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TRIBUNE: « Indépendance Day » en Afrique, le cirque de trop

Plus de six décennies après leur accession à la souveraineté nationale et internationale, des pays africains continuent de chanter et danser « Indépendance Cha Cha ». La propension à la célébration de cet évènement, loin du rappel mémoriel, se heurte à bien de réalités.

Tel dans un état d’accoutumance, chaque année c’est le même scénario, au motif de célébrer l’accession à la souveraineté nationale et internationale. Des pans entiers de mobilité sont réduits, des investissements consentis pour le faste d’un jour ; des hommes en uniforme mobilisés et l’heure est à la célébration.

Avec du recul, on pourrait se demander ce qu’en ont véritablement fait de leur indépendance des Etats africains, autrefois soumis à la colonisation ?

Les récits de cette époque qui a suivi une autre pas du tout gaie de 400 ans de traite négrière, sans oublier ce volet que l’histoire n’évoque pas souvent, l’esclavage arabe notamment, ne laisse pas du tout de marbre.  Un peuple sonné de toute part, dans le temps et l’espace,  tenu en laisse, voir conditionné à des perfusions géopolitiques, qui peine à se réveiller d’un état comateux entre rêve et réalité.

Des témoignages et autres récits d’anthropologie, d’histoire et articles de presse en témoignent et il ne s’agit pas de narrations à dormir debout, mais plutôt de vécus. Des faits existentiels qui ont marqués et continueront de marquer plus d’un, tant leurs évocations donnent la chair de poule que les conteurs en sont presque en transe. Curieusement, au-delà de la fierté de l’autodétermination, il y a plus urgent, puisque le temps passe.

Soixante ans dans la vie d’un humain c’est beaucoup, même si dans la vie d’une Nation c’est si insignifiant, quoique, très important pour tracer de nouveaux horizons.

D’où la nécessité de repenser tout ceci, en commençant par ce mimétisme que laisse ces célébrations du « Indépendance Day ». Loin du rappel mémoriel, mais surtout d’ajustement des gouvernails pour une véritable autodétermination. Le tableau que présente nombre d’Etats étant loin de celui escompté, pour des entités qui se réclament de souverain.

De grands rendez-vous de l’histoire ratés

De façon classique, un Etat, c’est un Territoire une Population et un Gouvernement. Cependant, plusieurs éléments lui permettent d’affirmer sa souveraineté, en dépit des accords internationaux sur papier.  A l’épreuve de la réalité, dans des pays où tout est de l’ordre de l’urgence, comme c’est le cas de nombre de pays en Afrique, notamment au sud du Sahara, on devait éviter de verser dans du mimétisme ou la bombance, dans un monde où les enjeux sont de plus en plus grands au quotidien, et les défis de taille.

Hormis la souveraineté octroyée qui ne devait être une limite à se réinventer, la célébration de cette accession à ce statut mérite d’être repensée dans son entièreté.

Outre les aménagements cosmétiques de changement de date de célébration pour certains et de nom pour d’autres Etats, la réalité est là enchainée au pied tel un boulet.

L’Afrique est l’un des continents les plus gratifiés de la planète en ressources naturelles qu’humaines. Qu’il s’agisse du sous-sol de la faune et de la flore, le continent est bien pourvu, qu’il devrait pouvoir s’affirmer au mieux.

Les proportions congrues de terre fait État suite à la colonisation, dont parfois cette fragilité géographique empêche le plein épanouissement, devront y trouver des raisons pour sauter ces barrières, au risque de périr par simple ego de souveraineté sur papier.

Tout de même, sur ce même continent, de pays disposant de grands espaces géographiques, et/ou dotés de ressources naturelles, voir qualifiés de « scandale géologique » ne se sont pas révélés autrement qu’on est en droit de penser que le véritable problème est ailleurs. Notamment, plutôt à la capacité à penser l’avenir et s’inscrire du bon côté des rendez-vous de l’histoire.

La matière première prenant de la valeur une fois produit fini, dix fois plus, voir même au-delà. A l’ère de la technologie, où en sont les pays africains ?

Des parades comme autodétermination

La répétions est pédagogique enseigne les pédagogues. Mais répéter les mêmes travers semble de l’égarement.

Quelques instants après la proclamation des indépendances, déjà la mi-journée suivie du soir, d’un jour et d’un nouveau…

Qu’ont fait les Etats africains de la liberté ? Cette interrogation revient lorsque que les forces armées pour commémorer l’événement doivent défiler. Si tout s’y résume, ils auraient été les champions de la planète rien qu’à voir la beauté des parades.

Après plus de soixante ans d’indépendance, à ces belles parades militaires qu’offrent les forces armées, force est de constater que l’arsenal militaire est l’expression de la dépendance. Puisque, bien qu’acquis avec de gros moyens des Etats, il n’est pas toujours à la pointe des enjeux du moment, et le transfert de technologie n’est pas au rendez-vous.

Des sommes colossales de ressources y sont consentis chaque année, qu’on peut bien y voire une asphyxie des ressources des Etats, qui doivent affirmer leur souveraineté, mais à quel prix ?

Ne fabriquant ni armes, ni munitions, ils devront assurer l’intégrité de leur territoire.

Face aux défis actuels dont le terrorisme en Afrique de l’Ouest au Sahel et le incursions vers les pays côtiers, les pertes enregistrées sont assez expressives, au point d’emmener certains citoyens à se demander si sont nécessaires les parades militaires.

Des remises en cause  qui mettent en relief des velléités de souveraineté à supposer que du jour au lendemain une puissance militaire souhaite reprendre sous son joug un Etat aujourd’hui souverain, quel serait la capacité de résistance, et l’éventualité de pouvoir la contrer au point de la défaire ? Les résultats de la riposte au terrorisme permettent d’imaginer ce qu’il pouvait en être.

La plaie béante gangrénée

La facilité avec laquelle des bras valides d’Afrique de l’Ouest, après le triste épisode de la traite négrière vont périr en mer, désigné de « esclavage choisis »  pour aller travailler en occident au péril de leur vie en traversant  l’Atlantique dans des bateaux de fortune reste un camouflet.

Le rythme auquel les cerveaux ne voient l’avenir que hors du continent, bien qu’il soit utile d’aller acquérir des connaissances sous d’autres cieux, est inquiétant. Prêts à prendre le premier vol pour d’autres horizons avec l’espoir de revenir un jour mais quand, ils ne savent pas. La plupart du temps, ils ne reviendront peut-être pas.

Le délitement quotidien du patriotisme en lieu et place du gain, quand les faits de gabegie et de corruption sont légion, voir célébrés comme modèles de réussite, faisant un groupuscule de riches et une paupérisation de la masse, vient enfoncer le clou.

C’est dans cet environnement que des fléaux se développent. En résultat, ce sont des enfants du pays qui sont recrutés et retournés contre leurs frères au nom de l’endoctrinement et d’un mieux-être imaginaire que n’ont pu offrir les gouvernants.

Ce, pendant que les Nations dites modernes et puissantes cherchent au quotidien des moyens de renforcer le patriotisme en introduisant des programmes civiques et militaires dans les offres de formations des adolescents et jeunes.  Pendant qu’en Afrique des programmes de réarmement citoyens sont troqués contre le financement de programmes éducatifs suicidaires et autres mœurs décadentes.

Le cycle de l’absorption des ressources intellectuelles, humaines et naturelles de l’Afrique s’il n’est repensé pour fouetter le nationalisme, et une identité qui puisse chalenger le reste du monde, salut l’indépendance nominale, avec quelques ballets annuels comme lots de consolation, couronnés de sempiternels regrets.

Ce constat ne devrait laisser indifférent un continent ou une de ses régions où tout est à refaire ; au risque de demander après des années d’indépendance une recolonisation. Si ce n’est pas déjà en train d’être fait sous une forme douce, c’est que ce n’est pas loin. Sauf cas de sursaut pour changer la donne.

Si le flamboyant peut se parer de belles robes fleuries pour s’imposer au regard, « La force du baobab est dans ses racines », illustre un proverbe africain.

Par Ange Banouwin

Source : https://beninwebtv.com

Bénin Web TV (BENIN)

 

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