Ils sont nombreux, les pays où la polygamie est légalisée. On en trouve en Afrique, au Moyen-Orient et dans des pays d’Asie. Mais en Europe, en tout cas celle de l’Union européenne, elle est totalement interdite et l’on s’expose à des poursuites pénales si l’on veut la pratiquer. De même, il existe de nombreux pays dans le monde où l’excision des filles, si elle n’est pas légale, est tout au moins pratiquée au nom des traditions. En Europe toujours, quiconque se hasarde à la pratiquer sur une fillette s’expose à des peines de prison. Dans de nombreux pays en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, lors de la Tabaski appelée aussi « fête du mouton », ces animaux sont égorgés sur la place publique. Dans de nombreux pays européens, cette pratique est combattue par une partie de la population qui veut son interdiction.
Dans les pays musulmans, la consommation de l’alcool est interdite. Dans certains de ces pays, on s’expose même à être fouetté publiquement lorsqu’on est pris en train de consommer de l’alcool. Rappelons qu’il fut une époque où, aux Etats-Unis, la consommation de l’alcool fut aussi interdite. C’était le temps de « la prohibition », qui eut lieu de 1920 à 1933. Pendant cette période, un amendement à la constitution américaine interdisait la fabrication, le transport, la vente, l’importation et l’exportation de boissons alcoolisées.
Concernant l’homosexualité, elle est acceptée dans tous les pays européens et même le mariage entre homosexuels est autorisé. Aujourd’hui, en Europe, et singulièrement en France, tenir des propos qualifiés d’homophobes est punissable devant la loi. Et pourtant il n’en pas toujours été ainsi. En Grande Bretagne, à la fin du 19ème siècle, l’écrivain, Oscar Wilde fut condamné aux travaux forcés pour cause d’homosexualité. En France, c’est seulement en 1982 que l’homosexualité fut dépénalisée.
Il existe encore aujourd’hui de nombreux pays où l’homosexualité et la consommation de l’alcool sont interdites et punies par la loi. Le Qatar en fait partie. Chaque pays a donc ses mœurs et traditions qui évoluent en fonction de leurs dynamismes propres. D’où vient-il donc que des homosexuels et associations de défense des droits des homosexuels et transsexuels européens et américains veuillent aller manifester au Qatar pour réclamer de ce pays qu’il revienne sur sa législation ? Le Qatar a-t-il la même culture que l’Europe ? La culture de ce pays doit-elle évoluer à la même vitesse que celle de l’Europe ? Et pourquoi profiter de la Coupe du Monde de football pour aller formuler cette revendication ? Qui les oblige à aller au Qatar, pays dont ils connaissent tous la législation, alors qu’ils peuvent parfaitement regarder la Coupe du Monde à la télévision ? Qui pourrait se permettre d’aller en France ou en Allemagne manifester pour le droit des polygames ou pour réclamer le droit d’exciser sa fille ?
Le problème est que lorsque l’Europe, ou, de façon générale, le monde occidental, adopte une norme ou une pratique, en fonction de son évolution interne, elle estime qu’elle doit l’imposer au reste du monde. Parce que dans l’esprit de bon nombre d’Occidentaux, leur monde est celui de la lumière qui doit éclairer le reste de l’humanité. Lorsqu’ils traquaient les homosexuels, toute la terre devait en faire autant. Aujourd’hui, leur norme est l’acceptation de ceux que l’on appelle les LGBT, c’est-à-dire les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, à savoir les personnes ayant changé de sexe. Et naturellement toute la terre doit faire comme eux. Il n’y a pas longtemps, une des normes admises en Occident était que les êtres humains de couleur noire étaient destinés à être des esclaves. Et jusqu’en 1946, en Afrique coloniale française, les « indigènes » comme on appelait les habitants de ces pays étaient soumis au travail forcé et non rémunéré, c’est-à-dire à l’esclavage. Au nom de l’idée selon laquelle ces peup
les étaient inférieurs et sauvages, et, l’Occident, terre de la civilisation, avait le devoir de les domestiquer.
Lorsque chacun respecte la culture de l’autre, la paix et l’harmonie règnent. Mais lorsqu’une société estime que ses valeurs sont supérieures à celles des autres sociétés, cela crée un choc entre cultures qui débouche nécessairement sur des affrontements. Le terrorisme en Europe est né, peut-être en partie, de la volonté de certaines personnes d’imposer leur religion au reste de la terre. On ne saurait néanmoins exclure qu’il soit aussi alimenté par beaucoup de frustrations et de rancœurs, voire de haine, à l’égard de la société occidentale parce qu’elle se veut hégémonique et méprise toutes les autres.
Par Venance Konan