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PORTRAIT /ASSIA DJEBAR : Une académicienne pas comme les autres

Assia Djebar

Son nom restera à jamais : Assia Djebar. L’écrivaine et cinéaste d’origine algérienne, membre de l’Académie française et Professeur d’université, Assia Djebar est décédée le 7 février en France, à l’âge de 78 ans.

C’est dans son village natal de Cherchell qu’Assia Djebar reposera désormais. Après une vie intellectuelle bien remplie. Et qui fait honneur à son pays d’origine, à savoir l’Algérie en particulier et l’Afrique en général. De son vrai nom, FatmaZohra Imalayène, elle est née le 30 juin 1936, à une centaine de kilomètres d’Alger. Celle qui est en effet devenue la célébrissime femme de lettres, cinéaste et qui plus est, académicienne, a su faire cohabiter sa double culture arabe et française tout au long de sa vie.

Elle va d’abord intégrer l’Ecole française, avant le Collège de Blida. Nantie de son baccalauréat en 1953, Assia Djebar est accueillie en hypokhâgne au Lycée Bugeaud d’Alger (Lycée Emir Abdelkader actuel). Mais sa soif de connaissances va la conduire à quitter très tôt son Algérie natale pour retrouver Paris où elle intègre le Lycée Fénelon. En 1955, elle est la première Algérienne et musulmane à entrer à l’École normale supérieure des jeunes filles de Sèvres pour y étudier l’Histoire. Assia Djebar est déjà une militante à l’époque. Elle sera, du reste, exclue de l’école en 1956 pour fait de grève à l’appel de l’Union générale des Étudiants musulmans algériens (UGEMA). De cette exclusion, pour ainsi dire, naît son premier roman La soif qu’elle signe sous son nom de plume : Assia Djebar, autrement dit Assia : la consolation et Djebar : l’intransigeance.

Dès 1959, c’est à la Faculté des lettres de Rabat au Maroc qu’elle poursuit ses études en Histoire avant de commencer à l’y enseigner aussi. Puis en 1962, elle retrouve son Algérie natale à la faveur de l’indépendance comme Professeur d’Histoire moderne et contemporaine à l’Université d’Alger. Toujours « intransigeante », elle doit encore quitter son pays, cette fois-ci parce qu’elle refuse d’enseigner en arabe littéraire. Dès lors, elle passe le plus clair de son temps en France où elle revient carrément à partir de 1980. Déjà, à partir des années 1970, elle se consacre aussi de plus en plus au cinéma, et cela au détriment de l’écriture. Avec, entre autres, son long-métrage La nouba des femmes du Mont Chenoua, qui obtient le Prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise, en 1979 et La Zerda et les Chants de l’oubli qui décroche le Prix du Festival de Berlin en 1983 et de surcroît sacré « meilleur film historique ».

En 1999 elle soutient sa thèse, autobiographique pour être consacrée à sa propre oeuvre, à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 : « Le roman maghrébin francophone, entre les langues et les cultures : 40 ans d’un parcours : Assia Djebar 1957- 1997 ». L’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique l’accueille comme membre la même année en son sein. Elle sera également la première des écrivains du Maghreb à entrer à l’Académie française en 2005. En lieu et place de Georges Vedel. Docteur honoris causa des universités d’Osnabrück en Allemagne, de Vienne en Autriche et de Concordia (Montréal) au Canada, Assia Djebar vivait entre la France et les États-Unis, où elle enseignait la littérature française depuis 2001. Elle avait épousé l’écrivain Walid Carn en premières noces et Malek Alloula en secondes.

Par Tcha Sakaro

Assia Djebar, la première Algérienne et musulmane à entrer à l’École normale supérieure des jeunes filles de Sèvres en 1955 et la première des écrivains du Maghreb à entrer à l’Académie française en 2005.
 

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