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TRIBUNE/CAP-VERT - Le Tropics Business Summit à Praia : une semaine thérapeutique autour d’une Afrique belle, ambitieuse, féminine et créative 

Venicia Guinot, présidente du Tropics Group en compagnie des Premières dames du Cap-Vert, de la République démocratique du Congo, d'Angola et de la représentante de la Première dame de Guinée équatoriale. (Photo par Kidjo Photography)
Venicia Guinot, présidente du Tropics Group en compagnie des Premières dames du Cap-Vert, de la République démocratique du Congo, d'Angola et de la représentante de la Première dame de Guinée équatoriale. (Photo par Kidjo Photography)

Praia, capitale de l’archipel du Cap-Vert, officiellement Cabo Verde, sur l’île de Santiago. C’est sur le nouveau campus de l’Université du Cap-Vert, dans son grand et bel amphithéâtre, que des femmes et des hommes de différents horizons, venus de plusieurs régions du continent et de la diaspora, se sont succédé du 10 au 15 octobre dernier pour partager leurs projets, leurs engagements, leurs passions. Rencontre dédiée d’abord à la rencontre entre des entrepreneurs africains, des porteurs de projets, et des investisseurs, le Tropics Business Summit organisé par le Tropics Group, a tenu ses promesses. 

Cet événement éclectique met en relation des femmes et des hommes, pour une fois dans cet ordre, qui œuvrent dans des domaines extrêmement variés, et qui ont en commun une volonté de contribuer au progrès économique et social du continent, la recherche de l’excellence dans ce qu’elles et ils font, la certitude que les Africaines et les Africains, où qu’ils soient, n’ont aucun complexe par rapport aux autres, dans tous les corps de métier, dans tous les domaines. 

Le Cap-Vert est un pays que j’aime beaucoup, un de ceux sur lequel je manque sans doute un peu d’objectivité, de distance critique. Un pays dont l’un des aéroports, celui de Praia, porte le nom de Nelson Mandela, et un autre à Mindelo, celui de la diva Cesario Evora, ne peut qu’être spécial. C’est aussi l’un des deux pays qui porte la marque d’un des très grands Africains de ce dernier siècle, Amilcar Cabral. Alors le Cap-Vert est resté fidèle à cet héritage en étant un des pays africains les mieux gouvernés en Afrique. Ce pays, petit par sa taille et par sa population résidente, montre que nous pouvons créer les conditions pour une gouvernance démocratique plus vertueuse sur le continent, si on le veut vraiment. 

Je crois que ce n’est pas un hasard si c’est le pays où l’espérance de vie est la plus élevée en Afrique de l’Ouest et le septième sur le continent. On y vit généralement vieux en bonne santé. Probablement parce qu’on y mange bien, qu’on y boit de l’eau mais pas seulement… Probablement aussi parce que beaucoup nagent régulièrement dans la mer, ou font d’autres exercices physiques. Dans chaque quartier ou presque, des espaces dotés d’équipements sportifs simples et robustes sont disponibles pour petits et grands. C’est rare en Afrique de l’Ouest et même en Afrique. 

C’est un pays où il fait bon vivre même pendant les périodes difficiles sur le plan économique. La crise sanitaire a frappé fort ce pays très dépendant du tourisme et très dépendant des importations et des transferts de fonds de la diaspora, plus nombreuse que la population résidente. Lorsque la qualité de vie ne dépend pas seulement du confort matériel individuel, mais intègre toutes les autres dimensions qui donnent du sens à la vie au quotidien, même dans les temps difficiles sur le plan économique, la société résiste. Les sourires et les rires ne disparaissent pas. 

Table ronde sur la participation des femmes pendant le Tropics Business Summit à Praia. (Photo par Kidjo Photography)
Table ronde sur la participation des femmes pendant le Tropics Business Summit à Praia. (Photo par Kidjo Photography)

Le Tropics Group a eu le flair de choisir cet endroit entre mer et montagnes pour cette rencontre. Un choix qui est tout sauf celui de la facilité. Venir au Cap-Vert depuis l’Afrique du Sud, depuis la République du Congo, ou même depuis Abidjan, ce n’est pas si simple. Les vols disponibles ne sont pas nombreux et il est bien plus facile d’y arriver depuis une capitale européenne, via Lisbonne par exemple. Faire venir des dizaines de personnes pour une grande rencontre à Praia, et non pas dans une des capitales africaines les plus habituées à accueillir des rencontres internationales, c’était un choix courageux, un choix audacieux. 

Ce que j’ai rappelé à Praia, c’est que rien de ce que nous avons à faire sur le continent ne relève de la facilité. Nous devons même fuir les options les plus faciles parce que les défis que nous devons relever sur notre continent sont redoutables et exigent de nous de l’effort, de l’audace, l’ambition de faire ce que beaucoup pensent impossible à faire. Alors oui, ce ne fut pas une mince affaire de tenir le pari de l’organisation de cet événement à Praia. Le pari a été tenu. 

Ce que j’ai vu dans mes interactions avec Venicia Guinot qui dirige le Tropics Group, c’est la passion, la capacité de travail, la puissance de l’engagement pour l’Afrique, la flexibilité et la grande simplicité. Lors de nos échanges à distance, nous avions compris tous les deux très vite que nos engagements pour l’Afrique prenaient des formes différentes mais qu’ils étaient fondés sur les mêmes valeurs et les mêmes ambitions - des ambitions pour notre continent et la célébration de toutes celles et de tous ceux qui, connus ou inconnus, portaient des valeurs et des projets qui ne se limitaient pas à la recherche de gains personnels, de profits exclusifs. 

Tropics à Praia, ce fut aussi une formidable célébration de l’énergie transformatrice des femmes. Des femmes puissantes, brillantes, déterminées. Les Premières dames d’Angola, de la République démocratique du Congo, ont fait le déplacement sur l’invitation de leur homologue du Cabo Verde, Debora Katiza Carvalho, une femme au propos dense et engagé sur les difficultés économiques auxquelles font face ses concitoyennes et ses concitoyens, et sur le défi majeur de la protection de l’environnement, de la biodiversité, des splendides sites naturels de l’archipel.

Être à Praia fut thérapeutique : ce fut une rencontre avec des femmes et des hommes qui font l’Afrique d’aujourd’hui et celle de demain, des Africaines et Africains qui « font des choses» , les « Doers ». Une rencontre qui m’a changé des réunions, des conférences sur les conflits, les crises politiques, le terrorisme, les coups d’État. Ces crises font partie de la réalité incontestable du continent et une grande partie du travail de WATHI consiste à stimuler la réflexion et l’action collective pour sortir des chemins de crise et emprunter les chemins de la paix, de la cohésion et de la prospérité partagée. 

Gilles Yabi, le fondateur et directeur exécutif de WATHI. (Photo par Gilles Acogny)
Gilles Yabi, le fondateur et directeur exécutif de WATHI. (Photo par Gilles Acogny)

Mais la réalité du continent aujourd’hui, ce sont aussi des milliers de projets ambitieux portés par des entrepreneurs sûrs de leurs compétences mais modestes et disposés à continuer à apprendre tous les jours des autres, des entrepreneurs sociaux dont le moteur est d’abord de contribuer par leur business à créer de la valeur pour la société, à créer des emplois, à passer des savoir-faire aux plus jeunes, à offrir des modèles de réussite saine par le travail et l’intégrité, à la jeunesse. Cette Afrique-là bouillonne d’idées et d’actions et n’attend personne pour bouger. 

Notre rôle à nous est de rappeler que l’autre Afrique aussi doit bouger, celle des décideurs politiques qui doivent par exemple enfin créer les conditions pour qu’il ne soit pas aussi difficile et coûteux de se déplacer d’une ville à l’autre sur notre continent, même au sein de la même région. C’est parce que l’avenir se construira autant par les entrepreneurs, les investisseurs que par les penseurs, les chercheurs, les activistes, les analystes, les animateurs de la société civile, que la présence de WATHI à cette rencontre avait tout son sens. 

Les belles rencontres ont commencé dès la descente d’avion et se sont multipliées pendant toute la semaine. C’est exactement à cela que sert un événement comme celui-là. Casser des barrières, ouvrir les esprits, apprendre des autres et parfois commencer à faire quelque chose ensemble. Nos vies sont une suite de rencontres qui changent leurs trajectoires, les rectifient, les subliment. 

De Praia germeront des collaborations, de nouvelles idées, de nouvelles orientations, y compris pour WATHI. Je ne serais pas surpris que s’invitent davantage dans notre programme de travail des publications et des débats sur les arts culinaires, sur l’économie de la mode, sur les industries créatives et culturelles de manière générale. Changer le narratif sur notre continent, mais aussi changer la réalité de notre continent. Aux antipodes du choix de la facilité.

Par Gilles Yabi
Gilles Yabi est le fondateur et directeur exécutif de WATHI. Il oriente et supervise les activités du think tank dont l’équipe permanente est basée à Dakar (Sénégal). WATHI est une plateforme ouverte de production et de dissémination de connaissances et de propositions sur toutes les questions cruciales pour le présent et le futur de l’Afrique de l’Ouest et des autres régions du continent.

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