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POLITIQUE/SENEGAL : Les leçons de l’élection du Président Bassirou Diomaye Faye

Le scrutin présidentiel du 24 mars 2024 a finalement eu lieu, après moult atermoiements. Bassirou Diomaye Faye, le candidat de l’ex-partidénommé Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF)de l’opposant Ousmane Sonko a été élu Président de la République. Une élection dès le premier tour face à son rival, Amabou Ba, le candidat du parti du Président sortant Macky Sall. Les résultats provisoires officiels le créditant de 54,28% des voix sur une participation avoisinant les 61,3%. 

Empêché par des ennuis judiciaires qui suscitent encore des interrogations, le président de l’ex-parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF), Ousmane Sonko, a choisi sa doublure pour la présidentielle du 24 mars 2024. Malgré les tensions qui ont prévalu avant l’organisation de ce scrutin, il s’est plutôt déroulé dans le calme. Et les Sénégalais se sont mobilisés pour voter.

De la liste d’une vingtaine de candidats en lice et dont a été exclu Karim Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS) - en raison d’ennuis judiciaires aussi -, les Sénégalais ont choisi en faveur du changement. En accordant leurs suffrages au camp de l’opposition antisystème, ils ont choisi la voie de la décrispation et du renouveau.Le duo Ousmane Sonko-Bassirou Diomaye Faye en étaient les porte-drapeaux. Sortis de prison tous les deux, c’est donc Bassirou Diomaye Faye qui a pu se présenter qui a été élu contre Amadou Ba, le candidat du parti du Président sortant Macky Sall, l'Alliance pour la République (APR-Yaakaar) et sa CoalitionBenno BokkYaakaar.

Une démocratie institutionnelle confirmée

La démocratie sénégalaise bâtie par Feu le Président Léopold Sedar Senghor au lendemain de l’indépendance du pays et consolidée par l’ancien Président Abdou Diouf n’est plus la même depuis. Les deux Présidents de la République qui ont suivi ses deux premiers pionniers, à savoir les anciens Présidents Abdoulaye Wade et MakySall, l’ont en effet affaibli dans ses fondements par leur gestion à la fois économique et sociopolitique du Sénégal. Plombée par des intrigues et autres manipulations sur fond de corruption. Si le premier avait tenté d’obtenir un Troisième mandat avant d’être contraint par la volonté populaire à y renoncer, le second n’a pas non plus cherché à éviter la tentation. Même si à ce jour, il est difficile de comprendre ce que Macky Sall a réellement voulu faire. Etait-ce essayer d’aller jusqu’au bout de ses deux ans qu’il s’est fait amputer lui-même avec sa réforme constitutionnelle qui a ramené le mandat présidentiel de sept ans à cinq ans ? Il est difficile de dire à l’heure actuelle ce que ces atermoiements et louvoiements quant à organiser l’élection présidentielle à bonne date ont voulu signifier. Cela appartiendra à l’histoire politique du pays d’éclairer l’opinion publique le moment venu sur ce jeu de mic-mac qui n’a pas seulement érodé l’image du Sénégal mais aussi celle de Macky Sall. Toujours est-il que si l’on peut parler encore de Démocratie au Sénégal aujourd’hui, il faut saluer le caractère éminemment républicain de la Cour constitutionnelle, la Cour suprême et de l’Armée sénégalaise. Une armée qui, jusque-là, s’est toujours mise au-dessus de la mêlée politique, et qui mérite un satisfecit. Car, dans la pratique la « Démocratie sénégalaise » est très imparfaite à bien y regarder. Pire que dans bien des pays africains où les Institutions républicaine ne fonctionnent pas normalement.

Macky Sall n’a pas aidé Amadou Ba

L’APR-Yaakaar et sa CoalitionBenno BokkYaakaar n’ont manifestement pas aidé leur candidat Amadou Ba à gagner la présidentielle du 24 mars 2024. A commencer par le Président sortant Macky Sall lui-même dont on est en droit de se demander s’il voulait encore vraiment voir gagner le candidat choisi comme dauphin. Ses revirements pour tenter sinon d’annuler du moins de repousser la date de la tenue du scrutin présidentiel constituent des points d’interrogations. Non content d’avoir conduit à des frictions au sein de son propre camp politique avec le choix de son candidat, Macky Sall l’a de plus en plus affaibli. A force de tergiversations.

Amadou Ba, l’ancien Premier ministre, a donc fini par payer les frais des années de mal gouvernance, de corruption, mais surtout d’injustices du Président Macky Sallface à beaucoup d’opposants et à Ousmane Sonko en particulier pour la plupart des Sénégalais. Et pour cause, la présidentielle s’est transformée en un Référendum pour ou contre la continuité de l’APR-Yaakaar et sa CoalitionBenno BokkYaakaar.Vu sous cet angle, la tâche ne se révélait que plus facile pour les adversaires du régime finissant. Il ne faut pas non plus négliger l’appel important de l’ancien Président Abdoulaye Wade, Président du PDS à voter en faveur du candidat Bassirou Diomaye Faye à la veille du scrutin. Avec force arguments à l’appui.

Sans même attendre le dépouillement total des urnes, à travers un communiqué rendu public, et le candidat Amadou Ba s’est autorisé à déclarer : « Au regard des tendances des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le président Bassirou DiomayeDiakhar Faye pour sa victoire dès le premier tour ».Un geste d’élégance et d’importance qui a son pesant d’or au moment où le pays avait besoin de sérénité pour tourner la page des années de crispation sociopolitique. En somme, faire l’économie d’autres frictions ou violences inutiles.

Les défis d’un changement de cap

Partagé le pouvoir entre Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko qui n’a pas eu d’autre choix politique et stratégique que de positionner son poulain n’est pas le plus dur des défis à régler. Loin s’en faut. Au-delà des susceptibilités personnelles, ils ne peuvent pas se dégonfler après avoir promis et vendu aux Sénégalais un changement et voire une « Rupture ». Même s’il faut toujours se méfier des projets.

Ce que le Duo qui va gouverner le Sénégal désormais a vendu aux Sénégalais, c’est ce qu’ils ont appelé leur « le Projet ». Avec à la clé un catalogue de bonnes intentions et d’actions à mener et sur lesquelles les Sénégalais vont les attendre au tournant. Il s’agit, entre autres, de« la réhabilitation des institutions de la République », de« la restauration de l'État de droit ». Lesquels ont été bafoués selon lui par le Président Macky Sall d’après le duo vainqueur de la présidentielle.A cela, il faut ajouter la transparence et une meilleure redistribution des richesses du pays. La question du changement du Franc CFA est un autre défi pour répondre à l’exigence de « Souveraineté ». Ce ne sont pas des défis qui manquent pour le Sénégal où la jeunesse a beaucoup de problèmes au quotidien et manque de perspectives quant à l’avenir. Si elle a choisi de faire accéder des jeunes au plus haut sommet de l’Etat, ce n’est pas le fait du hasard ni pour célébrer uniquement le fait d’être jeune. Déjà, les Sénégalais attendent de Bassirou Diomaye Faye, le cinquième Président du Sénégal qui a 44 ans, des actions concrètes et salutaires en faveur de la jeunesse. Car l’élection présidentielle tout comme l’opposition à Macky Sall est désormais terminée pour lui et son mentor Ousmane Sonko. Place à la gouvernance et à l’épreuve du pouvoir pour le duo Ousmane Sonko-Bassirou Diomaye Faye.

Par Abdul Yazid

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