Dans TRIBUNE : La Négritude au secours de l’Afropéanité (Première Partie) : https://www.afriquedestinations.com/fr/tribune-la-negritude-au-secours-de-lafropeanite-premiere-partie publiée dans AFRIQUE Destinations, le Professeur Kalamba Nsapo Directeur de recherche à l’INADEP Faculté universitaire de théologie protestante de Bruxelles Centre de recherche CARES écrit :
« Avant la naissance du français et de l’anglais, on connaît l’usage de l’expression Nigra sum tirée du Cantique des Cantiques. Et Nigra et formosa est un titre d’Isis. Au XIXè siècle, certains égyptologues rendaient le nom de Kemet ou Egypte antique par Nigritie ou Niger. Puis vint le temps de la colonisation. On commença à se débarrasser des traductions latines. L’ancien Nigritie ou Niger porta exclusivement le nom d’Egypte. Au vu de ce qui précède, Negro se révèle être un mot qui existait avant l’existence ou l’émergence historique des Belges, des Français, des Anglais, des Espagnols, des Portugais, des Allemands, etc. Le terme est neutre et positif par rapport à « black » ou « noir » (Africamaat 2005). La négritude qui lui est apparentée devrait-elle être une réalité figée, de nature essentialiste, incapable de contribuer à la renaissance de l’Afrique ? D’aucuns le pensent”.
Il s’avère important pour moi de m’appesantir sur l’origine du nom NIGER qui découle de la même racine que celui de NIGERIA. Et de dire haut et fort que je récuse les explications étymologiques jusque-là proposées par les uns et les autres. Lesquelles, à mon avis, manquent de consistance aussi bien point de vue historique que linguistique.
Dans son article intitulé, Jeune Afrique écrit « Niger, en latin, signifie « noir ». En découlent, dans toutes les langues européennes, les mots tournant autour de cette couleur, y compris pour évoquer les hommes qualifiés de noirs. Le negro et le nigger (« nègre ») des Américains ont la même étymologie.
Certes, les Romains parlent de Nigritae pour évoquer les Africains noirs. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, le nom du fleuve qui coule entre la Guinée et le Nigeria, en passant par le Mali et le Niger, n’a pas la même origine.
Les Touaregs, le considérant comme le cours d’eau par excellence, l’avaient de longue date baptisé egerou n-igerou, « le fleuve des fleuves » en berbère. Les Arabes reprirent cette expression, la traduisant en nahr al-nahr. La confusion vient du géographe Léon l’Africain qui, dans sa Description de l’Afrique (1526), a confondu le niger latin et le n-igerou berbère ».
Wikipédia, pour sa part, écrit : « (Date à préciser) Du latin Niger ou Nigris ; le nom du fleuve est probablement issu d’une langue sémitique et de la racine *nghr (« fleuve »), comparez avec l’arabe نهر nahr, l’hébreu נהרא nahrā’. »
Dans son article intitulé Ce que signifient les noms des pays d’Afrique [3/4: de M à S] (https://www.rfi.fr/fr/afrique/20190711-noms-pays-afrique-origine-signification-madagascar-sao-tome-principe) , Radio France Internationale (RFI) écrit : « Niger / Nigeria
Le fleuve Niger, Djoliba en mandingue, est l’un des plus importants du Sahel et d’Afrique – le troisième en longueur après le Nil et le Congo. Son nom viendrait de n’eghirren, « eaux qui coulent » en tamasheq, la langue touarègue. Il a donné son nom aux actuels Niger et Nigeria, sans rapport avec le latin niger, « noir », par ailleurs racine du mot « nègre ».
En Nubien ancien, le Noir est associé de manière intrinsèque au Charbon. Mais il l'est tout aussi à l'Eau, à travers non seulement les Nuages mais également l'Eau qui coule abondamment. Enfin, pour être plus précis, le Noir est tout autant la couleur du Charbon que des Nuages dans le langage métaphorique des Initiés qui sera connu plus tard par Mdw Ntr (Médou Nétjer) - Paroles de Dieu ou Saintes Ecritures ou encore Ecritures Divines dans l’Egypte pharaonique.
Contrairement ce que l’on en a dit et cru à ce propos, le mot ancien qui désigne le Noir est intimement lié à l’Eau et par conséquent au Cours d’eau dans les anciennes Langues Nigéro-Congolaises (LNC). Et la racine fondamentale reste le Noun. Dans un de mes ouvrages j’ai expliqué ceci que NOUN-YERI = NIGER (Noun étant l’eau qui coule et Yeri le Champ ou le Passage ou l’Espace qu’elle emprunte). Le Noun du Nigeria et le Noun du Cameroun ont la même origine sémantique tout comme d’ailleurs le Noun de la Vallée du Nil et tous les Noun des Langues Nigéro-Congolaises. Si Noun indique l’eau ou tout liquide qui coule, Nya est la préfixation pour spécifier qu’il s’agit de l’eau. D’où NYILO dont est tiré le mot NIL pour désigner le Fleuve comme je l’ai déjà expliqué à maintes reprises. La racine NI est d’ailleurs encore omniprésentes dans les Langues dites Gour d’Afrique de l’Ouest. NIKKI, la Capitale impériale des Baatombou du Bénin et du Nigeria, tient son nom de cette même racine qui indique l’eau de prime abord.
Les noms Niger et Nigeria ne proviennent pas des Touaregs ou du Berbère. Loin s’en faut. Il faudrait qu’on se le tienne pour dit. Les peuples qui ont occupé aussi bien le Noun du Cameroun que le Noun du Nigeria et qui ont ainsi baptisé ces espaces d’occupation sont des peuples de Langues Nigéro-Congolaises. Et c’est à eux que l’on doit les noms de Niger et de Nigeria aux pays qui les portent aujourd’hui.
Le nghr que l’on dit Sémitique n’est qu’Egyptien ancien et plus anciennement Nubien ancien, à y regarder de près. Ce qui revient à dire NOUNGOU-YERI. Il suffit d’invoquer le Vocabulaire comparé « égyptien ancien – pulaar4 », tiré de Aboubacry Moussa Lam, Les chemins du Nil : les relations entre l’Égypte ancienne et l’Afrique noire, Paris, Présence Africaine & Khepera, 1997. : http://www.ankhonline.com/langue_egytienne_pharaonique_lexique.pdf pour en établir l’évidence.
Nahouri est le nom d’une Province du Burkina Faso. Certains pourraient penser qu’il s’agirait d’une coïncidence avec le nom Hébreu. Aucune coïncidence. Les Hébreux étant partis de l’Egypte Antique ont emporté avec eux la culture et la langue de la Nubie antique via l’Egypte Antique. Je l’ai déjà rappelé dans une Lettre ouverte en 2023 au Premier ministre Benjamin Natanyahou d’Israël. En insistant que le nom NETANYAHOU est un nom authentiquement nubien, voire tribal, et qu’on ne peut pas le porter sans avoir de lointaines origines nubiennes. Dans la Nubie antique, c’est le nom que l’on attribuait systématiquement au Prêtre-Sacrificateur. Il est composé de NET –YA –NYAHOUN ou encore NOUN-YET-YA-NYAHOUN. Il en est aussi de même pour les noms des Patriarches qui sont fondamentalement nubiens. Il existe beaucoup d’érudits dans le monde juif dans tous les domaines pour avoir le courage de le reconnaître : les Anciens Hébreux étaient d’abord à l’origine un groupe d’Egyptiens Anciens. La Province de Nahouri au Burkina Faso est située dans le Berceau ancien des Nanoumba au Nord du Ghana.
Le Natemba dit aujourd’hui WAFA-YAHOUN pour le même nom. Tout simplement parce que dans le langage métaphorique des Anciens Initiés, WAFA (le Serpent ou le Dragon) veut dire NET ou NOUN-YET (le Fleuve ou le Cours d’eau).
Il convient de préciser que WAFA ou OUAFA est la forme elliptique de WA(NOUN)FA ou OUA(NOUN)FA et WA ou OUA est un autre synonyme de l’Eau (OUA ou WA = NYA) autant en Nubien Ancien que dans la langue des Natemba, c’est-à-dire le Nateni. Ces derniers qui sont un Peuple du Nord-Ouest du Bénin ont par ailleurs pour Cousins notamment les WASSANGARI ou OUASSANGARI du Nigeria et du Bénin avec lesquels ils partagent la même origine lointaine. Faut-il le rappeler encore, dans l’Egypte pharaonique, WA ou OUA est un concept appartenant au registre du Divin. Les concepts de OUADJOUR (le « Grand Vert ») qui est la personnification d’un milieu aquatique, de OUADJYT qui désigne la déesse Cobra (Serpent), de OUAS le symbole de la Puissance Divine et de OUASET qui est la personnification de la cité de Thèbes en disent suffisamment long à ce propos.
Il ne faut très certainement pas oublier que c’est dans le Noun du Nigeria que les Wassangari ou Proto-Mossi ou les Luo d’Afrique de l’Ouest de la migration plus connue sous le nom de Migration Kissira s’est scindée en deux groupes entre ceux qui s’y installaient définitivement et ceux qui continuaient la route pour aller s’installer, dans un premier temps, sur la rive gauche du Fleuve Niger à la hauteur de Niamey. Le nom Nigeria pourrait donc, par déduction logique, inhérent au fait que ces peuples qui s’appelaient eux-mêmes des NOUNMA ou NOUN-OMA = NUBIENS devraient considérer ce pays comme leur foyer ancestral NOUN-YERI-YA = NIGERIA. Le vocable YA étant associé à l’Antériorité, l’Ancêtre, l’Ancien, etc. quand il ne veut pas dire au premier degré: aller, lieu, se déplacer, etc. Ce sont les descendants de ces mêmes NOUNMA ou NOUN-OMA = NOUN-ON-BA = NOUNBA = NUBIENS que l’on connaîtra sous le nom de NA-NOUMBA au Nord du Ghana avant leur division en trois groupes ethniques autonomes plus tard et que l’on appelle aujourd’hui : Nanoumba, Mamproussi, Dagomba. NA étant le nom du charismatique leader et Prince qui conduisit le reste du groupe de migrants jusqu’à la rive gauche du Fleuve Niger à la hauteur de Niamey.
Mungo Park était un Explorateur britannique, d’origine écossaise, né à Fowlshiels en Écosse le 11 septembre 1771 et qui est décédé à Boussa au Nigeria en 1806. Dans le Chapitre V de Mungo Park : sa vie et ses voyages / H. Feuilleret (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5713244r/texteBrut), le célébrissime explorateur Mungo Park témoigne ainsi : « Au sud du grand désert du Sahara, du bassin du Nil à l'océan Atlantique et, pour ainsi dire, à travers toute l'Afrique, s'étend de l'est à l'ouest une bande de terrain d'une largeur moyenne de six cent cinquante kilomètres et d'une longueur de quatre mille six cents kilomètres, que l'on désigne sous le nom de Nigritie, et à laquelle les Arabes ont donné le nom de Soudan, et les indigènes celui de Takrour. Mais ces trois mots, si différents de forme, expriment la même contrée et veulent dire : LE PAYS DES NÈGRES. »
Mungo Park a eu à faire deux voyages en Afrique de l’Ouest. Durant le premier, à partir de 1795, il rapporte de précieux témoignages à l’African Association de Londres. Son ouvrage Travels in the Interior Districts of Africa; Performed under the Direction and Patronage of the African Association in the years 1795, 1796 and 1797, apporte un retentissement à ses missions d’explorations. Néanmoins la première expédition le laisse sur sa faim ou sa soif de connaissances à propos du Fleuve Niger : « Il est cependant très probable que le Niger fournit une communication sûre et facile à des nations très éloignées les unes des autres [...] [les] marchands eux-mêmes ignorent, ce me semble, où se termine le Niger [...] disant seulement qu’ils croient qu’il va au bout du monde ».
Pendant le second qui commence en 1803, il décide d’aller plus loin, là où personne d’autre avant lui n’avait encore réussi à aller sur le Fleuve Niger, à la recherche de ses sources. Et c’est Boussa, dans le territoire de ces fameux migrants Wassangari ou Proto-Mossi ou encore Luo d’Afrique de l’Ouest que l’on perdra ses traces. Il n’aura donc pas réussi à percer le mystère du Fleuve Niger, comme deux autres avant lui. En l’occurrence les nommés Houghton et Lucas. Entre la version selon laquelle il serait tombé dans une embuscade avec ses compagnons et celle d’une chute accidentelle dans les rapides du Fleuve Niger, la mort de Mungo Park reste toujours un mystère à ce jour.
Par Marcus Boni Teiga