Les Français sont appelés aux urnes dans quelques semaines pour élire leur nouveau président de la République. Face au Président Emmanuel Macron, ils sont nombreux les candidats de divers partis politiques à vouloir lui succéder. A quelques semaines du premier tour fixé pour le 10 avril 2022, l’heure est déjà à la mobilisation des électeurs, sur fond de divisions à Droite comme à Gauche.
Assistera-t-on à un remake de la présidentielle de 2017 en France ? La question taraude tous les observateurs et autres analystes politiques qui scrutent la situation avec une grande fébrilité et préoccupation. Un second tour Emmanuel Macron face à Marine Le Pen : il n’est pas sûr et certain que le duel tourne à l’avantage du Président sortant une seconde fois. Un second tour Emmanuel Macron face à Valérie Pécresse : il n’est pas sûr et certain non plus que le duel tourne à l’avantage du Président sortant. Car Emmanuel Macron a déçu plus d’un depuis son avènement au pouvoir. Le chapelet des griefs est long à égrener depuis la crise des « Gilets jaunes » à la crise du « Pass sanitaire » en passant par les promesses politiques non tenues.
Le « Ni Gauche » et « Ni Droite » d’Emmanuel Marcon a très tôt montré ses limites. Celui qui a voulu liquider, pour ainsi dire, la vieille politique des partis traditionnels de la Gauche, la Droite, le Centre, l’Extrême Gauche et l’Extrême Droite n’a fait que les affaiblir le temps d’un mandat présidentiel. Et ils sont déjà de retour comme l’ont montré les élections municipales et régionales de 2021 au cours desquelles La République En Marche (LREM) a été littéralement laminée. Au point de ne même pas gagner la présidence d’une Région en France. En somme, Emmanuel Macron a déçu une grande majorité de Français. Difficile donc à dire s’ils sont prêts à lui renouveler leur confiance, même face à Marine Le Pen de l’ex-Front national (FN) devenu désormais le Rassemblement national (RN).
En changeant de nom, l’ex-parti Jean-Marie Le Pen dont sa fille a hérité a voulu non seulement prendre de la distance avec l’antienne de son fondateur. Il a délibérément choisi d’élargir son offre politique en mettant de l’eau dans le vin de certaines de ses thématiques de campagne. Sans pour autant faire l’unanimité au sein de ses membres dirigeants. Qu’à cela ne tienne, il reste à savoir si le vin qui sera servi aux Français par Marine Le Pen au cours de la campagne présidentielle sera plus buvable que les cuvées antérieures. Entre le Souverainisme et l’Europe, le Rassemblement national a décidément du pain sur la planche pour convaincre qu’il est prêt à gouverner la France et à la conduire à bon port sans trop de casses. Une chose est certaine, de plus en plus de Français ont de moins en moins peur des discours de Marine Le Pen.
Vu d’Afrique, des candidats comme le polémiste très controversé et raciste Eric Zemmour ne participeraient, le cas échéant, que pour empêcher Marine Le Pen et Valérie Pécresse de ratisser plus large. En émiettant l’électorat de celles-ci, il ne favorisera qu’Emmanuel Macron. Est-ce pour autant qu’il faudrait y voir une stratégie de haute voltige politique ? Certainement non. Le candidat d’Extrême Droite aux ambitions illisibles fait en tout cas l’affaire d’Emmanuel Macron. En effet, si le polémiste est en train de tenter sa chance même avec des soutiens occultes, en revanche il ne se ferait pas prier pour ramasser le pouvoir si la vague nationaliste qui le porte se transformait en tsunami électoral.
Les nombreuses candidatures qui divisent les partis politiques traditionnels français, déjà affaiblis par le mandat d’Emmanuel Macron, sont comme du pain béni pour ce dernier. Tant il est évident qu’une Gauche ou une Droite unie ferait immédiatement le lit de l’échec du Président sortant. Même en prenant en compte quelques trahisons politiques çà et là. Seulement, dans toute entreprise humaine, il toujours compter avec les egos et les intérêts. Ceux qui ont le plus gros à perdre dans cette désunion qui s’affiche au grand jour et sans complexe, ce sont principalement Les Républicains (LR) ainsi que ses alliés et le Parti socialiste (PS) ainsi que les Ecologistes, la France Insoumise, le Parti communiste et divers alliés.
Il est évident qu’au niveau de la gauche toutes tendances confondues, l’union aurait été la solution la plus facile pour changer la donne. Mais à voir ce qui s’y passe au point même que Jean-Luc Mélenchon n’avait pas encore rassemblé ses parrainages nécessaires à deux mois de l’échéance présidentielle en dit long. A Gauche, entre Anne Hidalgo du Parti socialiste (PS), Fabien Roussel du Parti communiste (PC), Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise (LFI), Sandrine Rousseau, Yannick Jadot, Eric Piolle, Delphine Batho d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), l’union est indispensable pour ganer. A moins que les leaders des partis traditionnels de Droite et de Gauche soient désormais atteints par le Complexe de Massada depuis l’avènement au pouvoir d’Emmanuel Macron.
En attendant la fin de cette grande incertitude à la française à Gauche comme à Droite, Emmanuel Macron, du fait de sa position de président sortant, conserve encore un léger avantage sur tous avec les moyens de pressions légaux dont il dispose pour rallier plus d’un. Mais aucune élection n’est jamais jouée d’avance sauf dans les régimes dictatoriaux. Et tous les autres candidats devraient continuer d’aller au-devant des Françaises et des Français et de tracer ainsi leurs chemins vers l’élection présidentielle du 10 avril 2022.
Quoi qu’il en soit, à l’issue de cette échéance, la France n’aura pas d’autre choix que de se réinventer tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur pour espérer de continuer à rayonner au-delà de ses frontières. Tant elle est arrivée à un point de son Histoire où sa société elle-même se retrouve plongée dans une grande incertitude quant au lendemain.
Par Piyé N’Guyen