La crise en Ukraine consécutive à la destitution de l’ex-président pro-russe, Viktor Ianoukovitch, dans la foulée des manifestations des pro-européens connaît de nouveaux développements inquiétants. Avec des affrontements militaires qui risquent de ruiner les deniers efforts diplomatiques entre Moscou d’une part, les Européens et les Américains de l’autre.
Face aux séparatistes pro-russes, l’armée ukrainienne avait décidé de prendre l’initiative, en lançant une offensive contre leurs positions à Sloviansk. Les combats qui avaient fait plusieurs victimes des deux côtés ont du coup jeté de l’huile sur le feu ces derniers jours. Il n’en fallait pas plus pour que Moscou publie en son temps un rapport de 80 pages pour dénoncer ce qu’il appelle des violations massives des droits de l’homme et exiger des sanctions à l’encontre des auteurs. Pour le ministère des Affaires étrangères russe, « les auteurs doivent être sanctionnés comme il se doit. Autrement, les extrémistes de tous bords recevront un dangereux signal d’encouragement »
Les autorités ukrainiennes qui ont sans doute bien compris le message de Moscou, ont essayé de ne pas utiliser la force de manière disproportionnée, afin d’éviter de donner un bon prétexte aux autorités russes. Mais jusqu’à quand ? A Donetsk, la capitale régionale, les pro-russes se préparaient déjà à une bataille éventuelle et mobilisaient l’opinion publique autour des images télévisées des affrontements de Sloviansk. Ce qui a fait monter la tension davantage.
Après quelques jours de relative désescalade, les séparatistes de Donetsk et de Lougansk n’ont pas renoncé à leur projet. Ils ont organisé leur referendum d’autodétermination et proclamé leur indépendance. Faute d’un rattachement immédiat à la Russie. Mais la réaction des autorités ukrainiennes ne s’est pas fait attendre. Elles ont ordonné à leurs troupes la reprise de l’offensive. Et l’on compte déjà des morts au sein de l’armée ukrainienne.
Dans tous les cas, la situation est extrêmement inquiétante. Une escalade des affrontements risquerait d’entraîner directement la Russie dans le conflit. Malheureusement, les positions ne semblent pas avancer depuis sur le plan diplomatique. Autant le président russe, Vladimir Poutine, veut tenir la dragée haute aux Américains et à l’Union européenne, autant il veut chercher une issue diplomatique à son avantage. Tout en se ménageant une marge de manoeuvre pour les besoins de la cause. En invitant la communauté internationale à prendre ses responsabilités par rapport à la situation en Ukraine, au risque de menacer la stabilité et la paix en Europe, Moscou rejette ainsi la responsabilité de ce qui pourrait advenir sur les autres parties au conflit. Et se met en « légitime défense ». Décidément, la crise ukrainienne a de forts relents d’une nouvelle guerre froide, et pourrait bien se prolonger pour longtemps encore.
Par Tcha Sakaro
