Mohamed Ben Salmane, le prince héritier et chef du gouvernement du royaume d’Arabie saoudite n’ira pas à Alger pour le sommet de la Ligue arabe. Il l’a annoncé par conversation téléphonique au président de l’Algérie. C’est déjà un problème pour Abdelmajid Tebboun qui voulait exploiter ce sommet pour construire sa légitimité. Mais ce n’est pas le plus grave.
La présidence algérienne : "Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu ce soir un appel téléphonique de son frère, Son Altesse le prince Mohammed Ben Salmane, prince héritier du Royaume frère d'Arabie saoudite, Premier ministre, dans lequel il a exprimé son regret de ne pas pouvoir assister au sommet de la Ligue arabe qui se tiendra le 1er novembre en Algérie ».
A ce stade, tout va bien, rien d’anormal ni d’inquiétant. Jusque-là, aucune indication sur les causes de cette absence. Ça ne va pas tarder puisque juste après, le communiqué de la république d'Algérie ajoute ces mots qui vont avoir de lourdes conséquences : « ... conformément aux recommandations des médecins qui lui déconseillent le voyage ».
Pour une personne normale, rien de grave, ça ne changera pas le monde.
Mais là, il s’agit du prince héritier et chef du gouvernement du royaume d’Arabie saoudite... une grosse affaire. Et donc, annoncer que Mohamed Ben Salmane (MBS) est malade n’est pas rien. Une telle information peut avoir des répercussions politiques et économiques aussi bien en Arabie saoudite que dans le monde. Surtout en ce moment, où la question de l’énergie dans le contexte de guerre en Ukraine, préoccupe tous les pays.
L’affaire est donc grave. Tellement grave que le ministère des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, quelques minutes après le communiqué algérien, en a diffusé un autre sur ses réseaux sociaux, annonçant la conversation téléphonique mais sans parler d’un quelconque empêchement médical.
La présidence algérienne a-t-elle conscience de l’énormité de sa bourde, sachant que MBS est le véritable dirigeant du royaume? Visiblement non, sinon elle aurait su l’éviter. Maintenant ce sont les Saoudiens qui se posent des questions sur la santé de leur prince héritier et ce n’est pas bon d’être informé par un pays étranger. Personne ne l’accepte.
Il est vrai, néanmoins que les dirigeants de l'Algérie ont l’habitude de trafiquer un peu les communiqués à l’issue de leurs rencontres avec des responsable étrangers. Ils ajoutent presque toujours la petite phrase qui rehausse l’évènement à leur avantage. Les Etats-Unis qui le savent très bien, prennent leurs précautions. Lorsque le Secrétaire d’Etat Anthony Blinken a visité l’Algérie, son département a publié l’intégralité de la déclaration du président Tebboune. Plus moyen d’insérer la moindre virgule.
Maintenant qu’est-ce qui va se passer pour ce sommet? Les Algériens se demandent qui représentera l’Arabie saoudite, le ministre des Affaires étrangères ou le pays se contenterait-il de son ambassadeur à Alger, sachant que trois autres chefs d’Etat ont annoncé leur absence, comme ceux d'Oman, du Bahrein et du Liban.
Mais la grande question qui a été à la tête de l’actualité ces dernières semaines concerne la présence ou non du Roi Mohammed VI. A part des informations dans des médias étrangers, rien ne permet de savoir. Le sommet est dans 10 jours mais plusieurs analystes politiques expriment des doutes sur sa tenue vu la position de l’Algérie vis-à-vis de certaines questions en contradiction avec celles des pays de la Ligue.
Sans parler des manoeuvres contre le Maroc, l’Algérie mécontente l’Egypte par son rapprochement avec l’Éthiopie sur la question des eaux du Nil ; elle fréquente trop l’Iran qui met le feu dans plusieurs pays arabes, dont l’Arabie saoudite attaquée par les Houtis du Yemen, l’Irak, la Syrie, le Liban et qui tente d’en faire de même au Maroc en soutenant les séparatistes abrités, logés, nourris et armés par l’Algérie.
Le plus drôle c’est que l’Algérie déclare vouloir, à travers ce sommet, rassembler la nation arabe. Curieuse façon de rassembler.
On peut aussi ajouter l’alignement d’Alger sur Moscou qui irrite beaucoup l’Administration américaine qui pense que les énormes achats d’armes russes par l’Algérie est une participation au financement de la guerre contre l’Ukraine. Et comme Alger a triplé son budget militaire de 2023 (32 milliards de dollars), le film ne fait que commencer.
Par Hakim Arif
Source : https://lobservateur.info/
L’Observateur du Maroc et d’Afrique (MAROC)
