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ECONOMIE/RDC - Mimy Monga Numbi (DG ONAPAC) : « La mafia fait perdre à l’Etat congolais plus de 120 millions USD annuellement ! »

A travers une interview exclusive, la Directrice Générale de l’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC), Madame Mimy Monga Numbi, fait des révélations troublantes et révoltantes auxquelles le Président de la République, Félix Tshisekedi et la nouvelle Première Ministre Judith Suminwa devraient s’intéresser. Selon la dirigeante de ce qui se dénommait autrefois Office Zaïrois du Café (OZACAF), un cartel à démanteler cherche à achever cet établissement public: une véritable mafia qui fait perdre au pays annuellement plus de 120 millions de dollars américains.

A sa prise de fonction, il y a plus ou moins huit mois, Mimy Monga affirme avoir trouvé des arriérés de salaires du personnel de deux cents mois et une situation sociale catastrophique. Aucune prise en charge du personnel par le budget annexe. Pire encore, une spoliation du patrimoine et des concessions avec risque de spoliation.

Nonobstant des menaces, le duo féminin Mimy Monga Numbi (DG) et Berthe Kenedi Issakong (DGA) se dit décidé à accomplir fidèlement les missions lui assignées. Ce comité de gestion a réalisé une prouesse jamais égalée en faisant passer, à l’intervalle de trois mois, le cacao destiné à l’exportation contrôlé par l’Onapac de 6.000 tonnes par an à 56.000 tonnes, un record jamais égalé dans l’histoire du pays. Faisant ainsi gagner plus de 131 millions au pays.

Le traitement salarial du personnel est passé du 1er pallier au pallier supérieur, le transport amélioré, la situation de prise en charge de retraités a la CNSS se décantant, etc.

Plusieurs réalisations dans les secteurs commencent à être visibles, pourtant elles ne gèrent qu’avec 1,4 % de redevances sur prestations contrairement à leurs prédécesseurs qui étaient à 9%, 4% et 2%.

La guerre contre la fraude est leur cheval de bataille et leurs vies seraient en danger. Ci-dessous, l’intégralité de cet entretien inédit qu’on qualifierait de « scoop » dans le jargon journalistique. No comment !

James Mpunga Yende : Madame la Directrice Générale, voudriez-vous brosser votre portrait en quelques mots pour nos nombreux lecteurs ?

Mimy Monga Numbi : Madame Mimy MONGA NUMBI, Directeur Général de l’ONAPAC, est Licenciée en Droit et Avocate. Elle est passée par l’Ambassade de Tanzanie, le PNUD et le Cabinet du Ministre National de l’Industrie comme Conseillère avant d’être nommée DG de l’ONAPAC.

JMY : Quel état des lieux avez-vous fait lorsque que vous avez succédé à Monsieur Guy Bompate ?

MMN : L’état des lieux que nous avons dressé lors de notre prise des fonctions en Août 2023 à la tête de l’Office National des Produits Agricoles du Congo, ONAPAC en sigle, nous a donné un tableau catastrophique. Car malgré l’aliénation d’une partie du patrimoine de cet Office à Kinshasa et à l’intérieur du pays, nous l’avons trouvé avec :

– 200 mois d’arriérés des salaires ;

– Des conflits intenses avec la FEC, les opérateurs économiques, réduisant sensiblement le volume des exportations sous contrôle de l’ONAPAC ;

– Les travailleurs démotivés et en conflit entre eux, alignés par camp ;

– Le paiement d’un SMIG de 1.680 FC, c’est-à-dire en dessous du premier pallier qui est fixé à 1.730 FC ;

– Les bureaux dans des états de délabrement très avancés ;

– Des bâtiments sans sanitaires pour les agents ;

– Une polyclinique non alimentée en produits de première nécessité pour les soins médicaux ; etc.

Les secteurs et sous-secteurs en désarroi et nécessitant un appui logistique de taille.

JMY : Pourquoi y a-t-il conflit ou « guerre ouverte » entre le tandem Mimy Monga (DG) Kenedi Issakong (DGA) contre le PCA Mukengeshayi ?

MMN : Monsieur le journaliste, il n’y a aucun conflit entre le DG, DGA et le Président du Conseil d’Administration. Il n’existe aucun conflit entre le comité de gestion et le PCA. Nous travaillons en parfaite harmonie.

JMY : Certains disent que ce qui divise le comité de gestion c’est l’affaire ESKO Kivu, le créancier qui doit 6 millions de dollars à l’ONAPAC. De quoi s’agit-il ?

MMN : Comme je vous l’ai déjà dit précédemment, le Comité de gestion n’est pas divisé et ne le sera certainement pas dans l’avenir. ESKO KIVU est notre partenaire d’affaires au même titre que les autres opérateurs économiques. Ainsi, dans le souci d’accompagner la matérialisation de la vision du chef de l’Etat, S.E. Mr Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, qui prône « la revanche du sol sur le sous-sol », nous avons levé l’option de préconiser le dialogue pour l’intérêt de toutes les parties. C’est dans cette optique qu’une commission sera mise en place pour examiner et traiter la question relative à cette créance dont vous faites allusion, conformément à l’article 5 du Protocole d’Accord signé entre ONAPAC et ESKO KIVU. Et il n’y a rien d’autres !

JMY : Pourquoi Mesdames la DG et la DGA sont allées, avec la bénédiction du ministre de tutelle sortant, négocier avec ESKO Kivu en Ouganda ?

MMN : Il a plu au Gouvernement, par le truchement du Ministre tutelle, de l’Agriculture d’initier des négociations sur les créances qui opposaient ONAPAC à ESKO KIVU, un opérateur du secteur cacao et vanille à Beni, dans le souci d’améliorer le climat des affaires.

Cette approche a été saluée par les Directeurs centraux de l’ONAPAC et a permis d’améliorer les recettes tant de l’Office que des autres services du pays.

Avant notre arrivée, l’Office ne contrôlait que 6.000 tonnes de cacao destinées à l’exportation. Après cette démarche, en trois mois seulement, nous sommes passés de 6.000 à 56.000 Tonnes, un record jamais atteint dans l’histoire des exportations du cacao contrôlé par l’ONAPAC.

Par conséquent, ce boom des exportations a fait gagner au trésor public 131 millions de dollars américains du seul produit cacao. Aussi par effet d’entrainement, nous avons connu le retour des plusieurs opérateurs économiques vers l’ONAPAC, en l’occurrence MILUNA de GBAKA, CAP CONGO et tant d’autres qui s’étaient rebellés contre l’ONAPAC.

Toutefois, pour votre gouverne, les négociations se sont tenues à Béni et non en Ouganda comme le prétendent nos détracteurs.

JMY : Pourquoi y a-t-il conflit ou « guerre ouverte » entre le tandem Mimy Monga (DG) Kenedi Issakong (DGA) contre le PCA Mukengeshayi ?

MMN : Monsieur le journaliste, il n’y a aucun conflit entre le DG, DGA et le Président du Conseil d’Administration. Il n’existe aucun conflit entre le comité de gestion et le PCA. Nous travaillons en parfaite harmonie.

JMY : Selon vos « détracteurs », le train de vie de Mimy Monga et Kenedi Issakong a radicalement changé dès le retour du pays de Yoweri Museveni. Qu’en dites-vous ?

MMN : Monsieur le journaliste, certaines personnes nostalgiques résistent au changement actuel et s’adaptent difficilement à ce nouveau rythme de travail. Nous assistons à une douleur d’enfantement qui va satténuer avec le temps. Notez que ceux qui avaient mis en place ce bras-de-fer avec la FEC ne désarment pas. Ils continuent à nous calomnier d’une façon ou d’une autre.

JMY : Si Jules Alingete déploie des inspecteurs de l’Inspection Générale des Finances (IGF) ne trouveront-ils pas des dossiers compromettants ?

MMN : Si Jules Alingete venait à l’ONAPAC, rassurez-vous qu’il serait bien orienté pour auditer sur la fraude qui sévit au Nord Kivu et Sud Kivu faisant perdre à l’État Congolais plus de 120 millions de dollars américains annuellement. C’est de la mafia 

JMY : Jusquà ce jour la paye à l’ONAPAC se fait par le vieux système « Maboko banque » et à compte-goutte et des modiques sommes alors que le comité de gestion touche des sommes faramineuses par voie bancaire. Pourquoi une telle injustice sociale ?

MMN : A l’ONAPAC, il y a le Conseil d’Administration, le Comité de gestion et le collège des Commissaires aux comptes. Mais curieusement les autres mandataires ne sont pas cités et on ne parle que du Comité de gestion. C’est pour vous dire que c’est la tête des animateurs de ce comité qui gêne partant de ses efforts contre la fraude et les antivaleurs. En ce qui concerne le « maboko banque », c’est un système que nous avons trouvé et auquel nous sommes en train de remédier en approchant plusieurs banques de la place.

Pour ce faire, nos efforts sont entrepris pour l’unification des comptes des recettes à l’interne sur les redevances de nos prestations. Pour votre information, les mandataires, cadres et agents de l’Office, dépendent tous de 1,4 % que l’ONAPAC prélève sur la valeur FOB des produits agricoles pérennes à l’exportation sous son contrôle. Leurs rémunérations ne sont pas prises en charge par le budget annexe de l’État et pour notre crédibilité vis-à-vis des banques, nous devons d’abord maitriser l’enveloppe desdites recettes.

JMY : On a eu vent qu’il y a chasse à l’homme dans le secteur de Beni après une récente publication en ligne (congoprofond.net). Cette branche de l’ONAPAC est-elle le poumon de votre établissement public ou une vache à lait qu’il faut à tout prix avoir dans sa ferme ?

MMN : Il n’y a aucun lien entre votre publication et le rappel à Kinshasa de certains de nos cadres de Beni. Ce rappel est plutôt un processus initié par la tutelle et qui remonte à très loin avant la fameuse publication. Il est vrai que le secteur de Beni constitue réellement le poumon, non seulement de l’ONAPAC, mais aussi de la République en termes des recettes non négligeables des exportations des produits agricoles pérennes qu’on y trouve dont le café, le cacao, la vanille, la papaïne, le pyrèthre, le ketsu et tant d’autres.

C’est donc parmi nos missions légitimes, nous confiées par le chef de l’État, garant de la Nation, en notre qualité de superviseur du secteur des produits agricoles pérennes, de contrôler les opérations d’exportations desdits produits en RDC. Cela étant, nous avons donc le devoir de nous intéresser sur ce qui se passe dans ce secteur en vue d’arrêter l’hémorragie de la fraude qui fait perdre à la République plus de 120 millions de dollars l’an, rien que pour le cacao !

JMY : Enfin, quels sont vos projets pour le redressement de l’ONAPAC ?

MMN : L’Onapac est l’organe technique et scientifique du Ministère de l’Agriculture, superviseur du secteur des produits pérennes destinés à l’exportation. Son rôle consiste en la promotion des produits agricoles pérennes et au développement des débouchés internes et externes.

A ce titre, la première approche est donc une forte sensibilisation des opérateurs économiques et de tous les intervenants du secteur sur l’importance et le rôle de l’ONAPAC.

Aussi, de façon claire, assurer l’encadrement de tous les paysans intervenants dans la culture des produits agricoles pérennes, le rajeunissement de plus de 100 milles hectares des plantations abandonnées, le développement des cultures pérennes dans les zones minières pour répondre à la crise de mines qui s’épuisent, la sensibilisation sur la mise en place de plus de plantations de cacao, l’installation des laboratoires dans les secteurs à forte concentration de production.

Ajouter à cela le recrutement de plusieurs autres agronomes et la dotation des moyens de leurs itinérances, la sensibilisation sur la consommation locale de nos produits, la mise en valeur des concessions Onapac par la culture des produits pérennes, l’alignement des cadres et agents de l’ONAPAC au budget annexe pour leur rémunération, la mise en place de la géolocalisation pour la meilleure gestion des plantations en RDC, la création d’un centre de négoce.

Sur le plan administratif, doter l’Office d’un manuel des procédures. Mise en place de ponts bascules pour arrêter la fraude quantitative, création des brigades anti fraudes dans les zones de production.

Je vous remercie Monsieur le journaliste.

Propos recueillis par James Mpunga Yende/Free-lance

 

Source: https://congoprofond.net

Congo Profond (RD CONGO)

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