Haïti a encore une fois été au coeur de l’actualité internationale avec les dernières révélations concernant l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Crime crapuleux ou crime politique ? Le feuilleton Jovenel Moïse n’a décidément pas fini de livrer ses secrets.
Le journal américain The New York Times qui avait déjà fait les premières révélations juste après ce crime surréaliste, revient avec de nouveaux éléments d’enquêtes. Il montre du doigt l’actuel Premier ministre, Ariel Henry. Ce dernier aurait eu un entretien avec Joseph Felix Badio, un ancien fonctionnaire du ministère haïtien de la Justice soupçonné comme l’une des chevilles ouvrières de cette sordide opération. Il aurait ainsi été reçu nuitamment à deux reprises par Ariel Henry « alors qu'il était pourtant recherché par la police haïtienne » écrit le New York Times. Qui pis est, Rodolphe Jaar qui est réputé pour être ancien trafiquant de drogue haïtien et maintenant homme d’affaires, lequel a été arrêté en République Dominicaine avec le concours du FBI a aussi cité dans l’affaire le Général Frantz Elbé, chef de la Police haïtienne.
Le 7 juillet 2021, le Président Jovenel Moïse a été assassiné dans sa chambre en pleine nuit. La nouvelle fait l’effet d’un séisme politique tant à l’intérieur de Haïti qu’à l’extérieur. Les enquêtes de la Police haïtienne vont déceler qu’une partie du commando de mercenaires ayant opéré est composé d'anciens soldats colombiens. Ce que le Président colombien, Iván Duque, a confirmé. Seulement voilà : il a ajouté que si le cerveau de ce groupe savait le genre d’opération qu’il allait mener à Haïti, les autres ont été enrôlés sous le prétexte d’aller y travailler comme gardes du corps. Quant au ministère américain de la défense des Etats-Unis, il a indiqué a que certains des Colombiens avaient été formés aux États-Unis alors qu'ils étaient encore dans l'armée colombienne. Parmi les 28 membres suspectés, il y a tout de même deux Haïtiens mais qui ont la nationalité américaine aussi.
A l’occasion de l’inhumation du président assassiné, sa veuve a notamment déclaré : « Je pense que c'est là que tu seras en sécurité ». Non sans s’étonner qu’aucun des agents affectés à la sécurité de son défunt époux n’ait été blessé lors de cette attaque. « J'ai eu Dimitri Hérard, j'ai eu Jean Laguel Civil (...) Et ils m'ont dit qu'ils arrivaient », lui confia son mari avant d’être tué. Désormais aux arrêts, ils devraient s’expliquer quelles que soient les raisons de leur absence au moment où ce commando de mercenaires a attaqué sa résidence.
Tandis que les Haïtiens s’interrogeaient encore sur les auteurs de ce forfait et que des enquêtes se poursuivaient, la classe politique s’entredéchirait sur la succession par intérim. Sa dépouille est à peine ensevelie sans avoir même eu le temps de refroidir, comme qui dirait. L’ancien Premier ministre Claude Joseph avait cru devoir s’attribuer la mission de gérer les affaires courantes. Mais il a été vite récusé par certains acteurs de la classe politique étant donné que feu le Président Jovenel Moïse s’était séparé de lui et avait nommé en lieu et place Ariel Henry à la tête du gouvernement.
Selon une enquête du New York Times, l’assassinat du Président Jovenel Moïse serait lié à un vaste trafic de stupéfiants dans lequel sont impliqués diverses personnes parmi lesquelles d’actuels et d’anciens fonctionnaires, dont le commandant Dimitri Hérard déjà suivi par la Drug Enforcement Administration (DEA), l’Agence américaine de lutte contre le trafic de stupéfiants. Laquelle enquêtait depuis des années à son sujet sur la disparition de plusieurs tonnes de cocaïne et d’héroïne, subtilisées par des fonctionnaires corrompus. Et le journal américain de poursuivre en révélant que : « Outre Hérard et le beau-frère d’un ancien président haïtien, des juges sont impliqués dans cette gigantesque affaire de trafic de stupéfiants. D’après certains témoignages, la quantité ahurissante de drogue raflée par des responsables montre à quel point Haïti est devenu un narco-État. Depuis de nombreuses années, en effet, des politiques haïtiens, des membres de l’appareil judiciaire et même des agents de la DEA ont laissé s’installer la corruption ». Le trafic de stupéfiants n’est pas étranger à la partition du pays en plusieurs fiefs sous le contrôle de gangs souvent affiliés à des acteurs politiques. Cette collusion est une gangrène dont les ramifications sont multiples. Elles empêchent Haïti de se projeter de manière durable dans la paix et la stabilité. A moins de résoudre d’abord ce problème, toute action de la communauté internationale. D’où la nécessité d’une action d’envergure sous l’égide de l’ONU à l’instar d’une Conférence internationale sur Haïti.
Tandis que le pays se remettait, une autre catastrophe va s’abattre sur lui le samedi 14 août. Un tremblement de terre de magnitude 7,2. A en croire un scientifique, cela équivaudrait à trente bombes atomiques. Outre le fait d’avoir fait plusieurs centaines de morts, les nombreux dégâts matériels : Des villes et des villages ont été détruits. Parmi elles, l’on compte la ville de Jérémie, plus connue aussi sous le nom de la « cité des Poètes » et qui est la ville natale du Général Alexandre Dumas, le père de l’auteur des Trois Mousquetaires. C’est à croire qu’il y a un funeste destin qui s’acharne contre le pays de Toussaint Louverture et de Dany Laferrière.
Ce n’est pas la première fois que Haïti est frappé par ce genre de catastrophes et ce ne sera certainement pas la dernière fois. L’aide internationale a beau affluer dans le pays, il faudrait à la Communauté internationale de concert avec les Haïtiens de repenser l’utilisation qui en sera faite. Mieux, le soutien apporté au pays doit être à long terme pour tenir compte dorénavant des normes sismiques dans son plan de développement. Et c’est justement pour cela qu’une Conférence internationale sur Haïti et un Plan d’urgence sont nécessaires pour ne pas donner des raisons aux Haïtiens de désespérer de leur pays.
Par Alan Buster