En dépit de la décision de retrait de ses troupes militaires du Mali, l’Allemagne a décidé de ne pas suspendre également son aide en matière de développement. Une position que le Gouvernement du Chancelier justifie par sa volonté de rester au plus près des populations. Tout en prenant ses distances avec la junte militaire au pouvoir.
Contrairement à la France, l’Allemagne du Chancelier Olaf Scholz ne va pas priver le Mali de son aide au développement. Cela s'inscrit d’ns la politique de Berlin qui vise à assister au plus près les couches les plus vulnérables de la population. Cela peut se comprendre à l’opposé de la France qui avait suspendu toute sa coopération du fait du passé colonial de la France en Afrique. A quoi il faut ajouter les relations trop compliquées entre la France et le Mali ces dernières années.
Il n’y aura plus de soldats de la Bundeswehr au Mali d’ici la fin 2023, mais pour ce qui est de l’aide au développement et de l’aide humanitaire, l’Allemagne restera présente. « Je ne partage pas ce point de vue français, a expliqué Jochen Flasbarth. Nous ne sommes pas naïfs à l'égard du gouvernement malien mais si l'on n'aide pas les gens sur place, dans leur vie quotidienne, il n'y a plus de levier pour changer son comportement », a déclaré Jochen Flasbarth, le secrétaire d'État au ministère allemand du Développement dans une interview au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung. En guise de réponse à la ministre française des Affaires étrangère, Catherine Colonna, qui avait prié l’Allemagne d’emboîter le pas à la France en mettant fin à toute coopération et de ne pas faire preuve de naïveté face au pouvoir de Bamako.
Tant que la junte militaire au pouvoir ne refuse pas son assistance, l’Allemagne ne fera donc pas comme la France en suspendant son aide au développement. Elle continuera à se concentrer notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’eau, de l’assainissement, de la décentralisation ou encore pour ce qui concerne la culture avec un budget de sept milliards de francs CFA. En effet, les autorités allemandes fond du développement de culture, l’une des pierres angulaires d’un retour à la normalisation et à la paix dans le pays.
Et Jochen Flasbarth de poursuivre : « L'Allemagne est active au Mali, avec les Nations-unies, les organisations non gouvernementales et les 300 personnes de notre société pour la coopération internationale. Il ne s'agit pas de coopérer financièrement avec le gouvernement militaire malien, il s'agit d'activités sur le terrain qui se veulent au plus proches de la population ».
Il convient de noter qu’avec près d’un millier de soldats de la Bundeswehr, l'Allemagne est en tête des contributeurs au sein de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA). Le pays, en conformité à la décision de l’Union européenne, se prépare donc à un repositionnement de ses soldats au Niger. Pour sa part, le ministre malien de la Défense a assuré Berlin du « soutien » des autorités maliennes au désengagement ordonné de ses soldats de la MINUSMA, à en croire le ministère allemand de la Défense.
En attendant de voir comment la junte militaire au pouvoir compte parachever la Transition, les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont élu le Président du Nigeria Bola Tinubu en tant que président exercice de la Communauté. Ils ont par ailleurs réaffirmé la nécessité pour le Mali autant que pour le Burkina Faso et la Guinée. Il a promis de s'employer pour mettre un terme aux coups d'Etat dans la sous-région. Mais il a surtout immédiatement envoyé une mission dans ces pays pour leur rappeler aux juntes au Mali, au Burkina Faso et en Guinée qu’elles doivent respecter l'agenda de sortie de crise en accord avec la CEDEAO.
Par Daniel Yaoni
