Le Ghana a vu ces derniers mois sa dette s’envoler à plus de 80 % de son PIB, acev une inflation qui a caracolé à +30 % en juin et une dégringolade de sa monnaie de -30 % que rien n’a semblé arrêté. Sauf l’intervention des institutions de Bretton Woods. Au point que les agences de notation, notamment S&P Global Ratings, Moody’s, Fitch Ratings ; ont fini par déprécier, elles aussi, sa note. Non sans irriter les autorités d’Accra.
« Le gouvernement est déçu par la décision de S&P de déclasser le Ghana malgré les politiques audacieuses mises en œuvre en 2022 pour relever les défis macro-budgétaires et la viabilité de la dette », a indiqué le communiqué officiel que le ministère des Finances sous la houlette de Ken Ofori-Atta a publié le 8 août dernier pour dénoncer la rétrogradation de la note du Ghana.
Le ministre des Finances a dû entamer, malgré lui, les négociations avec l’institution de Bretton Woods qui ont effectué une mission au Ghana à la fin septembre dernier. Face à la situation de crise que vit l’économie ghanéenne, il n’y avait pas d’autre alternative. Même si la politique du gouvernement du Président Nana Akufo-Addo selon laquelle, les Africains doivent dépendre le moins possible ou pas du tout des institutions de Bretton Woods, l’économie a ses raisons que la politique ne connaît pas. Et le pays a dû poursuivre ses négociations à Washington, lors des rencontres annuelles du FMI et de la Banque mondiale pour essayer de se trouver un ballon d’oxygène auprès des créanciers internationaux. Il faut bien le dire : l’Afrique et encore moins l’Afrique Noire n’a pas encore les moyens de sa souveraineté économique. Et c’est la grande leçon à tirer de la difficile situation que vit le Ghana actuellement. N’en déplaise !
Après avoir tenté une expérience de souveraineté economique qui a largement montré ses limites, ce sont les autorités ghanéennes elles-mêmes qui sont en train de demander maintenant au Fonds monétaire international (FMI) d’accélérer son programme d’aide en vue de stabiliser l’économie du pays à bout de souffle. C’est, en tout cas, ce qui en ressort du Comité de politique monétaire (CPM) de la Bank of Ghana (BoG), la banque centrale, dont les travaux issu de la séance en urgence du 6 octobre dernier ont demandé au gouvernement de parer au plus pressé.
La monnaie ghanéenne, le Cédi, a connu en deux mois une dépréciation inquiétante par rapport au dollar et à la livre sterling. Laquelle a fait chuter sa valeur par rapport au dollar de 4 à 5,51 le 25 février 2022. Considérée comme la deuxième devise ayant enregistré le plus de contreperformances au monde après la roupie du Sri Lanka dont le pays a, lui aussi, connu une grave crise sociopolitique et économique, le Ghana est en proie à des turbulences. Autant de facteurs qui ont conduit les agences de notations à s’inquiéter et à dégrader ses notations. A en croire Moody’s, la dette publique du pays pourrait par conséquent connaître une croissance allant de 26% à 104% du PIB si rien n’est fait d’ici la fin de l’année 2022.
En dépit de la bonne volonté du gouvernement du Ghana et de sa vision prospective de son développement, le pays es rattrapé par les réalités économiques du moment. Face à la coalition de plusieurs facteurs, la situation macroéconomique est devenue intenable. Au pont de mettre en cause fondamentalement la politique d’émancipation économique prônée par le Président Nana Akufo-Addo. Et, dans un tel contexte, il n’a pas eu le choix que de reprendre son bâton de pèlerin pour renouer avec l’antienne des pays d’Afrique Noire en particulier : faire le tour des capitales occidentales pour rechercher des moyens financiers de tenir, à des conditions qui ne vont pas toujours en faveur des populations des pays qui empruntent de l’argent aux institutions internationales.
Par Jean Kebayo