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CINEMA/INTERVIEW - Márquez San Martín: « L'objectif central du FICEM est de contribuer à la sauvegarde du patrimoine immatériel de Palenque, du peuple Afro en Colombie et dans le monde… »

Festival international de cine Evaristo Márquez (Photo DR)
Festival international de cine Evaristo Márquez (Photo DR)

Classée Patrimoine mondial de l'UNESCO en 2005, Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque est désormais une grande attraction touristique. A travers le Festival international de cine Evaristo Márquez (FICEM), Márquez San Martín se bat pour que la Communauté de San Basilio de Palenque ne soit pas seulement une curiosité touristique mais un projet de développement multidimensionnel et bénéfique à toute la Communauté. Afrique Destinations s’est entretenu avec lui. Son Interview.

Afrique Destinations : Pouvez-vous vous présenter à l'attention de nos lecteurs d'Afrique et d'ailleurs qui ne vous connaissent pas ?...
Márquez San Martín: Je suis Enrique Márquez San Martín, né et élevé à San Basilio de Palenque. Fils d'Evaristo Márquez, le premier acteur de cinéma afro-américain en Colombie -parmi ses films les plus célèbres est "LA QUEMADA"- ; et ma mère est Minerva San Martín, une paysanne, une palenquera qui a lutté pour élever ses enfants avec respect et en valorisant sa culture ancestrale.

De profession, je suis psychologue et enseignant des arts du spectacle. Je suis également musicien et percussionniste, directeur du Festival international de cine Evaristo Márquez -FICEM-. Chanteur du groupe Son Bareke, je suis chorégraphe, leader de projets à fort impact dans la communauté de San Basilio de Palenque et dans la région des Caraïbes. Je travaille comme gestionnaire de la paix de la communauté culturelle. Ancien responsable régional du projet de construction de politiques publiques contre le racisme et la discrimination en Colombie, j'ai travaillé comme consultant régional pour l'OIM pour la prise en charge de la population ethnique afro et indigène de la ville de Carthagène. A ce propos, j'étais agent de liaison territorial du secrétaire exécutif de la juridiction spéciale pour la paix, ce qui m’a permis d’acquérir des expériences significatives dans le travail avec les populations vulnérables (afro et groupes ethniques indigènes, petite enfance). J'ai ainsi conçu et réalisé des projets sociaux, culturels, environnementaux, territoriaux et artistiques d'intérêt patrimonial. Dans cette optique, j’ai été gestionnaire du projet de coexistence et de paix à Los Montes de María.

J'ai été l’auteur de propositions telles que la création du Conseil communautaire de Palenque, la déclaration de l'UNESCO de Palenque comme patrimoine oral et immatériel de l'humanité, la création de "l'École Batata de musique et de danse traditionnelles" et l'Association des paysans de Palenque Ma chaker. Actuellement, je suis le Représentant légal de Vision of Peace Corporation, une entité à but non lucratif qui développe actuellement différentes activités, parmi lesquelles se distingue le Festival international de cine Evaristo Márquez -FICEM-, créé en hommage à mon père.

Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque a été déclaré site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2005. Que faites-vous en tant qu'Afro-Colombien pour que ce riche patrimoine perdure ?
Márquez San Martín: Nous travaillons à la réalisation, la présentation et le développement de projets de politique publique visant à renforcer la sauvegarde des manifestations qui incluent des axes de recherche, la formation au sens d'appartenance et d'identité des communautés noires de Colombie et à unir ce sentiment d'identité des peuples appartenant à la diaspora Afro en Amérique Latine et dans les Caraïbes. La question de l'appropriation sociale est importante et renouant avec ces racines profondes qui unissent notre patrimoine immatériel au continent africain, ces traces d'africanité perdurent si nous les rendons visibles, pertinentes et importantes. Tout ce qui précède doit être promu par les institutions publiques et privées comme une obligation requise par la réglementation Afro, comme c'est le cas des Chaires d'études Afro et d'éducation ethnique en complément de l'enseignement public.

Márquez San Martín (Photo DR)
Márquez San Martín (Photo DR).

Palenque de San Basilio ou San Basilio de Palenque est désormais connue des touristes du monde entier, mais qu'est-ce que le FICEM de Palenque ?
Márquez San Martín: Ce sont les acronymes avec lesquels s'identifie le Festival international de cine film Evaristo Márquez -FICEM-, qui est un événement cinématographique qui se tient depuis 2016 dans la communauté de San Basilio de Palenque. Il a un contenu avec un profil Afro et son nom est tiré d'un acteur de Palenque qui a été dans le cinéma international avec Marlon Brando et d'autres grands noms de la compagnie. L'objectif central du FICEM est de contribuer à la sauvegarde du patrimoine immatériel de Palenque, du peuple Afro en Colombie et dans le monde, tout en recherchant les talents locaux et en fournissant des outils à la population Afro pour qu'elle émerge sur la scène de la réalisation et de la production audiovisuelle. Chaque année, au festival, un élément important de la culture Afro est honoré. Le FICEM se développe en 2 temps :

Le premier a lieu entre la communauté de San Basilio Palenque, les communautés voisines de Los Montes de María dans le département de Bolívar, et dans la ville de Carthagène, ce moment a lieu un mois avant l'ouverture à proprement parler du festival, et des pièces audiovisuelles sont créées. Espace de formation pour enfants, adolescents et jeunes de même, à ce stade, les actions visant à la recherche et à la sélection de talents d'acteur sont promues.

Le deuxième moment est l'ouverture officielle du festival et la présentation de pièces telles que des courts métrages, des micro-documentaires, des films, entre autres. Ces œuvres audiovisuelles proviennent de différentes parties du monde. L'espace principal pour la tenue de cet événement est la place principale et la Maison de la culture de la communauté de San Basilio Palenque. Il est important de souligner que 30% de ce qui est présenté à ce festival est créé par la même équipe interne au FICEM. Parmi les gagnants, selon chaque catégorie, ils reçoivent la "Statuette Evaristo Márquez". 

Quels sont les principaux objectifs de le FICEM de Palenque ?
Márquez San Martín: Les cinq objectifs principaux de la FICEM sont :

  • Promouvoir des stratégies pédagogiques visant à renforcer le patrimoine immatériel.
  • Renforcer le cinéma afro et avec lui la visibilité de la culture et des ethnies.
  • Contribuer à l'ethno-développement par le tourisme communautaire, c'est-à-dire que le festival en tant que tel est une route touristique.
  • Promouvoir les retrouvailles avec la population et les ethnies Afro de Colombie et du monde, en accordant une attention particulière à ceux qui viennent d'Afrique, afin de contribuer à la paix et aux liens de coexistence.
  • Activer des espaces qui encouragent les nouvelles générations à créer l'amour et un sentiment d'appartenance au cinéma comme une vie alternative.

Qu'attendez-vous des Afro-Colombiens, d'une part, et de l'ensemble des Colombiens, d'autre part, pour le succès de le FICEM à Palenque ?
Márquez San Martín: La participation est attendue de différentes manières :

  • Appui à la promotion et à la visibilité, compte tenu du fait que nombre d'entre eux gèrent des médias.
  • Participation aux activités et appels qui sont réalisés ouvertement pour l'inscription des travaux intéressés par la version annuelle à réaliser.
  • Plaidoyer directement ou indirectement auprès des entités publiques et privées pour un soutien économique et les différents besoins de gestion qui se retrouvent autour de la réalisation d'un événement comme celui-ci, à caractère international.

Comment pensez-vous que des personnes physiques ou morales de n'importe quelle pays dans le monde (Amérique Latine, États-Unis, Canada, Europe, Asie, etc.) pourraient vous aider à atteindre vos objectifs culturels à travers le FICEM ?
Márquez San Martín: En tenant compte du fait que le FICEM est un projet conçu pour promouvoir la sauvegarde du patrimoine immatériel de Palenque, déclaré par l'UNESCO comme appartenant à l'humanité, nous demandons dans cette perspective :

  • Contribuer à renforcer la visibilité du festival grâce à une promotion numérique sur différentes plateformes et avec de multiples portées et indicateurs mesurables qui conduisent à la réalisation et à la pérennité du projet.
  • Un soutien financier pour couvrir chacun des besoins qui soutiennent la tenue de l'événement.
  • Participation des gouvernements régionaux et nationaux aux annonces qui sont faites d'une commande audiovisuelle.
  • Générer des itinéraires pour que le FICEM participe aux événements qui se déroulent en Colombie et dans les pays liés à cette initiative dans le domaine du cinéma.
Palenque
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Et si vous aviez un message pour les Africains de la Terre Mère, que diriez-vous ? 
Márquez San Martín: Message pour les Africains de la terre mère :
L'un des plus grands désirs de la communauté de San Basilio de Palenque est de pouvoir générer une route directe Afrique-Palenque, et vice versa : Palenque-Afrique, nous croyons que le cinéma est l'outil pour réaliser ce rêve en rendant possible la relation entre la diaspora Afro et les mémoires ancestrales des royaumes africains, mettant en scène différentes interprétations de la réalité sociale, culturelle et identitaire des peuples qui partagent cet héritage séculaire, mais aussi des cinéastes d'autres latitudes qui comprennent et s'identifient à nos luttes et à nos processus de résistance. C'est une grande fierté pour nous, en tant que communauté palenquera et leaders du projet FICEM de faire partie de ce morceau d'Afrique en Colombie. Dans notre interprétation ethnique, en tant que peuple autonome et libre, nous sommes des Africains qui habitons la région caribéenne de la Colombie, nous sommes des frères, unis par la grande mère Afrique.

Suto a sendá lo memo. A ki Lendro di kolombia aten un chito di afrika, i pa suto junto ten ke suto makania pa un memo bera.

Nous sommes égaux. En Colombie, il y a un coin de l'Afrique, et pour que nous soyons sur le même chemin, nous devons travailler ensemble et non pas isolés.

Propos recueillis par Marcus Boni Teiga

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