Né le 12 octobre 1956 à Lomé, la capitale du Togo, l'artiste-musicien Jimi Hope, également peintre et sculpteur, nous quittés le 5 août 2019 à Paris. Celui qu'on qualifiait de «plus grand rocker africain» ou encore «docteur du blues», a fait vibrer l'Afrique avec des chansons en ewe, en français et en anglais...
Il s’appelait Koffi Sènaya à l’état civil et maniait avec dextérité la guitare et l’harmonica. Celui que tout le monde appelait Jimi Hope, de son nom d’artiste, nous a quittés dans la nuit du 4 au 5 août 2019.
Hospitalisé depuis quelques temps, Jimi Hope était considéré comme le meilleur rocker africain et l’artiste togolais le plus complet de sa génération. Un artiste inclassable, qui a marqué le continent de sa voix rauque et de son doigté magique de guitariste hors pair ! Notamment avec des titres comme «Agbébavi», «We must forget», «Try me now», «Fikè olé», ou encore le très emblématique «Aglan».
Ah, «Aglan»! Une plage musicale qui propose l’exquise métaphore d’un crabe qui a rêvé, la nuit, d’avoir construit une maison à étage. Et quelle ne fut sa surprise, à ce crabe rêveur, lorsqu’il se retrouve tout bonnement, en se réveillant le matin, au sommet de cette pâte de farine de manioc qu’affectionnent particulièrement, entre autres, les habitants du sud du Togo !
Il est comme ça, Jimi Hope, l’humour décapant, le verbe juste, soutenu par une guitare qui pleure bon le blues. Car le blues, c’est son affaire! «Je suis né avec le blues dans le sang, c’est une musique du Togo», confie ce fan de Jimi Hendrix, qui a poussé le chic jusqu’à adopter les initiales de son idole (JH), pour créer son profil de crooner de la scène musicale.
Et même si ses messages parfois anecdotiques lui ont valu un embargo en règle sur la télévision et la radiodiffusion de son pays, Jimi Hope est resté droit dans ses bottes. «I was born blues, I will die blues» (Je suis né blues, je mourrai blues), chante-t-il. Car pour lui, le blues, «c’est le véhicule parfait pour extérioriser ses peines et ses joies quotidiennes».
Bluesman donc jusqu’à sa mort, dans la nuit du 4 au 5 août 2019, mais aussi rockeur, peintre et sculpteur, Koffi Sènaya, ce monument de la musique togolaise, ne viendra plus troubler le sommeil des politiques. Ses œuvres, immortelles, restent cependant autant de témoignages de ses messages d’espoir, et de sa grande sensibilité.
Un artiste sensible certes, qui ne s’est pas remis de la mort de son fils, Cédric Preston, décédé en 2016 à Lille, dans un accident de la circulation. Mais un artiste rebelle, qui n’entendait pas passer dans l’anonymat, une fois sonnée l’heure des adieux. «Je veux laisser des traces après ma mort, avait-il indiqué. Les générations futures doivent savoir qu’un nommé Jimi Hope a existé et qu’il a fait ci et ça.»
Nous y voilà! Jimi Hope a vraiment fait ci et ça, à travers au moins quinze œuvres discographiques, désormais léguées à la postérité. Salut l’artiste!
© Serge Mathias Tomondji
Ouagadougou, 6 août 2019