En 2007, lors d’un reportage au Cameroun, Marcus Boni Teiga a rendu visite à Pius Njawe, le Fondateur et directeur du journal Le Messager dans ses bureaux à Douala. Des retrouvailles très chaleureuses avec le célèbre journaliste engagé et militant de la liberté de la presse qu’il a connu bien des années plus tôt à Cotonou au Bénin alors qu’il travaillait pour le compte du journal La Gazette du Golfe. Voici son reportage au cours duquel il rencontra Pius Njawe pour la dernière fois. C’était avant qu’il soit tué dans un accident de la route le 12 juillet 2010 à Norfolk en Virginie, aux États-Unis.
24 octobre 2007 : l’avion de la compagnie Toumaï Air Tchad décolle de l’aéroport international de Cotonou-Cadjèhoun en fin de matinée à destination de Douala, la capitale économique du Cameroun. Mon voisin de siège est Sénégalais et dès qu’il se rend compte que je suis journaliste, la conversation tourne autour de l’emprisonnement du journaliste nigérien, Moussa Kaka, correspondant de RFI à Niamey, accusé par le pourvoir de collusion avec les rebelles touaregs. D’autres passagers voisins s’en mêlent. Plus que mon avis sur le sujet, ils expriment leurs opinions. Pour eux, c’est une erreur pour le régime Tandja de s’en prendre à un journaliste qui n’a fait que son travail d’autant qu’il n’a pas pris Moussa Kaka aux côtés des rebelles touaregs, l’arme à la main. Nous passons le reste du temps à parler des risques du métier de journaliste. Après une heure 30 de vol, nous atterrissons à l’aéroport international de Douala. Les formalités me prennent beaucoup de temps, puisque c’est à l’aéroport que je prends mon visa d’entrée. Honoré Moundou, mon ami et confrère avec lequel je dois travailler m’attend et nous quittons l’aéroport ensemble pour rouler à travers les rues de Douala que je découvre pour la première fois.
Pour l’étranger qui arrive à l’aéroport international de Douala, sa sobriété et son âge indiquent en apparence que ses beaux jours sont derrière lui. Une image qui caractérise l’ensemble des bâtisses qui se dressent à travers la ville et qui n’en finissent pas d’étendre leurs tentacules sur les bords du fleuve Wouri.
Nous passons à l’Agence Toumaï Air Tchad de Douala au quartier Bonanjo pour une prise de contact avant de nous rendre dans un restaurant, Le White House, pour déjeuner. Le buffet est pour moi une découverte de la gastronomie camerounaise avec notamment la sauce Ndolè, la viande de porc- épic et j’en passe. Le repas est une occasion d’échanges quant à notre plan de travail. Une fois régalés, nous décidons de rendre visite à notre cher doyen, Pius Njawe, du journal Le Messager. Cela faisait plus de dix ans que l’un ou l’autre ne l’avait pas revu. Rencontre chaleureuse qui nous permet d’évoquer de vieux souvenirs, le chemin parcouru dans ce difficile métier en Afrique, et de faire une visite guidée du journal par le maître des lieux. Comme il se trouve par hasard des circonstances que le prochain éditorial de Pius Njawe est consacré à l’affaire Moussa Kaka et la liberté de presse, il nous fait asseoir dans son bureau pour nous le lire et recueillir nos impressions ou avis à toutes fins de retouches. Il a l’humilité des grands journalistes. Lorsque nous quittons Puis Njawe, nous n’avons d’autre envie que de rentrer à l’hôtel, Le Serena Palace.
25 octobre : rendez-vous à l’Agence Toumaï Air Tchad avec le Représentant de la compagnie à Douala, Albert K. Doo-Collins. La rencontre nous permet de faire la connaissance de Valère Epee, professeur, linguiste, écrivain et grand initié. Sa connaissance des traditions du pays et sa grande culture fait que nous entrons tout de suite dans le vif du travail alors que nous sommes invités à déjeuner au Cabanon par le représentant de l’ Agence Toumaï Air Tchad. Comme on peut s’en douter, le déjeuner prend plus de temps qu’il n’en faut et nous ne nous séparons qu’en début d’après-midi. Entre deux rendez-vous, nous avons juste le temps de souffler un peu à l’hôtel.
Quand la nuit tombe sur Douala, il faut répondre à l’invitation de certains amis à l’occasion d’un anniversaire. C’est L’Aristocrate qui nous accueille dans sa boîte. Mais nous n’y restons pas longtemps. La journée ayant été éprouvante.
26 octobre : nous mettons la matinée à profit pour prendre des contacts et pour répondre aussi à nos rendez-vous devenus quotidiens depuis notre arrivée. Entendu que l’après-midi ne serait pas de tout repos. Cet après-midi, avec Valère Epee, nous visitons le palais Dicka Akwa, l’ancien palais royal de Bonanjo, le lieu où Rudolf Duala Manga Bell fut pendu. Des lieux chargés de mémoire et qui méritent d’être réhabilités pour les générations futures.
L’histoire de Rudolf Duala Manga Bell mérite d’être revisitée par les générations actuelles et futures, tant elle est riche en enseignement. Rudolf Duala Manga Bell n’est pas un prince comme les autres. Quand il rentre d’Allemagne dans les années 1896, il est déjà juriste. Pour y avoir été envoyé par son père Auguste Manga Bell, le jeune Rudolf Duala a eu le temps d’apprendre beaucoup de son école primaire à Aalen à son école secondaire et supérieure à Bonn et de se faire des convictions au contact de ses camarades européens. Comme pour se mettre à la hauteur de la mission pour laquelle on le préparait.
A la mort du père en 1909 Rudolf lui succède et devient roi des Bell. Seulement voilà : dès 1910 son règne connaît des turbulences avec l’administration coloniale allemande. L’histoire commence quand naît dans les esprits des colons allemands un plan d’urbanisation comportant deux volets. Primo : l’expropriation des Duala de leur terre de résidence en bordure du fleuve. Secundo : l’instauration d’une sorte d’apartheid en divisant la ville en deux (la ville blanche occupant le bord du fleuve et les enfants de pêcheurs repoussés vers l’intérieur). Cette perspective inadmissible aux yeux de Rudolf Duala Manga Bell est le début de la révolte.
Dès 1912, le Ngondo (Assemblée traditionnelle du peuple Duala), après avoir fait de ce dernier le chef suprême des Duala, le charge de mener ce combat contre les allemands, avec à ses côtés Adolf Ngosso Din, son cousin, Secrétaire et compagnon de lutte. A partir de ce moment, les deux organisent la rébellion.
Adolf Ngosso Din, se déguise et se rend clandestinement en Allemagne. Sa mission est de rechercher des avocats pour défendre leur cause. Sur place, Rudolf Duala Manga Bell rédige une série de correspondances à l’attention des chefs traditionnels, autorités militaires et autres personnalités indigènes aux quatre coins du Cameroun. Dans ces correspondances, le roi leur explique le drame de Douala appelé à devenir avant longtemps le drame camerounais.
Toutes les personnes contactées adhèrent spontanément à la cause des Duala. Sauf le sultan Njoya des Bamoum qui remet sa lettre à un missionnaire allemand. Lequel missionnaire contacte l’administration coloniale et Rudolf Duala Manga Bell est arrêté à Douala et Adolf Ngosso Din en Allemagne. Nous sommes en 1914, la première guerre mondiale vient juste d’éclater et l’Allemagne est sur les dents. Aussitôt les grands mots fusent et l’accusation est celle de haute trahison. Le 7 août 1914, un procès sommaire a lieu et les condamne à la peine de mort par pendaison. La sentence est exécutée dès le lendemain. Les principales têtes de file dans les régions contactées ne sont pas tout à fait épargnées. C’est ainsi que nous avons la déportation de King AKwa (Ludwig Mpondo Avua), Henry Matola de Kribi, Martin Samba d’Ebolawa etc.
Ce don de soi jusqu’au sacrifice suprême dont ont fait preuve Rudolf Manga Bell et Adolf Ngosso Din est un acte à la fois de patriotisme et de bravoure qui mérite un devoir de mémoire de la part des générations actuelles et futures.
En dépit de la présence remarquable des fameux « bensikines » (taxis- moto), du nom d’une danse traditionnelle par laquelle on se trémousse vigoureusement, les taxis interurbains ne se font pas encore rares ici comme dans bien de grandes villes africaines où le phénomène a pris de l’ampleur. Cela saute à l’œil dès qu’on quitte l’aéroport pour s’évanouir dans les dédales de la capitale économique du Cameroun. Avec 2.500 FCFA pour une course en auto et 100 FCFA, voire plus et à débattre, selon la distance et le temps à moto, se déplacer n’est pas un problème. Loin s’en faut.
Même si de nombreux chantiers ne manquent pas çà et là, Douala n’est pas une nouvelle ville. Elle a sans doute perdu de sa superbe et de son lustre d’antan comme en témoigne le nombre considérable d’anciens bâtiments à un ou plusieurs niveaux, l’état de certaines artères secondaires. Et c’est, peut-être, en cela que réside son charme discret. A cela, il faut ajouter son allure un peu british qui évoque une cité anglophone bien que l’on soit dans le Cameroun francophone.
A Douala de décalage du relief est inattendu. Il est loisible de passer d’une route plane à une montée suivie d’une descente selon votre itinéraire et ainsi de suite. Tant et si bien qu’on a l’impression qu’il se décline en tranches successives sous forme de pyramide. On monte, on descend pour reprendre le célèbre humoriste camerounais, Jean Miché Kankan. Sauf qu’ici un cadavre ne doit pas mourir. Il y a plusieurs siècles, depuis ce qui constitua l’embryon du Douala d’aujourd’hui, que la ville se construit selon la mythologie des trois piliers du divin foyer.
Selon le professeur Valère Epee linguistique et écrivain de son état, grand initié de surcroît, Douala tient son nom de son ancêtre fondateur Ewalè .A l’origine, elle s’appellerait Doul’ewalè, c’est-à-dire l’embouchure du fleuve d’Ewalè. La langue Duala procédant par amputation Doul’ewalè est devenu Douèlè avant de connaître une évolution qui est celle de l’appellation actuelle de la ville : Douala. Au 15e siècle, quand le peuple Duala quitta le Congo au moment des grands mouvements migratoires pour arriver à Douala, les Bassa et les Bakoko étaient déjà installés sur les lieux. Les traditions ancestrales étant basées sur l’accueil et l’hospitalité, il s’était agi de créer un nouveau Douala et par voie de conséquence de fonder une nouvelle communauté entre Ewalè et ses frères qui venaient de débarquer en masse et les anciens occupants .Et pour violer les barrières de sang, il fallait un rite qui nécessitait un sacrifice humain. La question se posa alors de savoir laquelle des communautés devait payer ce lourd tribut quand sept jeunes filles vierges se déclarèrent volontaires des rangs des nouveaux arrivants. Ainsi, furent-elles emmenées et sacrifiées au large du fleuve, donnant ipso facto naissance à la légende des sept vierges de Bonadouma .A en croire Valère Epee, des phénomènes extrasensoriels se produisent encore de temps en temps à cet endroit précis .La nouvelle communauté ayant été formée, on commença à parler de Bassa de Douala et de Bakoko de Douala pour les différencier des autres Bassa et Bakoko .Au départ, chaque communauté avait sa chefferie. Ce n’est qu’à partir de 1792 que Douala a connu une chefferie unique. Mais à la mort du roi d’Olamacongo la sécession de son neveu, Akwa, marqua ainsi le schisme entre Akwa et Bell.
Malgré les années de colonisation et ses avatars, sur les bords du Wouri qui traverse Douala, l’on a su garder certaines valeurs traditionnelles, notamment le Ngondo dont l’édition 2007 aura lieu du 14 novembre au 2 décembre.
Jadis le Ngondo était l’Assemblée traditionnelle, la chambre de commerce, la haute cour de justice et l’organe suprême d’exécution du peuple Sawa .Ses assises étaient souveraines et avaient lieu chaque année sur un banc de sable qui émerge au milieu de la rivière Ngondo, un affluent du fleuve Wouri maintenant disparu .Pour les chefs traditionnels du Ngondo que préside Sa Majesté Salomon Madiba Songue, "en mettant l’action au centre et même au cœur des préoccupations de la communauté Sawa, le Ngondo entend jouer un rôle précurseur, de pionnier et de catalyseur pour l’éveil et la prise de conscience collective qui mènent au développement et au progrès de la société tout entière". Fermée donc la parenthèse profane caractérisée par son immixtion politique, économique et culturelle dans la vie des Camerounais qui lui valut d’être interdit en 1977 avant d’être réhabilité en 1991.
Que ce soit au palais Dicka Ackwa ou à l’ancien palais de Bonanjo, le visiteur a de quoi nourrir sa curiosité en dehors mêmes vestiges de la colonisation sous les Allemands et les Français. Le symbole vivant de cette colonisation à plusieurs visages reste la vielle cathédrale de la ville où l’on parle depuis de la succession du célèbre Cardinal Toumi dont les prises de position sur la vie sociopolitique et économique du Cameroun tranchent souvent avec la langue de bois qu’on reconnaît au prélat.
Construite à l’origine par les Frères Pallotins issus du catholicisme allemand dans les années 1890, cette église a finalement été détruite sous la colonisation française dans les années 1930 et placée sous la congrégation des Pères du Saint Esprit Et c’est cette église qui est là jusqu’à nos jours. A sa suite, l’Ecole des garçons Saint Jean Bosco a vu le jour en 1951 avant que le très célèbre Collège jésuite Libermann ne vienne s’y ajouter pour devenir le symbole de l’éducation réussie. Non pas en étant seulement le meilleur collège de Douala, mais aussi celui de tout le Cameroun.
Pour beaucoup, Libermann est dans l’éducation ce que le journal Le Messager est dans la presse. Une réputation que son directeur de publication, Pius Njawe, a construite en accumulant distinctions et prix tant au plan national qu’international, grâce à son combat en faveur de la liberté d’informer et de débattre.
Quand le jour se lève sur Douala, les taxis jaunes et les « bensikines » qui quadrillent la ville de part en part en quête de clients débouchent de partout comme des trous à rats, créant de facto aux heures de pointe des embouteillages par endroits. Cette mégapole dont la population est estimée à 3 millions d’habitants environ est à l’image des grandes villes d’Afrique, avec ses grands panneaux publicitaires le long des artères principales, son centre administratif et commercial, sa rue de la joie, sa marée humaine qui monte et qui descend, ses rues commerçantes etc.
Bonanjo a l’avantage de rassembler à quelques encablures près, contrairement aux autres quartiers de la ville, un nombre considérable de bâtiments administratifs et commerciaux ainsi que des résidences et des hôtels. Quand on veut parler affaires, c’est un endroit idéal. Il n’y a qu’à arpenter les rues dans tous les sens pour s’en convaincre : banques, compagnies aériennes, hôtels, bars restaurants, boutiques s’alignent et montrent que la ville a connu des heures de grande prospérité à une certaine époque. Cela va sans dire quand on sait que Douala dispose d’une façade maritime et que son port fait partie des plus grands et modernes de l’Afrique de l’ouest et du centre. Rien d’étonnant aussi si elle a le statut de capitale économique du pays.
Dans les quartiers de Bali, de New Bell, de Bonapriso, de Bonaberi pour ne citer que ceux-là, l’intensité avec laquelle les gens s’adonnent au commerce le long des rues indique, si besoin en était encore, combien les "Doualais" pour ainsi appeler les habitants de Douala ont en grande partie une propension pour cela. Une activité dans laquelle l’on retrouve en bonne place la gent féminine à en juger par le nombre de celles qui commercent entre Douala et certaines capitales ouest africaines comme Cotonou au Bénin, Lomé au Togo, Lagos au Nigeria, voire Abidjan en Côte d’Ivoire.
La grande ouverture des « Doualais » à l’égard de l’étranger procède en partie sinon du fait de leur culture de l’échange et du voyage, du moins de cette tendance à savoir prendre la vie du bon côté. L’humour, la détente, le chant et la danse sont autant de choses qu’on sait mettre en valeur à chaque occasion. Pour passer un agréable séjour à Douala, il faut avoir les bonnes adresses. Il n’est guère difficile de trouver un hôtel, quel que soit le standing recherché. Le premier conducteur de taxi interurbain ou de taxi-moto peut vous y conduire. Au nombre des hôtels, on peut citer Sawa, Ibis, Le Méridien, Akwa Palace, Parfait Garden, Serena Palace, Beau rivage. Il en est de même des restaurants : Le Cabanon, Oriental Garden Bonapriso, Aladin Bonapriso sont quelques endroits au choix, selon votre goût.
Ici, au pays de Petit Pays, Dina Bell, Ekambi Brillant et autres, la musique et la danse sont ancrées dans les traditions. A telle enseigne que même les nouveaux courants musicaux qui balaient le continent n’ont pas encore réussi à entamer ou ébranler le traditionnel "Makossa" qui continue de tenir le haut du pavé sur les bonds du fleuve Wouri. Dans les boîtes de nuit, l’on peut parfois attendre après plus d’une heure pour avoir droit à un rythme autre que camerounais. Normal, il n’y a rien à gagner à promouvoir ou privilégier une culture autre que la sienne. Et ça, les Camerounais au moins l’ont bien compris. Un détour par le night-club L’Aristocrate ou n’importe quel autre permet de prendre le pouls de l’ambiance la nuit à Douala.
Malgré sa parure de grand-mère, la ville vibre au rythme du cœur d’une jeune fille. Rendez-vous à Echo de Bonanjo si le cœur vous en dit. En plus de servir à boire et à manger, le bar-restaurant offre généralement la nuit un spectacle d’interprétation et de danses à ses clients, pour faire la différence avec les autres pubs ou bars restaurants.
Le boulevard de la République, le boulevard de la Liberté comptent parmi les artères animées à la tombée de la nuit et plus particulièrement le week-end. Il n’en demeure pas moins vrai cependant que ce qu’on appelle pudiquement " la rue de la joie" est encore plus animée le plus souvent. A chacun, sa rue son hôtel, son bar restaurant ou son night-club pour ainsi dire. Quand on a passé une semaine de travail acharné ou que l’on est en quête d’un endroit pour se rafraîchir la mémoire ou changer de décor, il n’y a rien que de très indiqué de se retrouver sur les plages du bord de mer. Douala n’est pas la seule ville à offrir cette possibilité. Limbe et Kribi sont tout aussi des destinations bien prisées.
Du reste, si vous allez à Douala, pour quelque raison que ce soit, il est recommandable de ne pas en repartir sans avoir effectué un crochet à au pied du Mont Cameroun à Buea ou du Mont Etinde à Limbe à une soixantaine de kilomètres. Ce que vous y découvrirai vaudra le déplacement.
27 octobre : nous quittons Douala vers 15 heures en direction du sud-ouest. Après la traversée du pont sur le fleuve Wouri, nous nous arrêtons quelque part dans une station- service non seulement pour acheter du carburant mais aussi pour vérifier l’air des pneus de la voiture. La prudence est mère de sûreté, dit-on. Ces précautions d’usage une fois prises, nous mettons le cap sur Buea au pied du Mont Cameroun. Sur la route, nous traversons le fleuve Mungo, des plantations de bananeraies, de palmiers à huile et d’hévéas. Bientôt, le français fait place à l’anglais quand nous atteignons la ceinture verte d’où commence l’embranchement de Buea. « Welcome to Mutenguene ». A partir de là, nous virons à droite. A Bolifamba, une flotille d’antennes de télé attire notre attention. Mais nous ne nous y attardons pas. Au bout de quelques minutes, nous entrons à Buea. Devant nous, se dresse altier le Mont Cameroun qui culmine à 4090m d’altitude avec quelques nuages blanchâtres qui rôdent alentours. Nous contemplons cette merveille de la nature avant de nous hasarder dans les rues propres de la petite ville. C’est dans l’enceinte de l’université que nous mettons plus de temps. Puis, nous rebroussons chemin pour prendre l’embranchement de Limbe. A Limbe, c’est la rencontre entre la montagne et la mer qui fait le charme de la ville. Rien d’étonnant si elle accueille beaucoup de visiteurs en semaine comme en week-end. Etalée dans une sorte de cuvette jusque sur les monts environnants, Limbe offre un endroit idéal pour le repos. Nous posons nos valises au King’s William Square Hôtel pour la nuit.
La nuit, les environs de l’hôtel et le front de mer sont particulièrement animés. Les bars n’offrent pas seulement à boire mais deviennent pour certains de véritables boîtes de nuit où l’on peut se trémousser à tous les rythmes. Pour les amateurs de fruits de mer, le pied quasiment dans l’eau, on peut manger du poisson, des crevettes etc. Pour se faire plaisir, il suffit de délier la bourse. Et l’on n’est servi. Bien servi, du reste.
28 octobre : la journée commence par la visite du jardin botanique de Limbe, deuxième jardin du genre en Afrique après celui du Kenya. Nous y tombons sur les tombes de guerre du Commonwealth, découvrons plusieurs plantes médicinales. C’est le cas du Quinquina, cet antipaludéen dont l’arbre forestier pousse jusqu’à 30m de hauteur, et qui est à l’origine de la nivaquine. Pendant plus d’une heure, nous arpentons les allées du jardin à contempler plusieurs essences aux formes aussi diverses qu’étonnantes les unes les autres. On peut y passer toute une journée sans se lasser de tourner en rond dans le jardin, tant il fait beau et il est beau, le jardin botanique.
Il faut pourtant finir par en sortir. De là, nous prenons la route de Seme Beach Hôtel, en passant par l’endroit où une éruption volcanique a engendré un amas de laves. Nous y rencontrons des touristes venus visiter le site. Seme Beach Hôtel est un complexe hôtelier orienté vers l’accueil des clients et l’organisation d’événements. Un endroit de rêve non loin du Mont Etinde et au bord de la mer, dans un cadre tout de verdure sur le site même de l’eau minérale naturelle Semme. A compter du 13 décembre prochain, Seme Beach Hôtel accueille un grand événement culturel et commercial avec notamment le vernissage de l’exposition de l’artiste plasticien, Francis Mbella, « l’inspiration du char des dieux » le 15 décembre 2007. Il faut avouer que ce n’est pas y aller qui est plutôt difficile, mais quitter les lieux. C’est avec regret que nous nous résolvons à partir à la tombée de la nuit pour rentrer à Douala. En prenant rendez-vous une prochaine fois, bien entendu.
29 octobre : nous nous réveillons à l’Hôtel Beaurivage. Le temps est maintenant compté. Cette journée est entièrement consacrée aux différents rendez-vous à Douala. Derechef, nous retrouvons Valère Epee pour faire un dernier tour d’horizon des sujets abordés ensemble. Nous nous rendons aussi visite au journal Le Messager une dernière fois.
30 octobre : à 10 heures, je dois être à l’aéroport international de Douala pour le départ. Il nous faut voir l’artiste- musicien Petit Pays. Mais ce sera juste le temps de lui laisser un protocole d’interview et de prendre la route de l’aéroport. Formalités d’usage, et me voici dans la salle d’embarquement, après avoir dit au revoir à Honoré Moundou. L’avion de la compagnie Toumaï Air Tchad est à l’heure. Une passagère s’exclame : « au moins à Toumaï, l’avion est à l’heure ». Quelques minutes plus tard, le temps que les passagers de Douala débarquent et que des vérifications techniques soient faites, nous nous envolons à destination de Cotonou.
Par Marcus Boni Teiga