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EDITORIAL – CEDEAO : L’agonie avant la mort ?...

La crise nigérienne, sur fond de coup d’Etat ou disons-le ainsi, fomenté par le Général Abdourahamane Tchiani et ses hommes de la Garde présidentielle n’a pas fini de susciter des réactions et commentaires on ne peut plus divergents. Il aura cependant eu le bénéfice de plonger la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans un grand désarroi, au moment même où l’organisation sous-régionale déclarait vouloir mettre fin aux coups d’Etat en Afrique de l’Ouest par la voix de son nouveau président en exercice, le Président Bola Tinubu du Nigeria. Et il faut tout simplement espérer que de ce malheur pour la Démocratie nigérienne, il en sorte quelque chose de bon à la fois pour le Niger et la CEDEAO.

Après avoir imposé des sanctions draconiennes de toutes sortes au Niger, voire menacé d’une intervention militaire assortie d’un ultimatum, la CEDEAO doit faire face actuellement à un discrédit croissant et persistant face à son incapacité à respecter ses propres décisions et à les faire respecter ou à se faire respecter. Une situation qui met ipso facto à mal l’existence même de cette institution face aux ressortissants de ses pays membres et aux dirigeants des pays qui contestent son Autorité. D’autant plus que ses faiblesses font leurs forces.

Pour ou contre une intervention militaire : la question divise en Afrique de l’Ouest. Entre activistes partisans de la Russie et des mercenaires de Wagner et  leurs adversaires qui opposent le danger des dictatures militaires et le retour en force des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest au détriment de la Démocratie, chaque chapelle y va de ses arguments. Et ce sont ceux qui crient le plus fort qui ont tendance à l’emporter, du moins pour le moment, même si leurs actions ne reposent que du superficiel. La solution de facilité, c’est d’accuser l’Occident de tous les maux de l’Afrique. En occultant la grande irresponsabilité et la corruption des Africains eux-mêmes. Les Fake News et la manipulation sur les réseaux sociaux auront permis à ceux qui se réclament d’être de vrais Panafricains de gagner du terrain avec la complicité de militaires de plus en plus avides de Pouvoir en Afrique de l’Ouest que d’autre chose. Lesquels profitent du contexte géopolitique où l’Afrique elle-même est totalement absente des ambitions du nouveau Tsar de Russie, Vladimir Poutine, et de ses sbires de Wagner pour continuer à s’arc-bouter sur le mécontentement de certains. Un mécontentement qui fait d’ailleurs les bonnes affaires des Agents de Moscou en termes d’espèces sonnantes et trébuchantes pour continuer à alimenter les usines à Fake News. Mais chasser la France ou l’ensemble des pays de l’Occident du continent africain n’a rien à voir avec le Panafricanisme, et qu’on se le tienne pour dit, sans concession. Bien au contraire, il s’agit bel et bien de l’escroquerie du siècle sous couvert de Panafricanisme.

Quels qu’en soient les avis divergents et très tranchés sur la question de l’irruption des militaires sur la scène politique nigérienne au Niger et en Afrique de l’Ouest, il y aura un avant et un après coup d’Etat au Niger au sein de la CEDEAO. De la suite des événements dépendra l’avenir de cette institution. Et de deux choses l’une : soit elle se réforme de l’intérieur, soit elle périra carrément. Car, elle ne pourra plus fonctionner comme avant. Plus rien ne sera comme avant dans tous les cas. Assistons-nous à l’agonie avant le sursaut salvateur ou la mort définitive ? Les jours à venir nous le diront. 

A y regarder de près, ce qu’il se passe actuellement en Afrique de l’Ouest va au-delà de la CEDEAO et pose fondamentalement les mêmes interrogations quant à l’Union africaine (UA). Le citoyen lambda est donc en droit de se demander à quoi servent bien ces organisations si tant est qu’elles sont incapables de s’assumer elles-mêmes et de contribuer au vivre-ensemble ou au mieux-vivre ensemble dans les espaces au sein desquels elles sont censées œuvrer au profit des populations. Ou encore pourquoi avant de parler de l’Union africaine pour l’ensemble du continent africain,  l’Afrique Noire ne dispose pas de sa propre organisation, notamment l’Union des Pays d’Afrique Noire ou la Ligue des Pays d’Afrique Noire. A l’instar de l’Union du Maghreb arabe (UMA) pour l’Afrique du Nord …. L’Afrique étant, qu’on le veuille ou non désormais plurielle depuis bien des millénaires. 

Par Marcus Boni Teiga

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