Présente partout où l’on a besoin d’elle, MieJeanne Nyanga-Lumbala inscrit son combat social et politique au service des plus vulnérables et défavorisés. Cette femme originaire de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) est entrée au Parlement fédéral belge, à force de courage et de convictions quant à son idéal social. Un idéal qu’elle porte en elle comme une livrée. Portrait.
Mie-Jeanne Nyanga-Lumbala est une femme d’honneur et une forte personnalité. D’un port altier et la démarche ondulante comme le fameux cobra tutélaire – symbole de la mère protectrice dans les anciennes traditions africaines-, ce qui la caractérise tout particulièrement est surtout son honnêteté sans faille et sa fidélité à toute épreuve. Cette sexagénaire qui sait aller au-devant des autres, est une femme avenante dont il est difficile de se lasser en sa compagnie. Même pour le plus teigneux des humains. Mais il ne faut point se méprendre de sa convivialité, de son amabilité et de sa prévenance. Car, il s’agit là d’une femme de caractère qui n’a point sa langue dans sa poche. Et qui sait dire les choses sans ambages. Indignée de la première heure, Mie Jeanne Nyanga-Lumbala est une indignée bien avant que les indignées n’existent. Et pour cause, après avoir travaillé en République démocratique du Congo (ex-Zaïre de l’époque), dans le secteur bancaire, en tant qu’Assistante de direction à la Banque internationale pour l’Afrique au Zaïre (BIAZ), Mie-Jeanne Nyanga-Lumbala a dû quitter son pays d’origine en 1988. Pour fuir des persécutions politiques, elle a alors choisi de vivre en Belgique C’est là, dans ce pays qui l’a adoptée et lui a ouvert tous les horizons pour développer les projets qui lui tenaient à cœur depuis sa tendre enfance, qu’elle va se refaire rapidement. Ses études en gestion commerciales faites au Congo, elle va les parfaire avec une formation Post-Graduate en Gestion d’Entreprise d’Economie Sociale d’Insertion à l’Enseignement de Promotion et de Formation Continue/Université Libre de Bruxelles (EPFC/ULB).
« MJNL », comme on l’appelle affectueusement de ses initiales, est donc une personne qui est fort engagée dans la vie sociale et politique dans son pays d’adoption, la Belgique. Cette Mamie de trois petits enfants, très proche de l’humain et à l’écoute des plus vulnérables et défavorisées, n’a de cesse d’innover pour apporter des solutions aux problèmes qu’elle côtoie au quotidien dans sa société. C’est, du reste, pour essayer d’apporter sa modeste contribution à un mieux-être de l’humain dans sa société qu’elle s’est depuis engagée en politique. Pour faire entendre la voix des sans voix et la porter le plus haut possible. Son combat : celui contre toutes les injustices, les inégalités ainsi que toutes les formes de discrimination. Après les tracasseries que connaissent tous les immigrés pour s’adapter aux nouvelles conditions de vie qui s’imposent à eux quand ils arrivent dans un pays étranger, européen en l’occurrence, elle a décidé de s’installer à son propre compte. Aussi, a-t-elle en créé en 1996 une unité de production la Société Coopérative à Responsabilité Illimitée et Solidaire (SCRIS), « La Kinoise ». Laquelle se voulait un espace interculturel où se tenaient des échanges, des médiations, avec à la clef un restaurant social ; bref un lieu de rencontre et de partage où se retrouvaient toutes les personnes de la commune, et cela sans distinction de race, de sexe, d’âge ni de confession religieuse.
Comme elle a l’habitude de le dire elle-même, son engagement en politique n’est pas le fait du hasard, c’est un apostolat qui lui a permis de côtoyer les décideurs pour les mettre devant les réalités que vivent les autres classes de la société sans qu’aucun intérêt particulier ne leur soit accordé. « Maman Mie-Jeanne », comme aiment à l’appeler affectueusement ses proches, a un parcours qui ferait bien des jaloux. Si, a contrario, il ne servait pas surtout d’exemple pour les jeunes issus de l’immigration – en manque de repères -, et particulièrement les jeunes filles. Elle est en effet un véritable exemple de réussite et d’intégration parfaite dans la société belge : première femme à être élue conseillère communale du Parti Socio-Chrétien (PSC) devenu CDH, à la Commune de Saint-Josse-Ten-Noode, elle a gardé ce mandat pendant 12 ans, en même temps qu’elle a travaillé aux côtés de Monsieur Benoit Cerexhe, ministre bruxellois de l’Emploi et de l’Economie comme collaboratrice pendant 10 ans. Toujours fidèle à sa volonté d’assister les plus vulnérables et défavorisés, elle va créer une association à but non lucratif dénommé « Africa SubSahara » qui s’occupe et accompagne toutes les personnes en situation de précarité, de toutes les nationalités et sans distinction aucune.
Et toujours fidèle et loyale à son parti, le CDH, à la demande de ce dernier, elle a dû déménager pour s’installer dans la ville de Bruxelles, afin de renforcer l’équipe CDH de Bruxelles. Et depuis mars 2013, elle est Conseillère au Centre Public d’Action Sociale (CPAS) de la ville de Bruxelles. Mie Jeanne également la première Députée fédérale issue de toutes les minorités subsahariennes et de surcroît première femme noire à siéger au Parlement fédéral belge sous le label du Parti centriste « Centres Des Humanistes Démocrates » (cdH), en sigle. Elle a prêté serment dans l’auguste assemblée en cette qualité le 16 mai 2013. Qui dit mieux ! Dans le cadre de ses activités sociales, « Maman Mie-Jeanne » s’est vu décerner le prix honorifique de « Femme de Paix 2011 », distinction qui couronne toutes les actions qu’elle a menées et continue de mener sur le terrain et ses prises de position en faveur de la paix dans le monde et de la réhabilitation des femmes meurtries et maltraitées partout à travers le monde. Si elle est une amazone des temps modernes pour qui l’approche genre compte pour beaucoup, elle n’oublie cependant pas surtout qu’aussi bien l’homme que la femme, à l’instar des différentes composantes de toute société, doivent être complémentaires et ouverts sur le reste du monde. Une vision qui fait d’elle une femme qui rassemble, au-delà des origines, des couleurs et des catégories socioprofessionnelles ou confessionnelles. Et c’est là, la force de son cœur qui lui est tout à fait à son honneur.
Par Abdul Yazid