De suspense, il n’y en n’avait point. L’élection présidentielle rwandaise du 15 juillet 2024 s’est conclue par la victoire du Président sortant, Paul Kagame. Avec un score soviétique de 99,18% selon les résultats provisoires de la Commission nationale électorale (NEC). Si l’on ne s’attendait à aucune surprise pour ses adversaires qui l’ont accompagné, pour la forme, il ne leur a rien laissé en revanche. Même pas pour faire bonne figure.
Le 15 juillet dernier, le Rwanda a organisé son élection présidentielle, pour ainsi dire. Car l’issue de cette échéance électorale ne faisait aucun doute d’avance. Face au Président sortant Paul Kagame, il y avait deux adversaires, en l’occurrence Philippe Mpayimana et Frank Habizena, Rien d’étonnant : on prend les mêmes et on recommence. D’autant plus qu’il s’agit de ses mêmes adversaires que pour l’élection présidentielle de 2017. Mais en fait d’adversaires, il ne faudrait plutôt y voir en réalité que des accompagnants afin de donner à cette élection destinée à la Communauté internationale pour des raisons cosmétiques, un semblant de caractère pluraliste.
A en croire les résultats provisoires de la Commission nationale électorale (NEC), le Dicateur décomplexé de l’Afrique a remporté haut les mains, sans coup férir, l’élection présidentielle. Mieux, avec 99,18 % des suffrages, elle s’est révélée comme la présidentielle où Paul Kagame aura eu son meilleur score depuis 24 ans qu’il est au pouvoir au Rwanda. En effet, à la suite du génocide contre les Tutsi, ce dernier en a profité pour faire de son pays un territoire dont il est le maître absolu et incontesté. On pourrait même dire que le parti de Paul Kagame, le Front patriotique rwandais (FPR) et lui sont devenus les propriétaires du Rwanda. Tant et si bien que le pays fonctionne comme une Société privée. A l’image de son parti politique, du reste.
Obnubilés par des résultats économiques dont on vante ses acquis dans certains pays sans se poser des questions sur ce que le pays produit et exporte, les dirigeants rwandais veulent vendre l’image d’une Dictature qui fait des progrès en Afrique. Comme pour faire occulter la chape de plomb qui pèse sur les Rwandais, Tustsis et Hutus tous confondus. C’est dans cette logique que Paul Kagame avait, par exemple, signé au nom de son pays un accord avec le gouvernement du Parti Conservateur (Conservative Party) de l’ex-Premier ministre Rishi Sunak pour accueillir des migrants moyennant des compensations financières. Un accord de la honte sur les migrants décriés de toutes parts à travers le monde. Mais en dépit des levées de boucliers çà et là, l’accord connu sous le nom de « Safety of Rwanda Bill » avait été entériné en avril 2024 par le Parlement britannique. Bien que le Conseil de l’Europe, l’ONU et les associations humanitaires aient dénoncé le fait qu’il viole fondamentalement les droits humains. Dans cette affaire, le Rwanda de Paul Kagame aura gagné 280 millions d’euros, et le Royaume-Uni les aura perdus. Après la large victoire du Parti travailliste aux dernières Législatives du 4 juillet dernier, le nouveau Premier ministre Keir Starmer a annoncé l'abandon de l’accord qui prévoyait d’expulser les demandeurs d'asile vers le Rwanda. De son côté, le Rwanda ayant déjà prévenu dès le 9 juillet 2024 le nouveau gouvernement britannique qu’il ne prévoyait pas la restitution des fonds déjà versés par le Royaume-Uni.
Tout bien compris, le Rwanda n’est pas encore prêt de changer d’un point de vue politique avec Paul Kagame, le Dictateur décomplexé de l’Afrique. Depuis son accession au pouvoir, il s’est évertué minutieusement à tuer dans l’œuf toute velléité de contestation de son autorité. Au point de pourchasser partout et de liquider ses opposants à l’étranger, s’il le trouve opportun. Il faut donc s’attendre à un pouvoir à vie comme du temps des partis uniques en Afrique. N’en déplaise aux Rwandais qui ne partagent pas tous la vision du Dictateur décomplexé et de ses affidés au pouvoir.
Par Bill-Marc Tchankouinkou
