Le Chancelier allemand, Olaf Scholz, aura été le premier dirigeant du G7 à se rendre en Chine depuis le début de la pandémie de COVID-19. Une visite sous le feu de nombreuses critiques au cours de laquelle une importante délégation d’entreprises de son pays était à ses côtés. Mais si beaucoup ont vivement critiqué cette visite, la question que l’on est en droit aussi de se poser en toute conscience est de savoir s’il avait vraiment le choix…
Dans le journal suisse Le Temps, le Conseiller national PLR de Vaud, Olivier Feller, a publié une opinion sous un titre sans concession L'Allemagne droguée à la Chine dans laquelle il met en exergue le fait que : « La récente visite d’Olaf Scholz à Pékin était peu inspirée, l’histoire récente de la Chine montre qu’il n’est pas très prudent de lui confier ne serait-ce qu’une part de notre sécurité ou de nos approvisionnements ». Il s’est agi par ce choix de titre de mettre le doigt sur la dépendance économique croissante de Berlin qui va de plus en plus en augmentant à l’égard de Pékin. Une réalité qui fait craindre nombre de partenaires européens de l’Allemagne. Surtout quand on sait que, dans le même temps, les ambitions nationalistes de la Chine de Xi Jinping vont aussi en se renforçant davantage. Comme on a pu le constater lors du 20è congrès du Parti communiste chinois qui s’est tenu du 16 au 22 octobre dernier.
En effet, les critiques bien avant et bien après cette visite sera gravée dans les annales politiques de l’histoire de l’Allemagne ne manquent pas. Et elles ne vont pas se terminer avec la fin de ladite visite aussi brève fut-elle.
Pour sa part, le Chancelier allemand, Olaf Scholz, a estimé que sa visite en Chine se justifiait pour des raisons évidentes. « Je pense qu’à la lumière de tout le débat sur la question de savoir si c’était la bonne chose de faire ce voyage ou non, le fait que le gouvernement chinois, le président (Xi) et moi ayons pu déclarer qu’aucune arme nucléaire ne doit être utilisée dans cette guerre, rien que pour ça, ce voyage en valait la peine ». Ainsi s’est exprimé Olaf Scholz au cours d’une réunion des Sociaux-démocrates allemands à Berlin, suite à sa rencontre avec le Président Xi Jinping le 4 novembre dernier à Pékin.
Pour beaucoup, entre Olaf Scholz et le Président Xi Jinping, la balance des avantages de cette visite penchait largement en faveur de la Chine. Le Chancelier allemand n’avait pas grand-chose à y gagner, sinon des critiques et une incompréhension de la politique de l’Allemagne à l’égard de la Chine par les dirigeants occidentaux. Et surtout les citoyens de l’Union européenne par ces temps d’invasion de l’Ukraine par la Russie. D’autant plus que les Allemands eux-mêmes n’ont pas une bonne image de la Chine depuis longtemps déjà, contrairement à bien des citoyens d’autres pays européens.
Dans un monde où le diktat politique tend de plus en plus à être substitué par le diktat économique, on peut se demander si Olaf Scholz avait vraiment le choix. Au-delà de toutes considérations politiciennes ou de pures polémiques.
De par sa position exceptionnelle de deuxième économie mondiale, tous les pays ont besoin d’entretenir des relations avec la Chine de Xi Jinping, en dépit de son nationalisme. Il suffit seulement de savoir quelle est la ligne rouge à ne pas franchir. Le vendredi 04 novembre, le Président chinois, Xi Jinping, a eu ces mots qui se passent de commentaires en recevant le chancelier allemand à Pékin : « Détruire la confiance politique mutuelle est facile, la reconstruire est difficile ». Pour autant, cela ne suffit pas à faire disparaître le fossé qui sépare la Chine de l’Europe sur maints sujets. Et il faut absolument le faire savoir à la Chine.
Il n’y a pas seulement que les Européens qui ont vu d’un mauvais œil la visite du Chancelier Olaf Scholz en Chine. Tant il est vrai, il y a beaucoup de choses à reprocher à la Chine de Xi Jinping ne serait-ce que du point de vue des droits humains déjà. Au point que la lancinante question qui se pose aussi est de savoir comment entretenir des relations amicales avec un pays qui n’a pas une politique amicale à l’égard de l’Occident. Si l’hostilité des Etats-Unis à l’égard de la Chine est sans ambiguïté pour des raisons de rivalités politiques et économiques, l’Union européenne doit marcher sur une ligne de crête vis-à-vis de la Chine. En affirmant sa personnalité à la fois à l’égard des Etats-Unis que de la Chine.
Par Daniel Yaoni