L’histoire se passe à Parakou au mois de novembre 2005. Le président de la Cour d’appel, de retour d’une mission à Cotonou, a été retrouvé sans vie, le 7 novembre 2005, dans son propre véhicule garé au bord d’un pavé au quartier Zongo II à Parakou.
Immédiatement après, une commission d’enquête a été constituée et l’enquête sur ce décès a été entamée. Plusieurs témoins ont été entendus. Certains ont été même arrêtés. En clair, c’est l’ensemble du milieu économique et municipal de Parakou qui a été ébranlé. Cette procédure a duré des années, dix précisément à l’issue desquelles la justice béninoise a respectivement acquitté tous les accusés faute de preuves ou au bénéfice du doute, à l’exception du cuisinier du défunt qui a été, dès le début, suspecté d’être dans le coup et a reconnu les faits.
Claude Urbain Plagbéto, journaliste à ‘’La Nation’’, a suivi dix ans plus tard le déroulement du procès dont il a rendu compte au quotidien. Le verdict : pas de commanditaire, pas d’assassins mais juste un complice.
Evidemment, même respectueux de leur justice, les Béninois ne peuvent se contenter d’un tel verdict, étant donné qu’il y a une victime concrète. C’est dans le souci de remplir jusqu’au bout sa mission d’informateur que ce journaliste jeune mais déjà très expérimenté a décidé d’initier ses propres investigations et d’en rendre compte. Ce compte-rendu sera présenté le 26 novembre 2016 à la Maison des médias Thomas Mègnassan de Cotonou, à travers le lancement de son livre intitulé : « L’AFFAIRE COOVI : Chronique d’un procès au goût d’inachevé », un ouvrage de 450 pages paru aux éditions Manitou.
La première remarque à noter dans ce livre, c’est qu’il ne nous dit pas davantage qui a tué le juge Coovi. En revanche, il présente tout le mécanisme consciemment ou inconsciemment, volontairement ou non mis en œuvre pour aboutir à ce cul de sac. Tout se passe comme si le juge Sévérin Coovi était un élément gênant dont il fallait se débarrasser, même mort. Une commission d’enquête mise sur pied qui n’était pas sous la houlette d’un juge d’instruction, cinq juges d’instruction respectifs retenant un même mobile : la gestion du marché Arzèkè de Parakou.
Des témoins citant d’autres témoins y compris dans la police, dans la gendarmerie ou dans la municipalité de Parakou. Certains ne seront jamais entendus. Des déclarations contradictoires, des preuves qui ne seront jamais vérifiées : empreintes, appelés téléphoniques, bref toute une conspiration de la justice contre a justice. Ce sont les résultats de ce genre d’investigation qui nous interpelle. Nous avons pris conscience de la théorie du baquet au sein du pouvoir. Les pouvoirs s’équivalent du point de vue de leur interaction mais aussi de la valeur de leur service pour la nation.
Une justice si libre soit-elle, si intègre soit-elle, si indépendante soit-elle, ne peut être efficace si les autres pouvoirs de la République n’œuvrent simultanément pour un même objectif : l’égalité des citoyens. En d’autres termes, si le pouvoir judiciaire au bout de dix ans de procédure, n’a pas réussi à nous dire qui a tué Sévérin Coovi, c’est certainement parce que les autres maillons de la démocratie ont quelques faiblesses. C’est à réduire ces faiblesses au sein du 4e pouvoir que Claude Urbain Plagbéto a cru devoir consacrer son livre méthodiquement construit comme une chronique, s’est donné comme objectif et sans autre prétention d’informer.
L’issue du procès est de se poser les vraies et bonnes questions afin de rendre justice à l’âme du juge. Peut-être alors un jour, un individu plus lucide peut déterminer à rouvrir ce dossier et à ce moment-là, nous aurions qui a tué le premier président de la Cour d’appel de Parakou.
« L’AFFAIRE COOVI : Chronique d’un procès au goût d’inachevé » de Claude Urbain PLAGBETO
Disponible dans les librairies Notre Dame et Rachel à Cotonou
et au siège de ‘’La Nation’’ (ONIP) Cotonou
Tél. : +229 97 24 50 96
Par C. A.