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MONDE/RWANDA-ROYAUME-UNI: L’Accord de la honte sur les migrants

Deux ans après sa première signature entre le Royaume-Uni et le Rwanda, le gouvernement britannique a enfin réussi à faire voter son accord, on ne peut plus controversé sur les migrants par les deux chambres du Parlement britannique. Un Accord de la honte, qui a nécessité que le gouvernement du Parti Conservateur (Conservative Party) de Rishi Sunak passe par moult étapes et subterfuges parvenir à son objectif : renvoyer les indésirables migrants du Royaume-Uni au Rwanda de Paul Kagame.

Décidément, le Rwanda du régime dictatorial de Paul Kagame ne lésine sur aucun moyen dans sa volonté insatiable de croissance économique. Après le trafic des esclaves que l’Afrique a connu dans un passé lointain, voici venu le trafic des migrants. Un commerce qui change  de sens et qui part désormais de l’Europe (le Royaume-Uni) à destination de l’Afrique. Le Rwanda est devenu pour ainsi dire « la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf » sous le régime dictatorial du Président Paul Kagame. Quitte à multiplier des mesures et des actions controversées. Tant que cela lui permet de chercher à se donner une autre image en Occident. Tout comme si le génocide de 1994 des Hutu contre les Tutsi en majorité lui avait octroyé un blanc-seing aussi bien en Afrique que partout dans le monde.

«Nous sommes satisfaits que le projet de loi ait été adopté par le Parlement britannique», a déclaré Yolande Makolo dans un communiqué transmis à l'AFP, ajoutant que les autorités étaient «impatientes d'accueillir les personnes relocalisées au Rwanda».

Le Rwanda, petit pays avec une superficie de 26 338 km², a déjà un problème pour loger sa propre population de plus en plus grandissante n’a de cesse de chercher à grignoter le vaste territoire de son géant voisin de la République démocratique du Congo (RDC). En soutenant au passage des rébellions armées à l’encontre de ce dernier dont il en profite pour piller aussi les ressources naturelles, autant que faire se peut. Et c’est ce même petit pays qui s’est proposé, contre toute attente, à accueillir sur son territoire des milliers de migrants indésirables au Royaume-Uni. L’accord en question, d’abord signé entre Paul Kagame et Boris Johnson avait pour but renvoyer les indésirables migrants au pays de Paul Kagame. Comme une façon ou une autre de les dissuader avec la perspective de se retrouver dans le pays de l’un des  plus féroces dictateurs jamais connus en Afrique au cours de ces trente dernières années. Incapable de régler par lui-même son problème migratoire, voilà le Royaume-Uni qui est l’une des plus grandes démocraties au monde qui opte de conclure un marché sur les migrants avec l’une des plus grandes dictatures au monde.

A la suite du gouvernement de Boris Johnson, c’est donc celui du Premier ministre, Rishi Sunak, qui l’a repris pour le finaliser comme s’il s’agissait dans un match de rugby d’un essai qu’il marquait en fin de compte. Rishi Sunak et les siens n’ont donc pas trouvé meilleur moyen plus respectueux de la démocratie et de la personne humaine pour dissuader les milliers de migrants qui tentent souvent de traverser la Manche sur des embarcations de fortune à destination du Royaume-Uni ? C’est à le croire pour en arriver jusque-là à décider leur faire miroiter la perspective d’atterrir au Rwanda, où leurs demandes d’asiles seraient évaluées

Il aura fallu une longue bataille juridico-politique entre la chambre haute et la chambre basse. Mais dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 avril, le projet de loi a fini par adopter par la Parlement. Il vise les demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni. Le gouvernement du Président Paul Kagame du Rwanda a exprimé sa satisfaction par la voix du Porte-parole du gouvernement.

Le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Vincent Biruta, lors d’une conférence de presse, déclarait : « Nous avons poursuivi ce partenariat avec le Royaume-Uni parce que nous pensons que nous avons un rôle à jouer dans cette crise de l’immigration clandestine ». Et, quant au ministre de l’intérieur britannique, James Cleverly, qui était à ses côtés à Kigali, la capitale du Rwanda, il a déclaré par un échange de bons procédés qu’il a « une immense admiration pour le gouvernement rwandais, qui a reçu de nombreuses critiques ».

L’accord qui a été adopté et validé par la Cour suprême prend en compte certaines mesures et précautions qui n’étaient pas prévues au départ. Le Rwanda n’étant pas un pays démocratique, loin s’en faut, les critiques à l’encontre du Premier ministre Rishi Sunak et de son gouvernement réclamaient plus de garanties au sujet des traitements des migrants. Y compris la Cour suprême qui s’en était mêlé pour exiger plus de garanties :  : « entre autres que le Rwanda n’expulsera pas vers un autre pays les personnes transférées dans le cadre du partenariat ». Outre cette garantie, le nouvel accord adopté par le Parlement britannique prévoit d’après Alain Mukuralinda, le Procureur National et Porte-Parole du Parquet « un tribunal conjoint avec des juges rwandais et britanniques à Kigali pour garantir que la sécurité des migrants est assurée et qu’aucun des migrants envoyés au Rwanda ne soit expulsé vers son pays (…) Et il veillera également à écouter toutes les plaintes des migrants ».

Quel est le prix de la sous-traitance du trafic de migrants entre le Rwanda et le Royaume-Uni ? Au-delà des subsides financières que cela représente pour le Rwanda de Paul Kagame, qu’en disent les Rwandais quand on connaît la superficie du Rwanda et comment sa propre population a un besoin vital d’espace pour les années à venir ? Sur quel territoire Paul Kagame compte garder ces migrants au fil des années ? Et que deviendront-ils si le Rwanda n’a pas le droit de les expulser vers leur pays d’origine ou encore vers un autre pays ? Et qu’en disent les institutions africaines et les Africains vis-à-vis de cette délocalisation des migrants du Royaume-Uni en Afrique ?. Autant de questions que l’on est en droit de se poser sur le sort des migrants pour lesquels la destination d’arrivée n’est pas le Rwanda ou l’Afrique.

Faut-il le rappeler, le Royaume Uni ne fait plus partie de l’Union européenne depuis le Brexit. Et le Premier ministre Rishi Sunak dont le Parti Conservateur veut en faire une mesure électoraliste de déclarer : « Aucune cour étrangère ne nous empêchera de faire décoller les avions ». Non sans rappeler que les premières expulsions vers le Rwanda avaient été bloquées par la justice européenne. Néanmoins, les rapporteurs spéciaux auprès des Nations unies sur le trafic d'êtres humains, sur les droits des migrants et sur la torture ont déjà prévenu les compagnies et autorités aériennes qui faciliteraient les vols concernés qu’elles « pourraient être complices d'une violation des droits humains protégés au niveau international ».

Par Abdul Yazid

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