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EDITORIAL – L’indépendance et la souveraineté de l’Afrique Noire doit commencer par la Langue commune

A l’occasion de sa dernière réunion ordinaire qui s’est déroulée du 5 au 6 février 2022 à Addis-Abeba en Éthiopie, l’Assemblée générale des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine (UA) a adopté le Swahili comme langue officielle de travail. Mais il y a bien longtemps déjà que l’Afrique parle d’une langue commune. Et le Swahili était déjà la langue élue à ce titre.

Le Swahili compte aujourd’hui parmi les dix (10) langues les plus parlées au monde. Née sur les côtes du Kenya et de la Tanzanie, cette langue est dérivée de la famille des Langues Nigéro-Congolaises (LNC). Le Swahili compte plus de 200 millions de locuteurs maintenant. Au point de s’imposer tout naturellement en quelques années comme une langue africaine incontournable. Indépendamment du fait que la décision politique de l’Union africaine (UA) a décidé d’en faire une langue panafricaine.

L’idée que le lexique Swahili proviendrait à 40 % de la langue arabe, du fait des influences qu’il aurait subi en raison des échanges commerciaux entre la Péninsule arabique et la Côte orientale de l’Afrique est certes sujette à caution et reste à prouver. L'Arabe n’est d’ailleurs pas la seule langue de laquelle le Swahili a emprunté des mots. Il y a aussi l’Anglais et le Portugais. Du reste, des recherches et autres études en cours tendant à contredire cette version et à prouver qu’elle est plutôt Négro-africaine à plus de 80%. De même, il reste à vérifier aussi que, pour une Langues Nigéro-Congolaises (LNC), elle soit dépourvue de ton lexical à l’instar de l'Anglais ou de l'Espagnol. Même s’il n’en demeure pas moins vrai que le Swahili qui est très certainement un dérivé d’un Proto-Swahili n’est pas une langue à tons à proprement parler, et dispose de cet avantage de la simplicité pour s’être plus ou moins débarrassé des tons qui complexifient les langues, et en particulier les Langues Négro-africaines (LNA).

Toujours est-il que le Kiswahili ou Swahili est l’une des langues officielles de l’Union africaine (UA), de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE). En Afrique du Sud et au Botswana, elle est déjà enseignée dans les Ecoles. Bien d’autres pays, en l’occurrence la Namibie est en train de leur emboîter le pas.

Parmi les langues officielles d’Afrique aujourd’hui, l'Anglais arrive en première position pour près de 27 des 54 pays d'Afrique, ensuite le Français pour 21 des 54 pays d'Afrique, le Portugais pour 5 des 54 pays et l’Espagnol pour 1 des 54 pays. Wole Soyinka, Lauréat du Prix Nobel de Littérature en 1986, n’a de cesse de plaider pour  faire du Swahili, la langue de l’Afrique dans toutes ses dimensions. Et cela ne date pas d’aujourd’hui.

L’UNESCO a décidé de faire du 7 juillet de chaque année Journée mondiale de la langue kiswahili, à la suite  de  son  approbation  par  le  Conseil  exécutif,  à  sa  212e  session. Cette date correspond à la date de l’adoption de cette langue en 1954 en République-Unie de Tanzanie. Car, après avoir utilisé cette langue pour unifier les peuples de son pays après son indépendance, c’est l’ancien Président de Tanzanie, et le premier du pays, Julius Nyerere, qui a proposé le Swahili comme langue unificatrice des luttes pour l'indépendance. 

Au lieu de continuer sempiternellement à parler la langue des Colonisateurs en Afrique, il est désormais temps de faire obligation aux Etats d’Afrique, du moins les pays d’Afrique Noire, d’introduire l’enseignement du Swahili et voire au demeurant l’enseignement en Swahili en Afrique. Et ensuite, l’on pourrait dans un large débat africain s’évertuer à chercher hormis le Swahili, quelle autre langue ou quelles autres langues l’Afrique devrait promouvoir comme langues alternatives d’émancipation linguistique et culturelle pour remplacer les langues des Colonisateurs. Car en effet l’indépendance et la souveraineté de l’Afrique Noire doit commencer par la Langue commune qui doit lui servir de langue d’enseignement et de communication principale.

Sans même descendre à un niveau plus bas, dans l'enseignement élémentaire ou primaire, dans combien d'Universités en Afrique l'on enseigne le Swahili ? Et pourtant, l'on fait obligation aux enfants de commencer par apprendre l'Anglais ou le Français, voire le Russe maintenant comme première ou seconde langue dès le bas âge. L'Afrique Noire doit savoir ce qu'elle veut en réalité et comment elle compte gérer son avenir.

On a beau parler d’autres sujets, de Franc CFA, de « néocolonialisme » ou de « néocolonialisme économique », etc., tant que l’enseignement et toutes les autres communications que les populations d’Afrique Noire feront à l’intérieur ou en dehors de ce continent le seront toujours avec des langues dites étrangères ou langues des Colonisateurs, la vraie indépendance et souveraineté ne serait qu’artificielle et pure cosmétique.

Par Marcus Boni Teiga

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