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COLOMBIE/HISTOIRE: San Basilio de Palenque, un patrimoine immatériel de l'UNESCO tout à fait exceptionnel

Située au Nord de la Colombie, à 60 km environ de Carthagène des Indes, Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque est une cité dans les contreforts des Montes de María. Depuis sa proclamation en 2005 par l’UNESCO en tant que « chef-d'œuvre du Patrimoine Oral et Immatériel de l'Humanité », elle ne cesse d’attirer des touristes de par le monde. En effet, il y a bien des raisons d’y aller pour les curieux. En voici quelques-unes.

1 – La première ville libre d'Amérique
Benkos Biohó
, un esclave africain originaire de Guinée-Bissau et rameur sur le fleuve Magdalena, est le fondateur de Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque. En 1599, avec quelques compagnons, il organise l’évasion et la rébellion dans les Montes de Maria, au Sud de Carthagène des Indes. Après des harcèlements contre les troupes espagnoles, ils parviennent à s’emparer des montagnes de la Sierra Maria. Ils grossissent leurs rangs et poursuivent leurs combats à telle enseigne qu’ils finissent par imposer la signature en 1605 d’un traité de paix avec le Gouverneur de Carthagène. En échange, il leur offre un territoire qui va devenir Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque.
Situé à exactement 55 kilomètres de Carthagène des Indes et à 5 kilomètres de l’embranchement routier en direction de Sincelejo et à l’intérieur du pays, Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque fut l’un des premiers d'Amérique à obtenir sa liberté. Esclaves rebelles, c’est à la suite d’une longue guérilla qu’ils parvinrent à obtenir cette liberté en 1603, au coeur de la forêt amazonienne.

Le héros de la guerre de résistance Benkos Biohó est officiellement reconnu en tant que chef du Palenque de La Matuna par le Vice-roi d'Espagne plus soucieux de rétablir l’ordre que de continuer à sacrifier ses hommes. Malheureusement, à la suite de ce dernier, le nouveau Gouverneur promu en 1621 va user de ruse pour le faire prisonnier et ensuite le pendre écartelé sur la place publique le 16 mars 1621.

2 – Les origines des Esclaves
Les esclaves qui ont décidé de devenir des marrons en se révoltant étaient originaires en grande partie de l’Afrique de l’Ouest. A l’exception du Congo en Afrique centrale, les pays d’origines des esclaves sont : la Guinée-Bissau, le Sénégal, le Nigeria. 

3 – Une culture atypique
Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque est, en quelque sorte, l’éloge du Métissage et de la Résistance tout en essayant de ne jamais oublié son Histoire et ses Racines. Le fait que pendant quasiment quatre siècles, les Palenqueros aient vécu reclus dans les contreforts des Montes de María, leur a permis de sauvegarder et de perpétuer les fondements d’une culture d’origine que certains pays africains ont fini par perdre du fait de la Colonisation. Et c’est ce qui fait l’originalité de leur héritage africain qui est resté presque inchangé pour certains aspects de leur culture. Cela s’en ressent à travers les arts, la musique, la gastronomie, etc.

4 – Une lange exceptionnelle : Le Palenquerou ou El Palenquero
Les Palenqueros sont restés avec leurs anciennes us et coutumes africaines, même si leur langue, quant à elle, demeure un sacré métissage. Elle est faite de mots en Espagnol, en Portugais, en Allemand et en Langues Nigéro-Congolaises à l’instar du Kimbundu et du Kikongo.

5 –  De la Résistance à la fabrique des Champions de Boxe
Y a-t-il un lien entre la Résistance des ancêtres des Afro-Colombiens de Palenque et leur combativité. On est plutôt tenté à le croire au regard des résultats sportifs dans cette discipline de cette petite cité. On compte au moins quatre champions du monde de boxe qui sont originaires de Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque. Il s’agit notamment des frères Ricardo, Prudencio Cardona et Antonio Cervantes.

6 – Une fierté africaine en Amérique Latine
Les Palenqueros font partie des Noirs qui revendiquent avec une grande fierté leurs racines africaines en Amérique Latine. Tout en se sentant aussi partie intégrante de la Colombie multiculturelle, ils aspirent à autonomie administrative et politique. Depuis 1993, la législation colombienne reconnaît des droits spécifiques aux communautés d’afro-descendants. Mais ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin et revendiquent la même autonomie que celle des autres communautés indigènes.

Par Tcha Sakaro

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