Le célèbre écrivain sud africain, André Brink, s’est éteint à l’âge de 79 ans chez lui, en Afrique du Sud, le 7 février 2015. Outre sa brillante carrière littéraire, il était l’un de ces merles blancs dans une Afrique du Sud sous le joug de l’Apartheid. Hommage à l’homme de lettres multi-facettes mais aussi au combattant humaniste.
Il a tiré sa révérence le 7 février 2015 : le grand André Brink. L’auteur d’Une saison blanche et sèche (1980) nous a quittés, mais en nous laissant une œuvre monumentale qui en dit long à la fois sur la grandeur d’âme de l’homme et sur son immense talent.
Né en 1935 dans l’Etat libre de l’Orange, André Brink est un métissage de colons d’origine danoise et hollandaise. Son père fut magistrat et le jeune André Brink ne va pas tarder à se rendre compte des réalités brutales de la société dans laquelle il se trouvait. Et plus tard, il prendra résolument ses distances avec la ségrégation entre Noirs et Blancs. Cette conscience, il se la forgea en effet définitivement lorsqu’il vint poursuivre ses études à la Sorbonne, à Paris, en France entre 1959 et 1961. André Brink se rendit compte qu’ici en France, les étudiants Noirs étaient traités sur un même pied d’égalité que les Blancs. Il y étudiait alors la littérature comparée, après ses deux licences en Afrikaans et en Anglais et un diplôme d’aptitude à l’enseignement.
Le fils de magistrat qui croyait que son père représentait ce qu’il y a de plus juste et de bien au monde, prendra définitivement ses distances avec le système inique d’Apartheid du jour où il se rendit compte qu’il s’était trompé sur la justice de son père. Et que cette justice-là n’était seulement qu’au service de l’Apartheid, et par conséquent des Blancs. C’est ce qui fera la grandeur d’âme et tout l’humanisme d’André Brink.
Quant à sa vocation littéraire, elle était orientée dès le départ par son cursus. Sa passion pour les langues n’était point un secret pour personne. Et l’écrivain se doubla aussi d’un autre talent de traducteur. Il a traduisit en Afrikaans notamment Shakespeare, Saint-Exupéry, Albert Camus, Marguerite Duras, Cervantes, Georges Simenon, Lewis Carroll. Mais son œuvre a été traduite en une trentaine de langues.
Longtemps victime de la censure en Afrique du Sud, André Brink a fini par acquérir une notoriété internationale qui en fait aujourd’hui l’un des écrivains du pays les plus en vue dans le monde. Entre autres distinctions, il est lauréat du Central News Agency Literary Award (Plus important prix littéraire sud-africain), Prix de traduction de l'Académie sud-africaine des sciences et des arts, second nommé pour le Booker Prize (équivalent anglais du Prix Goncourt), Prix Médicis étranger pour Une saison blanche et sèche et Martin Luther King Memorial Prize. Ce fut en effet ce dernier livre censuré par le régime d’Apartheid qui contribua largement à sa reconnaissance internationale.
Avec sa disparition, l’Afrique du Sud et plus généralement l’Afrique perd ainsi l’un de ses grands hommes qui méritent amplement d’entrer dans la conscience des générations futures et les annales de la postérité.
Par Abdul Yazid