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EDITORIAL - Afrique : La Guerre d’influence entre la France et la Russie en question

A moins de faire preuve de naïveté politique, il n’existe pas une grande puissance au monde qui ne cherche à se faire des amis afin d’influer autant sur son propre développement que sur celui de ses pays amis. La France tout comme toutes les autres puissances sont logées à la même enseigne sur ce chapitre. Que l’on reproche à la France de s’abriter derrière son engagement au Sahel pour protéger un certain nombre de ses propres intérêts économiques ou géostratégiques n’est pas faux ou antinomique. 

La Russie de Vladimir Poutine a fait tout autant et la Chine de Xi Jinping, et bien d’autres encore, ne sont pas en reste. Personne ne saurait interdire à la Russie et à la Chine de chercher à entretenir les meilleures relations possibles avec les pays d’Afrique, si tant est que cela profite aux populations. Ce que l’on reproche aux pro-Russes, c’est les torrents de mensonges et de haine qu’ils déversent contre la France, sans jamais osé dire que l’on ne reproche pas à l’Armée officielle russe d’entretenir des relations de coopération avec les Armées africaines. A savoir que les mercenaires du groupe Wagner ne sont pas des soldats de l’Armée russe. Il s’agit de miliciens qui obéissent aux lois de Vladimir Poutine et de son affidé, l’oligarque Evgueni Viktorovitch Prigojine, et par conséquent aux lois d’une économie parallèle.

Théoriciens à la solde de Moscou de Vladimir Poutine, ils entraînent avec eux tous les déçus contre la France certes, mais également ceux que la tentation russe attirent et qui espèrent prendre leur revanche là où ils ont échoué politiquement ou intellectuellement. Et ils sont soutenus par des politiciens ou des intellectuels en mal de popularité ou qui traînent des casseroles comme des boulets dont ils espèrent profiter pour s’en défaire et rebondir. Au risque même d’engager leur pays dans de nouvelles voies sans issues. Car la Russie qui essaie déjà elle-même de trouver des solutions à ses propres problèmes – et ils sont nombreux – ne va pas sauver les pays d’Afrique francophone et plus généralement les pays d’Afrique dans son ensemble. Pas plus que la France n’a réussi à le sauver depuis leurs indépendances. Il n’appartient qu’aux Africains et à eux-seuls de trouver par eux-mêmes les moyens de rebâtir leurs pays et de les conduire vers des lendemains meilleurs. Et ce n’est pas en invitant à l’hostilité ou la haine de la France que cela se fera. Il s’agit là d’une grave erreur sur laquelle tous les leaders autant politiques que de la société civile africaine devraient se reprendre avant qu’il ne soit trop tard.

Le Président du Ghana, Nana Akufo-Addo a déclaré dans son Interview du 18 octobre 2022 intitulé : « Nana Akufo-Addo : « Russes ou Français, il faut cesser de dépendre des Blancs » à Jeune Afrique : « C’est à nous, Africains, de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour nous-mêmes. Il faut que nous cessions d’avoir ce syndrome de dépendance qui nous pousse des bras d’un Français à ceux d’un Russe, autrement dit d’un homme blanc à un autre ». Qui dit mieux ! Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, le Président Nana Akufo-Addo est clair et précis dans son engagement politique et son discours est on ne peut plus cohérent quant à ce que les Africains ont à faire pour gagner et mériter leur indépendance ainsi que leur dignité.

Au lieu de passer le plus clair de son temps à jouer les marionnettes de la France ou de la Russie, les jeunes qui réduisent la volonté du peuple à leurs seules manifestations dans les rues contre la France ont plutôt intérêt à réfléchir par eux-mêmes sur leurs actions. Ainsi ils peuvent décider de ce qui est bon pour leur pays, de ceux qu’il faut réclamer, en termes de coopération, à la France et à la Russie ainsi qu’à n’importe quelle autre puissance étrangère plutôt que de se laisser manipuler par ceux qui touchent des prébendes d’un côté comme de l’autre. Et, il ne faut jamais cesser de le rappeler, ils ont encore la liberté de manifester parce qu’ils sont contre la France. Mais le jour où la Russie s’installera dans tous les leviers de pouvoir de leur pays, ils n’auront même plus le droit de sortir dans les rues pour prétendre exprimer quelque mécontentement autre que d’acclamer à longueur de journée ceux qui seront au pouvoir, bon gré mal gré. Quand l’on a vécu la période des régimes sous influence russe, pendant la guerre froide, tu sais ce que cela veut dire. Et ça, ceux que la Russie finance pour les intoxiquer et les manipuler ne le leur disent pas encore.

La France n’a rien avoir avec les problèmes que les Africains ont à gérer leurs propres pays et qu’ils ne veulent pas assumer en particulier en Afrique francophone. Et les pays d’Afrique francophone commenceront à s’émanciper à partir du moment où les pro-Poutine qui attisent leur haine contre la France vont cesser de se masturber sur la France pour faire face à leurs responsabilités. Sans tergiverser.

Comme l’a dit encore le Président du Cap-Vert, José Maria Neves : « Nous devons opérer une forme de décolonisation mentale ». C’est aux Africains de se départir de cette mentalité de colonisés et de comportements qui aliènent nos libertés et nos choix de société, quelle que soit le partenaire ou la puissance en face. Et sur ce,  presque tous les Africains sont d’accord pour dire qu’il ne sert à rien de sortir d’une « dépendance » avec la France pour s’inscrire dans une autre « dépendance » encore pire avec des régimes qui n’ont aucun autre modèle politique à proposer à l’Afrique que la Dictature. Et Dieu sait si le Cap-Vert est l’un des pays sinon le plus démocratique d’Afrique, du moins parmi les rares pays démocratiques d’Afrique.

Par Marcus Boni Teiga

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