En Espagne, à Séville, la capitale de la Comunauté autonome de l’Andalousie, se trouve un musée dénommé Museo de Música Africana (Musée de la musique africaine) Mine de rien, il s’agit d’un musée dont la collection ferait pâlir d’envie bien des musées africains du genre. Découverte.
Le Museo de Música Africana (Musée de la musique africaine) est l’un des musées les plus importants au monde dédié à la musique traditionnelle africaine. Il compte plus de 500 pièces originales représentatives de diverses ethnies et cultures musicales utilisées dans leurs rites, coutumes, folklore...des peuples d’Afrique. La visite s’y fait avec la documentation qui accompagne les différents instruments de musique et autres objets afférents des peuples d’Afrique.
Ouvert au grand public le jeudi de 17h00 à 21h00 pour une entrée qui coûte 5 €, les visiteurs ont droit à une visite guidée et organisée par le personnel sur la riche collection dont le musée dispose. Pour peu que les visiteurs soient chanceux, en fonction du temps, il n’est jamais exclu qu’elle s’achève par quelques exercices de percussions africaines. Une plongée dans les rythmes africains.
Il y a plus de 20 ans que le Museo de Música Africana de Séville organise des expositions, des ateliers itinérants dans les provinces espagnoles et dans bien d'autres pays d’Europe pour faire connaître et partager la musique africaine traditionnelle en particulier. Ces événements sont souvent tenus dans des lieux publics ou privés. Leur objectif principal est d'élargir la diffusion et la connaissance de la diversité et de la richesse de la culture africaine, en y associant des ateliers, concerts, conférences et autres événements.
A l’origine de cet ambition projet, il y a Javier Ballesteros et Javier Ruibal qui ont créé il y a quelques années l’Asociación Cultura y Cooperación con África "El Gulmu" (Association culturelle et de coopération avec l’Afrique « Le Gulmu ». Une initiative prise en partenariat avec des amis du Burkina Faso, ce qui a permis à ladite association de mettre en place la « Maison des Musiques et Danses Traditionnelles » dans le Sud-Est du Burkina Faso connue par le nom « Le Gulmu ». Cette maison a été érigée plus précisément dans la ville de Fada N´Gourma, capitale de la région du Pays Gourma. Depuis, plusieurs autres personnes ont rejoint cette initiative, y compris des musiciens et compositeurs africains, ainsi que de nombreuses universités et autres entités prestigieuses en vue de la conservation du riche patrimoine historique qu’enseignent les instruments de musique africaine. Ainsi, l’Association, à travers la signature d'un accord avec l'Université de Séville, travaille de concert sur des projets, notamment pour l'élaboration d'un projet visant à déclarer la musique traditionnelle africaine comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Une œuvre de longue haleine afin de reconnaître le caractère éminemment très important de la musique africaine à l'intérieur et à l'extérieur du continent africain.
Un patrimoine pas seulement africain, mais universel
« La tradition orale de la musique, de l'art et de la littérature africaine rend nécessaire le sauvetage et l'étude approfondie des quelques sources documentaires qui existent. Nous sommes face à un patrimoine vivant, symbole d'une culture et de ses habitants, qu'il est urgent non seulement de connaître en profondeur mais aussi de protéger et de préserver pour les générations futures ».
Qu’il s’agisse de Javier Ballesteros et de Javier Ruibal de Asociación Cultura y Cooperación con África "El Gulmu" (Association culturelle et de coopération avec l’Afrique « Le Gulmu » ou de Diego Gracia de la Concha et de Eva Lainsa de Tomás de l’Université de Séville ou encore de Carlos Pino de Tierra Percusión, tous s’accordent sur l’importance du patrimoine musical africain et de sa sauvegarde. Leurs propos et leurs démarches s’inscrivent dans une nouvelle approche de la sauvegarde et de la diffusion du Patrimoine de l’Humanité. C’est une approche plus universaliste qui fait qu’un patrimoine du fin fond de la forêt amazonienne ou de l’Afrique mérite tout aussi en Europe, en Asie ou aux Amériques la plus grande sollicitude que le sien propre, et inversement, en ce qu’aucun bien culturel ne saurait être la propriété d’une tribu, d’une ethnie, d’un peuple ou d’un continent. C’est un Patrimoine de l’Humanité. Autant dire que le combat de Asociación Cultura y Cooperación con África "El Gulmu" mérite d’être soutenu ou partagé. Il s’agit d’inspirer une nouvelle forme de coopération non seulement entre l’Espagne et l’Afrique mais aussi entre l’Europe et l’Afrique. Et, l’Andalousie ne doit jamais oublier qu’elle est non seulement un pont entre l’Afrique et l’Espagne mais également entre l’Afrique et l’Europe, voire le monde. En effet, dans le monde actuel, il s’avère non seulement important mais urgent dorénavant de loger la Culture à la même enseigne que l’Environnement et d’élever les questions y afférentes au rang de préoccupations qui outrepassent largement les frontières nationales ou internationales. Montesquieu ne s’y était pas trompé lorsqu’il a dit : « Ce ne sont pas seulement les liens du sang qui forment la parenté mais aussi ceux du Cœur et de l’Intelligence ».
Par Marcus Boni Teiga