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EDITORIAL - AFRIQUE DE L’OUEST/CEDEAO : Est-ce le début de la fin ?

Il avait tôt fait de claironner que le Nigeria était de retour et que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne tolérerait plus aucun coup d’Etat en son sein. Mais à peine le Président Bola Tinubu du Nigeria, qui venait de prendre la tête de la CEDEAO finissait ses envolées lyriques et de manches de son traditionnel Agbada fait cette déclaration sans crier gare, les militaires du Niger emboîtaient le pas au Mali, à la Guinée et au Burkina Faso. En fomentant l’un des plus burlesques des coups d’Etat jamais connu en Afrique. Comme un Bambin, pris la main dans un sac de Bonbons sans savoir comment s’en sortir, le Président Bola Tinubu se trouva lui-même pris au piège de ses propres déclarations. Que faire ? La CEDEAO s’empêtra dans des menaces, louvoiements et atermoiements, etc. Et de léthargie, elle passa à Coma.

Dans ce Capharnaüm Ouest-africain, le Togo du Président Faure Gnassingbé tient manifestement le mauvais rôle. Sous prétexte de jouer les bons offices, il entretient des relations à la fois avec les Militaires, auteurs de coups d’Etat au Pouvoir et qui défient la CEDEAO, quitte à se démarquer ou se désolidariser avec les décisions de la CEDEAO. Un stratagème qui cache en réalité un double intérêt économique et politique pour un Président dont l’avènement au Pouvoir rappelle qu’il y eut, au commencement en 2005, un double coup d’Etat militaire et Constitutionnel pour lui faire place nette.

De la CEDEAO, que reste-t-il vraiment encore? C’est une question que les ressortissants des pays membres de cette Organisation sous-régionale sont en droit de se poser. Mais avant de se la poser, ils devraient plutôt la poser de prime abord à leurs dirigeants, Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres. Comme tout le monde connaît aujourd’hui la réponse, il s’avère par conséquent inutile et sans intérêt de le faire. C’est que, pour tout dire, il n’en reste pratiquement plus grand-chose, pour ne pas dire rien. Sinon une Communauté économique en lambeaux ou en mille morceaux. Et ce n’est là que pur euphémisme pour exprimer une métaphore imagée.

En effet, chacun des chefs d’Etat ou de Gouvernement des pays membres ayant tiré les lambeaux qui lui paraissaient bénéfiques de son côté au point même que, des lambeaux disputés par les uns et les autres tout s’est effrité, il n’en reste plus qu’une vague idée de ce que fut ce qu’on qualifiait il y a peu encore de la meilleure organisation sous-regionale en Afrique. C’est ce qui arrive à toute Communauté humaine quand l’Intelligence déserte le Forum et que l’Escroquerie politique sur fond de mépris des Peuples est érigée au rang de Valeur indiciaire de l’Action politique au même titre que le CAC40 ou le DOW JONES à la Bourse.

Déchirés par les fourberies de ses propres acteurs de Présidents de la République, au gré de leurs intérêts pour un Troisième mandat ou une Révision constitutionnelle, ils ont fini tous sans exception par se ridiculiser. Y compris les Putschistes qui s’autoproclament Défenseurs du Peuple et Panafricanistes devant l’Eternel et qui accusent bien souvent les chefs d’Etats et la CEDEAO à coups de mensonges inspirés de leurs nouveaux maîtres Russes. Un Etat ne saurait parler de Souveraineté en comptant sur des Mercenaires, Russes en l’occurrence, au lieu de compter sur ses propres Forces. Tous comptables, tous coupables par le résultat auquel ils sont parvenus. Une CEDEAO zombifiée, incapable de respecter ses propres décisions et encore moins de se faire respecter, et par-dessus tout incapable de proposer une perspective salutaire à ses Ressortissants. Laquelle a laissé le champ libre aux pays dissidents de créer l’Alliance des Pays du Sahel (AES) le 16 septembre 2023.

D’aucun diraient que la CEDEAO avait déjà depuis fort longtemps du plomb dans l’aile. Mais de là à faire montre de tels errements et incohérences qui l’ont condamnée actuellement à l’état de mort cérébral dans lequel l’organisation se trouve, il faut bien rassembler parmi les chefs d’Etat et de Gouvernement des Amateurs et des Politiciens sans foi ni ambitions.

A y regarder de près, la CEDEAO n’existe plus, de facto. Chaque Etat ou disons-le, chaque chef d’Etat fait ce qu’il veut, sans avoir de compte à rendre ni à la CEDEAO ni à son Peuple.

Le Colonel Assimi Goïta du Mali a décidé de prolonger et de reporter l’échéancier de sa Transition sans même daigner en référer à la CEDEAO, le Capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso a décidé que les élections n’auront lieu dans son pays que lorsqu’il le jugera nécessaire, à l’aune de la diminution des actes terroristes, le Général Abdourahamane Tchiani a décidé de ne pas quitter le Pouvoir ; l’Algérie avait menacé la CEDEAO si elle intervenait militairement au Niger pour restaurer le Président Mohamed Bazoum, le Maroc a invité les trois pays dissidents de la CEDEAO à se tourner vers lui plutôt que ceux avec lesquels l’Histoire et la Géographie les lient tout naturellement…En somme, la CEDEAO a été humiliée de toutes parts… Tant sur l’échiquier continental qu’international, elle ne suscite plus que la risée quand on évoque l’acronyme CEDEAO dans les chancelleries et les milieux diplomatiques.  Tout compte fait, son délitement est aussi le reflet d'une réalité bien plus grave et profonde qu'elle n'y paraît: la faillite de l'Afrique Noire moderne à travers ses Etats mais aussi et surtout ses dirigeants et ses organisations. Car l'Union africaine (UA) ne constitue à ce jour que l'arbre qui cache la forêt. Un arbre vermoulu, qui pis est, mais qui cache la forêt malgré tout…

Même si la CEDEAO s’évertue désespérément à sauver les apparences par quelques rencontres, comme si de rien n'était, ses déclarations ne servent qu’à enrichir les Archives de son Secrétariat Général Permanent. Les Ressortissants des pays membres dont elle est l’émanation ayant bien compris qu'elle était dépassée par les événements pour nécessiter de se saborder ou d’opérer de profondes réformes. En raison du fait qu’elle n’est plus ni audible ni crédible. Toute son existence ne réside en l’état actuel plus que sur le papier et non sur les hauts faits à mettre à son actif. La CEDEAO, plus personne n’y croit en Afrique de l’Ouest, malheureusement. Les Citoyens préfèrent croire aux Revenants ou encore aux mythes et légendes qu’à la CEDEAO dorénavant. Et c’est à se demander si quelqu’un en Afrique de l’Ouest y croira encore demain, même si par extraordinaire, elle revenait du Coma dans lequel elle a été plongée par les crises multiples et à répétitions qui ont ébranlé la sous-région.

Tous ces chefs d’Etat et de Gouvernement des pays d’Afrique de l’Ouest ont ainsi laissé tomber le Président Mohamed Bazoum du Niger. Comme avant lui, ils ont laissé tomber Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, tout en oubliant que c’est ainsi qu’ils pourraient eux aussi finir par tomber. Car il suffirait seulement qu’un groupe de militaires de leurs pays le décident. Et, qu’impuissante, cela soit acté par la CEDEAO comme une simple formalité d’usage dorénavant.

Si tout groupe de militaires qui le décide, du moment où il en a la latitude, peut s’arroger le Pouvoir dans n’importe lequel des pays d’Afrique de l’Ouest à n’importe quel moment, et sans sourciller, alors à quoi cela sert dorénavant d’aller aux Urnes ou d’avoir des Partis politiques, etc.? L’étymologie du vocable « élection » renvoie à la possibilité de « choisir » et non à une quelconque imposition ou force. Il provient du verbe latin « eligere » qui signifie (choisir) et du substantif latin « {electio} » qui signifie (choix). Autant les Politiciens véreux que les Militaires assoiffés de Pouvoir sont un frein au développement de l'Afrique de l'Ouest. Et il faudrait renvoyer dos à dos les uns et les autres, quels que soient les arguties déployées par les militaires pour tenter de justifier leur immixtion dans la vie politique. Comme pour masquer leur échec dans la lutte contre le Terrorisme islamique et le grand banditisme.

Par Marcus Boni Teiga

 

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