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EDITORIAL – CEDEAO : Restaurer l’ordre constitutionnel au Niger ou disparaître

Comme le disait, ironie du sort le Président Mohamed Bazoum lui-même : « Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu'ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d'État (…)  Qui va faire la guerre à leur place ? Ce serait facile si chaque fois qu'une armée de nos pays a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir ! C'est ce qui s'est passé par deux fois au Mali (...) Ce ne sont pas des choses acceptables ».

26 juillet-26 août 2023, cela fait exactement un mois que le Général Abdourahamane Tchiani et ses hommes de la Garde présidentielle ont kidnappé et mis en résidence surveillée le Président Mohamed Bazoum du Niger. Un coup d’Etat inédit dans une Afrique de l’Ouest en proie à une turbulence sans précédent, mais qui en dit long sur les intentions de certains militaires qui veulent mettre le Militaire au sommet de la pyramide de la Gouvernance politique. Au lieu de se contenter du pouvoir des casernes. Non sans la connivence du Groupe de mercenaires de Wagner de la Russie de Vladimir Poutine.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sait désormais ce qu’il lui reste à faire: Restaurer l’ordre constitutionnel au Niger ou disparaître en se sabordant tout simplement. Le Président Mohamed Bazoum devra être réinstallé dans ses fonctions, quel que soit ce que ce que cela va coûter à la CEDEAO. Ils ont beau menacer, faire du chantage, impliquer le Burkina Faso et le Mali, il est hors de question de laisser un régime, militaro-civil fût-il, s’installer durablement au Niger. Et ce serait une très belle façon de dire : « Plus jamais ça en Afrique de l’Ouest ».

Mais c’est au-delà de l’Afrique de l’Ouest qu’il faut afficher cette volonté manifeste. L’Union africaine (UA), par la même occasion, doit prendre les textes et dispositions qui conviennent pour que les coups d’Etat ne soient plus jamais tolérés à l’intérieur du continent africain. Cela s’entend et va sans dire qu’une réponse adéquate soit proposée concomitamment pour que le Respect des Règles démocratiques soient non seulement convergentes mais aussi contraignantes vis-à-vis de tout Etat membre. Il est question de décourager définitivement les chefs d’Etat indélicats qui parasiteraient la vie sociopolitique de leur pays.

Ce qui doit être un luxe pour l’Afrique, ce n’est nullement la Démocratie, ce sont putôt les coups d’Etat et autres instabilités que l’Afrique n’a plus les moyens de se payer plus de soixante ans les indépendances. En effet, quand une personne ne devient pas mature à soixante ans, ce n’est pas à cent ans qu’elle va encore le devenir. Trop, c’est trop et ça suffit ! 

Pahimi Padacket Albert, ancien Premier ministre du Tchad, sait de quoi il parle quand il dit : « Il est vrai que la démocratie africaine connaît une crise profonde, rythmée par des révisions constitutionnelles intempestives qui violent la limitation des mandats dans une indifférence générale complice. Dans ce contexte, les coups d’Etat militaires sont souvent ressentis par nos populations comme des remèdes à une gouvernance démocratique défaillante et des institutions dévoyées. En réalité, le médicament s’avère toujours plus nocif que le mal ».

La question, ce n’est pas seulement de libérer le Président Mohamed Bazoum, c’est qu’il soit surtout rétabli dans ses fonctions de Président de la République, et que les militaires retournent dans leurs casernes pour laisser les civils animer sereinement la vie sociopolitique. C’est la seule condition pour éviter une intervention militaire de la CEDEAO au Niger. Et c’est aussi la condition sine qua non pour que les ressortissants de la CEDEAO continuent à accorder du crédit et respectent l’organisation sous-régionale avant de lui conférer son droit de continuer à exercer pleinement. Autrement, à quoi servirait-elle encore aux Ouest-Africains ? Elle ne ferait, par son incapacité à imposer la force de la loi, au besoin, qu’entériner la porte ouverte au chaos en Afrique de l’Ouest. Si les militaires doivent s’arroger le droit de faire irruption sur la scène politique quand ils en ont envie, il y a fort à parier que ce ne sera pas le dernier coup d’Etat. Bien au contraire…

L’antienne selon laquelle c’est la France et de l’Occident qui manipulent ou exploitent çà et là et tutti quanti ne saurait continuer à laisser faire ceux qui s’érigent en Panafricains autoproclamés, prétendument défenseurs des intérêts africains lors même qu’ils ne défendent que leurs propres intérêts et ceux de Wagner y compris. Quitte à mobiliser des esprits naïfs ou qui ont des comptes à régler avec l’Occident.

Personne ne veut d’une guerre au Niger. Mais la CEDEAO doit s’imposer aux putschistes y compris par la force en désespoir de cause. Il y a des Paix qui sont beaucoup plus dangereuses et catastrophiques que des Guerres. En ce qu’elles engendrent les germes d’autres guerres dont les conséquences peuvent s’étendre sur des dizaines et des dizaines d’années et de générations. L’histoire du Tchad est parsemée d’exemples de ce genre.

Par Marcus Boni Teiga

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