Le Niger, à l’instar de l’ensemble des pays du Sahel, fait face à divers actes terroristes menés par des groupes armés affiliés à Al-Qaïda ou à l'État islamique (EI). Une situation non seulement préoccupante en matière de sécurité mais aussi préjudiciable au pays quant à la mise en œuvre des actions en faveur de son développement.
Aucune région du Niger ne semble apparemment épargnée par les actions terroristes. Les divers groupes qui opèrent dans le Sahel sévissent partout où ils peuvent semer chaos et terreur. Qu’il s’agisse de la Région de Diffa du côté du lac Tchad ou de la Région de Tillabéry à quelques kilomètres de Niamey, la capitale, ou encore dans le Gourma aux confins des trois frontières. Le Niger a payé un lourd tribut ces dernières années face à la recrudescence des attaques des terroristes islamistes.
Plusieurs militaires nigériens ont ainsi été tués dans leur engagement pour défendre le pays et assurer la sécurité des populations. Mais parfois, ce sont ces dernières qui sont souvent les premières victimes avant même que les forces de l’ordre n’interviennent. Parmi les plus mémorables, on peut citer les attaques du dimanche 21 mars 2021 dans les localités d'Intezayane, de Bakorat, de Woursanat et plusieurs autres hameaux et campements situés dans le département de Tillia, dans la Région de Tahoua. Elles ont fait 137 morts. Auparavant, il y avait eu aussi les attaques de deux villages de la commune de Mangaïzé qui ont fait une centaine de morts le 2 janvier, entre les deux tours de l'élection présidentielle. Le 9 janvier 2020, l’on se souvient que 89 militaires nigériens ont été tués dans l'attaque perpétrée contre leur camp militaire de Chinégodar. Peu avant un autre triste bilan dans les rangs de l’armée intervenu le 10 décembre 2019 quand 71 militaires nigériens ont été tués dans une attaque à Inates, une autre localité de la Région de Tillabéri. Ces deux dernières attaques ayant été clairement revendiquées par les éléments des groupes Jihadistes de l'Etat Islamique. Et la liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut. Récemment, le 4 novembre 2021, 69 civils ont été tués dans une embuscade par des terroristes du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS) non loin du village d'Adab Dab à quelques kilomètres de Banibangou, dans la région de Tillabéry. Parmi les victimes, il y avait le Maire de Banibangou. Aux populations de cette localité ainsi qu’à tous les Nigériens, il a déclaré en se rendant le 6 novembre 2021 sur place : « Je voudrais que vous comptiez sur les FDS, sur la gendarmerie nationale, sur la garde nationale, sur la police nationale, c'est leur travail d'assurer la sécurité… », tout en insistant sur le fait qu’il est de son devoir élémentaire de venir personnellement partager leur deuil avec les populations éplorées. « Qu’est-ce qu’ils veulent? Ce qu’ils font, où ça va les amener? Ils sont sur des motos, ils tuent des gens, ils volent et après? Ce sont des ignorants, ils ne sont rien », a déclaré le Président Mohamed Bazoum à Banibangou, dans la zone des « Trois frontières » à l'Ouest du pays où les 69 personnes ont été tuées par des terroristes.
Toutes ces attaques ont entraîné des déplacements de populations cers des endroits plus sécurisés avec les conséquences qu’ils n’ont pas manqué d’engendrer. Dans un pays où les effets du changement climatique se faisaient déjà âprement ressentir, le nouveau Président Mohamed Bazoum n’a pas d’autre choix que de prendre son bâton de pèlerin pour arpenter son pays et s’évertuer à apporter les solutions aux uns et aux autres. Toutefois, c’est un secret de polichinelle que ce ne sont pas avec des solutions d’urgence que le Niger va se construire. Bien avant de devenir le nouveau Président du pays, Mohamed Bazoum considérait déjà la lutte contre l’insécurité comme la priorité des priorités des pays comme le Niger. Et ce n’est pas le fait du hasard si, lors de sa campagne présidentielle, il avait reconnu que les activités terroristes des groupes djihadistes « distrait des ressources qui auraient pu être utilisées à des fins de promotion sociale et économique », au lieu d’être investi notamment l’économie et le social, l'éducation, la lutte contre pauvreté. Comme il l’avait déjà si bien dit lui-même bien des années avant : « Nous n’avons plus personne qui puisse avoir confiance à la sécurité de certaines parties de nos pays pour aller y investir ou faire du tourisme. C’est une mauvaise publicité pour nos Etats ». Le terrorisme qui frappe le Niger de plein fouet désorganise le tissu économique et social et perturbe les actions du gouvernement. Et c’est en cela qu’il constitue un véritable frein pour le développement, autant du Niger que des autres pays qui en sont impactés.
Par Abdul Yazid