Contrairement au retrait de la France du Mali, l’Armée allemande (la Bundeswehr) a prévu de se retirer du pays et de redéployer au Niger de concert avec les autorités maliennes. Lesquelles ont promis d’assurer que tout se passe normalement. Mais en croire certaines informations, les locaux ayant travaillé avec la Bundeswehr sont désormais une cible pour les Jihadistes qui leur reprochent leur coopération.
Ce sont principalement les traducteurs de la Bundeswehr qui semblent être visées par les islamistes au motif qu’ils ont coopéré avec l’ennemi étranger. Si les inquiétudes étaient déjà palpables au sein de ce groupe de travailleurs locaux de la Bundeswehr, surtout après l’expérience des Américains en Afghanistan, une vidéo qui fait froid dans le dos a accru les craintes.
En effet, cette vidéo qui a circulé sur le net laisse entrevoir qu’un jeune malien ayant travaillé pour l’Armée allemande a été exécuté par les Jihadistes. En Allemagne, elle n’a manifestement pas laissé les gens insensibles. D’autant plus que des travailleurs locaux ont accrédité l’enlèvement de collègue Kevin entre Gao et Asongo en juillet dernier. Selon le langage des Islamistes, les travailleurs maliens de la ont travaillé et ont collaboré avec des « croisés » et pour cela ils méritent d’être châtiés.
Craignant pour leur vie après le départ de l’Armée allemande du Mali, les traducteurs maliens de la Bundesweh avaient écrit une lettre ouverte dans laquelle ils disaient ceci : « Nous savons que l’Allemagne a donné sa parole pour tout faire pour que les événements d’Afghanistan ne se reproduisent pas ». Avant la diffusion de cette vidéo, les autorités allemandes du ministère de la Défense n’estimaient pas l’alerte très sérieuse à Berlin. Avec les récents développements, le discours a plutôt évolué très vite sur la question. Aussi, Sara Nanni, officiant en tant que responsable des questions de Défense au Parlement pour les Verts et par ailleurs membre de la Commission d’enquête sur le départ des forces allemandes d’Afghanistan, a-t-elle émis le vœu que des mesures idoines soient prises en conséquence : « Je crois que le ministère doit corriger sa position. Je crois qu’on doit prendre vraiment au sérieux ce qui s’est passé. On ne peut pas les laisser comme ça. Les gens nous ont aidés et nous avons une responsabilité commune pour leur sécurité, non seulement aujourd’hui, mais aussi dans le futur. »
Reste maintenant à trouver la meilleure solution à ce problème. Il ne s’agit pas de leur faciliter l’arrivée en Europe si leur insertion sociale va leur poser plus de problèmes que le fait de rester au mali ou ailleurs en Afrique de l’Ouest. Comme s’interrogeait déjà certains d’entre eux en ces termes :
« Pour nous le départ des troupes allemandes au Mali, nous le craignons en fait parce que leur départ est synonyme de manque de travail pour nous, tandis que nous aurons des difficultés pour nourrir nos familles, nos enfants. […] Partir avec les troupes allemandes dans leur pays ? Je veux bien mais est-ce qu'il y a une possibilité ? Est-ce qu'on peut tous partir ? Ou y a-t-il un autre plan ? Je ne sais pas. Parce que nous, assistants linguistiques, je ne pense pas qu'on puisse exercer la même activité là-bas.. Notre travail, c'était de traduire les langues nationales en anglais pour eux. Donc, est-ce que notre présence va être utile pour eux là-bas ? Je ne suis pas sûr ».
Par Daniel Yaoni