Candidat désigné par le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS TARAYYA), Mohamed Bazoum a été élu Président de la République du Niger à l’issue d’un scrutin présidentiel à deux tours. Face à l’opposant et ancien Président Mahamane Ousmane au second tour, les reports de voix des candidats arrivés en troisième et en quatrième position ainsi que les alliances avec d’autres partis politiques ont eu raison du suspens de l’entre-deux tours. En portant triomphalement à la tête du Niger celui que l’on considère comme l’un des plus fidèles compagnons du Président sortant, Mahamadou Issoufou.
Avec le soutien de quarante (46) partis politiques regroupés au sein d’une coalition baptisée en son nom « Coalition Bazoum 2021 », le candidat Mohamed Bazoum du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS TARAYYA), était bel et bien parti pour être élu président de la République su Niger. Les résultats du premier tour du scrutin présidentiel ne l’ont pas démenti. Tant à l’issue du premier tour du 27 décembre 2020, il recueille 39, 30% des suffrages, soit plus d’un million de voix de plus que le deuxième, l’ancien Président Mahamane Ousmane. Les soutiens des candidats arrivés respectivement troisième (MNSD Nassara avec 8,95%) ; quatrième (MPR Jamhurya avec 7,07%) ; et ceux de l’ANDP Zaman Lahiya avec 2,4%, du RPP Farilla avec 2,47% ainsi qu’une cinquantaine de partis politiques supplémentaires vont faire le reste pour le second tour du 21 février 2021.
En dépit de quelques contestations des résultats par le candidat de l’opposition ainsi que ses alliés, la Cour constitutionnelle statuera sur les requêtes et rendra son verdict. Le 21 mars 2021, la Cour constitutionnelle déclare Mohamed Bazoum élu Président du Niger avec 55,66% des voix. Il s’ensuit son investiture lieu le 2 avril 2021, peu après une tentative de coup d’Etat. Le scrutin est reconnu juste, transparent et crédible aussi bien par les observateurs nationaux et internationaux que par les institutions internationales et autres partenaires étrangers du pays.
Fait rare pour être souligné au Niger, Mohamed Bazoum est Arabe et originaire de la Région de Diffa aux confins du Niger, du Tchad et du Nigeria. Il appartient à ceux que l’on appelle les Oulad Souleymane qui sont des Arabes originaires de l’ancien Fezzan en Libye. Né en 1960 à Bilabrine près de N’Gourti, il fréquente l’Ecole primaire de Tesker, le Collèges de Maïné-Soroa et le Collège de Gouré. Passées les études primaires et secondaires, c’est au Lycée Amadou Kouran Daga de Zinder qu’il obtient son Bac en 1979.
Il part pour Dakar au Sénégal et y effectue ses études universitaires de 1979 à 1984 à l’Université de Dakar. Lesquelles sont sanctionnées au Département de Philosophie par une Maîtrise en Philosophie politique et Morale, puis il obtient un DEA Option Logique et Epistémologie.
Mohamed Bazoum est l’un des membres fondateurs du PNDS TARAYYA avec l’ancien Président Mahamadou Issoufou. Polyglotte et doté d’une grande culture, l’homme qui a été plusieurs fois ministres : ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Intérieur et de la Séurité...Il est élu Député à l’Assemblée nationale plusieurs fois aussi en 1993, en 2004, en 2011 et en 2016, toujours dans la circonscription de Tesker à Zinder. Plusieurs fois Vice-président de l'Assemblée nationale et président du groupe parlementaire du PNDS-TARAYYA, pour ne citer que ces fonctions-là. Reconnu pour son engagement en faveur de l’égalité des chances et l’émancipation de la femme, le Président du Niger est quelqu’un qui n’a pas sa langue dans sa poche. Il est très proche des populations nigériennes. Mais ce qui fait sa plus grande réputation, c’est le fait d’avoir un franc-parler dérangeant. Les autorités maliennes en savent quelque chose déjà. Face à la crise sociopolitique au Mali, sur fond de coups d’Etats, il ne s’était pas fait prier pour déclarer à l’occasion d’un sommet avec son homologue français Emmanuel Macron à Paris : « Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu'ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d'État (…) Qui va faire la guerre à leur place ? Ce serait facile si chaque fois qu'une armée de nos pays a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir ! C'est ce qui s'est passé par deux fois au Mali (...) Ce ne sont pas des choses acceptables ».
Reste à savoir si ses habits de Président du Niger lui permettront de continuer à donner des coups de coudes avec des envolées lyriques ou s’il va préférer devenir philosophe au sens premier du terme. En tout cas, le continuateur du programme dit de la Renaissance Acte III devra savoir nager entre deux eaux, entre politique et philosophie, pour éviter de se mettre tout le monde à dos. Car il connaît bien son pays, lui qui vient du Niger profond. C’est un pays qui est riche de sa diversité et il lui appartient de veiller à ce que ses concitoyens bénéficient sous son régime des mêmes chances pour chacun et pour tous, tout en continuant à défendre l’émancipation des femmes dont il a toujours été l’un de leurs ardents défenseurs.
Le port du visage altier, lunettes bien droites, moustache toujours parfaitement entretenue, l’air à la fois sûr de lui mais inquiet en même temps, Mohamed Bazoum est un homme très proche du peuple. Un peu bourru dans son engagement, ce qui rappelle ses années passées trop longtemps dans les luttes syndicales, on ne saurait lui reprocher son amour pour son pays. Même si certains adversaires incapables de l’affronter dans les urnes avaient cru devoir prendre le fait qu’il soit Arabe et originaire des confins du pays pour barrer la route à sa candidature à l’élection présidentielle. Marié et père de quatre enfants, le Président Mohamed Bazoum est un homme plutôt affable pour ceux qui le connaissent. Sa moustache trompeuse ne reflète pas en réalité la grande générosité et la simplicité de ce redoutable homme politique du Niger.
Par Ibrahima Massahoudou
