Communication Afrique Destinations

PORTRAIT/Olympe Bhêly-Quenum : Un écrivain dont l’œuvre traverse le temps

Monsieur Olympe Bhêly-Quenum

Garrigues Sainte-Eulalie a organisé une rencontre thématique en son honneur le 28 janvier 2022, avec la projection d’un reportage réalisé par le regretté Dominique Gallet, producteur-délégué du magazine Espace Francophone. Intitulé Olympe Bhêly-Quenum, un itinéraire initiatiquehttp://tvfrancophonie.org/h264/334-olympe-bhely-quenum-un-itineraire-initiatique

Cette projection a été suivie d'un débat sur les livres de l’auteur, son parcours ; tout cela en compagnie de son ami et voisin Daniel Voizot. A l’occasion de cet événement qui marquait les noces de diamant de son roman Un piège sans fin, il s’est agi ainsi de célébrer le grand écrivain d’origine béninoise et citoyen de cette cité de l’Arrondissement de Nîmes qu’est Olympe Bhêly-Quenum.

Né à Ouidah en 1926, c’est au Bénin (ex Dahomey) qu’Olympe Bhêly-Quenum fit ses Etudes primaires et son Certificat de fin d’études primaires élémentaires. Grâce à un séjour à Accra au Ghana (ex Gold Coast) qui lui permit d’apprendre l’anglais en tant qu’auditeur libre à Achimota Grammar School of Gold Coast, il réussit son concours de recrutement à John Walden de la firme Unilever à Cotonou. Cela lui servira de tremplin pour ensuite aller en France afin de poursuivre ses études.

Olympe Bhêly-Quenum fut d’abord le plus jeune aide-magasinier à John Walden à Cotonou. Premier lauréat de l’Académie de Caen au concours général des bourses Zellidja, il se pencha sur le « Rôle économique du palmier à huile en Afrique occidentale française (A.O.F.) ». Il a su se réaliser à la force du poignet. En travaillant à la réalisation de ses ambitions : passer ses diplômes, travailler, rester libre.

Quand on demande à Olympe Bhêly-Quenum qui est devenu un grand écrivain dont l’œuvre est intemporelle pourquoi il n’a pas encore une rue ou une école, un bâtiment ou un monument dédié en son nom dans son pays, le Bénin, il vous répond comme il sait si bien le faire :  « Si vous vouliez me faire rire, banco ! Je m'en fiche absolument de ces considérations. Vous avez écrit notamment : Un piège sans fin (roman, édit Stock, Paris, 1960, traduit en anglais et en slovène), 6 éditions aux éditions Présence africaine, Paris, Le Chant du lac, édit. Présence africaine, Paris, 1965 (traduit en russe et en tchèque, - vous oubliez et j'y tiens : des chapitres en sont traduits en grec — adapté et joué sur France Culture) — à Nevers aussi : à Espace François Mitterrand -, Liaison d'un été (Édit. Sagerep, Paris, 1968 : recueil de nouvelles, dont certaines sont traduites en plusieurs langues ; cet ouvrage contient le texte de ma rencontre avec André Breton, en 1949), Un enfant d’Afrique (édit. Larousse, Paris, 1970 ; traduit en russe ; roman pour faire connaître aux jeunes l'éducation et la vie dans l'Afrique traditionnelle) ; nouvelle édition (Poche Présence Africaine), L'Initié, roman, édit. Présence africaine, 1979, Les Appels du vodou, roman basé sur le fonctionnement d'un rituel Vodou (édit. L'Harmattan, Paris, 1994 ; nouvelle édition : Phœnix Afrique), La Naissance d'Abikou (L'enfant qui parle dans le ventre de sa mère) (édit. Phoenix Afrique, Bénin, 1998) ». 

Monsieur Olympe Bhêly-Quenum lors de son 90ème anniversaire (Photo Jean-Gilles QUENUM)
Monsieur Olympe Bhêly-Quenum
lors de son 90ème anniversaire
(Photo Jean-Gilles QUENUM)

A propos de son œuvre, il vous renvoie à certaines de ses publications, non sans vous avertir d’avance que chaque livre a sa vie. Même s’il est plutôt connu par la plus grande majorité des Africains comme un écrivain, force est de rappeler que l’homme de lettres a aussi fait des études de Socio-Anthropologie. « Homme de lettres », en effet, et de mentionner ceci : « le très regretté Président François Mitterrand fut le premier à m'avoir qualifié d'homme de lettres dans une lettre signée François Mitterrand. Écrivain, eu égard à ma formation en anthropologie sociale et culturelle, c'est sur le terrain objectif que j'appréhende vite et mieux ce que Bergson a nommé les données immédiates de la conscience. Ainsi l'anthropologie ne quitte jamais l'homme de lettres qui aime le terrain objectif où il capte les réalités, sonde leurs profondeurs : comme dans une lutte africaine ou grecque, j'aime le corps à corps. Il faudrait lire La naissance d'Abikou, mais aussi : As-tu vu Kokolie ? »

Tandis que sur certaines publications, on lui prête la création de La Vie africaine et  de L’Afrique actuelle, Olympe Bhêly-Quenum clarifie les choses et précise à ce propos : « Je n'ai pas créé La Vie africaine ; j'en ai été d'abord simple collaborateur ; Gabriel D'Arboussier m'a proposé d'en devenir Directeur/ Rédacteur en chef quand surgissaient des problèmes politiques complexes du côté du ministère de la Coopération française. Après une longue semaine de réflexion, j'ai décidé d'être Actionnaire ou rien.  Gabriel cria : Bravo ! Olympe, on dine chez..." Je n'en dirai pas plus ».

Olympe Bhêly-Quenum est venu en France en 1948 (cf. fichiers joints Un document rare 1948, le voyage est évoqué dans mon étude sur Pouchkine cf. www.obhelyquenum.com ) ; selon le Jugement supplétif qui servait d'acte d'état civil pour les colonisés, il avait 20 ans; chrétien catholique baptisé (cf. Archives du Grand Séminaire de Ouidah).  Olympe Bhêly-Quenum naquit le 20 septembre 1926 à Ouidah; pas à Cotonou; il avait donc 22 ans quand il arriva en France, à ses frais: sans rien devoir à personne. Il avait travaillé à John Walkden qui relevait de la firme Unilever alors UK et Suisse; et était alors propriétaire d'une maison dans un enclos de 750 m2 à Cotonou. Pour venir en France, il n'était ni boursier du Dahomey, ni celui de la France. L'indépendance économique était déjà la clef de voûte de sa vie.

En dépit des longues années qu’il a passées en France, l’auteur de l’emblématique roman devenu depuis un classique en Afrique, en l’occurrence Un piège sans fin, ne s’est jamais senti déraciné de son pays natal. Et de confier : « Croyez-moi : marié, père de famille, 12 fois grand-père, 20 fois arrière-grand-père, je ne me sens jamais essouché, déraciné de ma terre natale, encore moins de Gléxwé -Ouidah- : un Amour inouï On s'en aperçoit dans Les Appels du Vodún »

Le mot est lâché : Vodún. Ce mot devenu une sorte de marqueur pour le Bénin, une sorte d’identifiant. Le Bénin est ainsi considéré, à travers le monde, comme le « Berceau du Vodún ». Mais peu de gens savent en réalité le définir, au point que beaucoup lui prêtent par ignorance une connotation négative ou l’assimilant à la Sorcellerie. Quand bien même la pratique du Vodún a dépassé les frontières béninoises, voire ouest-africaines, pour aller au-delà de l’Afrique et concerner des espaces comme l’Amérique Latine : Brésil, Cuba pour ne citer que ceux-là à l’international. 

Mais qu’est-ce donc que le Vodún ? Et Olympe Bhêly-Quenum de répondre: « Vastes problèmes ! ». Et de poursuivre : « Essentiellement Vodún est culte et culture ; je dirais mieux : Essentiellement Vodún est autant culte que culture ; le rituel en est implacable dont l'ignorance ou la méconnaissance pose de graves problèmes et des déviations ; le vodún exporté est adapté à la conception et à la compréhension qu'en font les gens du pays. Tonton Macoute en Haïti n'a rien à voir avec le vodún au Bénin ». 

Par Marcus Boni Teiga - Copyright © Olympe BHÊLY-QUENUM. Garrigues-Ste-Eulalie, 23/03/2

Ajouter un commentaire

Le code langue du commentaire.

HTML restreint

  • Vous pouvez aligner les images (data-align="center"), mais également les vidéos, citations, etc.
  • Vous pouvez légender les images (data-align="center"), mais également les vidéos, citations, etc.
Communication Afrique Destinations