnalité ».

Par Marcus Boni Teiga

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