L’Algérie qui est très sollicitée en ce moment par les Occidentaux pour son gaz ne compte pas s’en arrêter à ses ressources propres. Il a décidé aussi de relancer son projet de gazoduc en partenariat avec le Nigeria, un autre pays africain très courtisé aussi bien en Afrique qu’en Europe pour ses réserves de gaz.
«La réactivation du projet TSGP intervient dans un contexte géopolitique et énergétique particulier, marqué par une forte demande sur le gaz et le pétrole, d’une part, et par une offre stagnante en raison de la baisse des investissements, en particulier dans l’amont pétrolier et gazier, entamé depuis 2015», avait déclaré le ministre algérien de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab, lors de la réunion d’Abuja. Laquelle faisait suite à la réunion de février accompagnée par la Déclaration de Niamey qui a décidé d’une feuille de route sur le projet. La réunion de juin dernier à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, tenue par en le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab, le ministre d’Etat nigérian des ressources pétrolières, Timipre Sylva et le ministre nigérien de l’Energie et des Energies renouvelables, Mahamane Sani Mahamadou, a donc permis de confirmer l’engagement de l’Algérie quant au projet du Trans-Saharan Gas-Pipeline (TSGP) et de faire le point des perspectives. Outre ces trois pays, il concernera aussi le Mali et le Tchad qui seront associés.
Certains voient dans la volonté de l’Algérie de relancer son projet de gazoduc en partenariat avec l’Algérie comme une volonté de contrecarrer les ambitions du Royaume du Maroc dans le domaine. Plus qu’une ambition de saisir une opportunité d’affaires par ces temps de grave crise en matière d’hydrocarbures qui est la conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. On pourrait dire qu’entre le Maroc et l’Algérie, c’est de bonne guerre.
Désormais ce sont deux projets de gazoducs menés par deux pays du Maghreb qui ont depuis longtemps des divergences politiques tenaces qui veulent rivaliser dans le domaine énergétique en Afrique. Sauf que, avec son projet de gazoduc Sahara-Europe, l'Algérie est un peu en retard par rapport au Maroc dont les négociations sont bien avancées en ce moment. Entre la proposition transsaharienne de l’Algérie et le projet du Maroc, bien malin qui dira le premier à arriver à bon port.
L’avantage du projet du Maroc est qu’il est censé partir pour être une extension du gazoduc ouest-africain existant déjà pour longer la côte ouest-africaine du Nigeria jusqu’au Maroc, avant d’entrer en Europe par l'Espagne. On estime qu’il pourrait ainsi transporté 40 milliards de mètres cubes par an.
L’Algérie se propose à travers son gazoduc transsaharien long de 4 128 km, devrait partir du complexe industriel de la ville de Warri au Nigeria à la Wilaya de Laghouat dans le Nord de l'Algérie. Avec une capacité estimée au départ de 30 milliards de mètres cubes de gaz par an, il équivaut approximativement à la consommation de l'Espagne à l’année. Son inconvénient majeur est qu’il va falloir pour cela mettre un terme aux actes de terrorisme des Jihadistes dans le Sahel notamment. Mais face au projet marocain, l’Algérie semble bien déterminer à aller jusqu’au bout de son projet. Au point que notre confrère Le Jour d’Algérie a écrit à ce sujet : «L’accord entre Algérie, Nigeria et Niger signé: Gazoduc transsaharien : l’Algérie renoue avec son africanité (…) Les ministres de l’Energie de l’Algérie, du Nigeria et du Niger, sont convenus de concrétiser la réalisation dans «les plus brefs délais» du projet du Trans-Saharan Gas-Pipeline (TSGP), une infrastructure régionale de portée internationale, permettant l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel et le développement socio-économique de ces trois pays ».
Même si l’Algérie est déterminée et dispose de toutes les capacités nécessaires pour mener ce projet et que les autorités du pays y tiennent beaucoup, tout dépendra de la position du Nigeria. Entre le Maroc et l’Algérie, elle devra certainement choisir.
L’Allemagne qui dépend traditionnellement pour une large part du gaz russe avait beaucoup misé sur les projets Nord Stream. Mais la situation géopolitique internationale et son corollaire de guerre en Ukraine qui a mis un coup d’arrêt à l’approvisionnement de l’Europe grâce au gaz russe de Nord Stream 2, oblige dorénavant les Européens à se tourner vers l’Afrique.
Par Daniel Yaoni