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CARNET DE ROUTE/SOUVENIRS - CAP-VERT : Au pays de Cesaria Evora

Situé au large de Dakar, le Cap-Vert est un archipel qui constitue l’un des métissages les plus réussis entre le passé et le présent, entre les Noirs et les Blancs. Ici, on a l’impression d’être culturellement à mi-chemin entre l’Afrique et l’Europe. Mais on est bel et bien en Afrique, dans un pays membre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Bienvenue au pays de Cesaria Evora.

17 avril 2013. Isolés qu’ils sont les uns des autres dans leur île, les Cap-Verdiens ont bien compris qu’il faut miser dans une bonne compagnie aérienne pour désenclaver aussi bien l’intérieur que l’extérieur du pays. Elles ne sont pas légion les compagnies africaines qui fonctionnent comme celle du Cap-Vert. L’avion qui nous transporte de Dakar au Sénégal, se pose sur le tarmac de l’aéroport international de Praia, la capitale. Après quelques minutes seulement de vol. Contrairement à beaucoup de pays africains encore, les autorités cap verdiennes ont compris que pour développer le tourisme, il faut pouvoir donner le visa à l’aéroport. Ici pas de visa pour entrer pour des citoyens de la CEDEAO comme nous.

Nous quittons l’aéroport pour parcourir les rues de Santiago, la plus grande des îles du Cap-Vert. Première chose : il faut trouver un hôtel. Après une première tentative infructueuse pour cause de réservation complète, nous sommes dirigés vers le quartier résidentiel. A l’hôtel Amsterdam. Cela tombe bien, nos réceptionnistes parlent assez bien le français. C’est moins dépaysant quand on ne parle pas un mot de Portugais. En effet, nous sommes ici dans une ancienne colonie portugaise, indépendante seulement depuis 1975. Et Amilcar Cabral en est le leader et le héros.

La nuit vient de tomber. Elle tombe apparemment vite ici. Nous prenons nos quartiers à l’hôtel. Nous n’avons que juste le temps de faire quelques pas autour de l’hôtel. Histoire de voir à quoi ressemble ce quartier résidentiel.

18 avril. Après le petit-déjeuner, nous découvrons Praia au lever du jour. La ville s’éveille comme l’indiquent ses rues dans lesquelles les taxis jaunes règnent en maîtres. Pour organiser notre séjour, il est indispensable de trouver une agence où l’on change de l’argent. Ensuite, il faut acheter deux billets pour Mindelo sur l’île de Sao Vicente. Non loin de l’hôtel, nous réglons tout cela. Plus vite que nous ne le pensons. Alors nous décidons de louer un taxi et de mettre le cap sur Tarafal qui se situe sur la même île que la capitale.

Musicien Mindelo
Musicien Mindelo

Nous traversons Praia. La ville qui s’étend entre la mer et le flanc de colline s’étire. Jusqu’à la sortie en direction de Tarafal. Sur les terres arides, seuls quelques épineux bravent et le sol et le climat pour se dresser fièrement. Car ici, l’air est sec et chaud en milieu de journée même si la brise marine l’adoucit de temps en temps. Le relief n’est pas monotone. Bien au contraire. On monte et descend, sans parfois crier gare. Et parfois, à flanc de colline.

Nous nous arrêtons dans un premier temps au Centre artisanal de Sao Domingos. S’il est certes petit, on peut y trouver des choses intéressantes : vannerie, collier, poterie, pagne, etc. Notre deuxième escale, nous la faisons au belvédère d’Assomada. Impossible de passer sans s’arrêter à cet endroit d’où l’on domine quasiment toute la ville. La vue est panoramique. En poursuivant la route, nous arrivons au bout, à Tarafal.

Tarafal est une petite ville tranquille de pêcheurs. Sa plage en forme d’arc est sans doute l’une des plus belles du Cap vert, avec ses cocotiers et son sable blanc. Mais non loin, à Chao Bom, c’est aussi un lieu de mémoire. Droits commun, prisonniers politiques et autres leaders indépendantistes ont connu l’internement dans le fameux bagne depuis 1936. Et un petit musée y est consacré.

Ayant emprunté une voie qui passe par l’intérieur des terres pour nous y rendre, nous choisissons de rentrer en passant par la côtière, celle qui longe la montagne et la mer. De Tarafal à Praia en passant par Ribeira et Pedra Badejo. En moins d’une journée, nous faisons ainsi le tour de l’île de Santiago.

19 avril. Nous partons de l’aéroport international de Praia pour atterrir à l’aéroport Cesaria Evora de San Pedro sur l’île de Sao Vicente. En sortant de l’aéroport, une statue géante de la désormais célèbre vedette cap verdienne nous accueille. Une quinzaine de kilomètres nous séparent de Mindelo, sa ville natale où elle est inhumée. Nous prenons un taxi et arrivons juste à temps pour prendre le prochain ferry à destination de l’île de Santo Antao. Direction : Porto-Novo.

L’hôtel dans lequel nous logeons est tenu par un couple. Le propriétaire qui a repris une affaire familiale a fait une partie de ses études en France. Encore une fois, nous ne sommes guère dépaysés. Sur la terrasse qui tient lieu de restaurant, nous passons la soirée à discuter au dîner.

20 avril. Le matin, le chauffeur de taxi qui nous a conduits la veille, du port à l’hôtel, vient nous chercher. Pour faire le tour de l’île, nous partons par la route montagneuse. Elle monte, tournicote, descend et ainsi de suite dans un paysage de montagne découpée où tout espace constructible est quasiment occupé. Des champs en terrasse succèdent aux champs en terrasse. Manifestement, c’est l’île la plus verte. Nous montons jusqu’au toit de l’île avant de descendre tout en bas à Ponta do Sol, à l’autre pointe.

Ponta do Sol est situé au pied de la montagne. Petite ville tranquille qui donne l’impression d’être désertée parfois, son isolement la rend plutôt conviviale. Au bord d’une mer généralement déchaînée, elle offre un spectacle insolite chaque fois que les pêcheurs reviennent de mer. On peut ainsi apercevoir des habitants en train d’écailler et de laver leurs poissons dans les eaux des trous que le flux et le reflux de l’eau de mer a fini par creuser. Face à notre hôtel, une artiste française installée sur place depuis quelques années déjà tient une boutique où le visiteur n’a que l’embarras du choix face à la kyrielle d’objets originaux qu’on y trouve.

21 avril. Notre chauffeur revient de Porto-Novo nous chercher à Ponta do Sol pour rentrer à Porto-Novo. Et cette fois-ci, par la route côtière. Après plusieurs montée et descentes, nous laissons Ribeira Grande et arrivons à Paul. Nous bifurquons à droite et nous enfonçons un peu à l’intérieur de ce qui ressemble à un bassin verdoyant où poussent cocotiers, bananiers, manguiers, etc. C’est là que nous découvrons les cases traditionnelles, faites de pierres superposées les unes sur les autres et de toits en raphia. Au bout de quelques kilomètres, nous rebroussons chemin et reprenons la côtière. En passant par Pico da Cruz, le nouveau tunnel, nous regagnons ainsi Porto-Novo.

22 – 25 avril. Nous quittons Porto-Novo à bord d’un ferry pour Mindelo. C’est à l’hôtel Chez Loutcha que nous posons nos valises. Pour plusieurs jours. Le temps de découvrir Mindelo et ses environs. Mindelo est une petite ville à dimension humaine et fort sympathique. Ici, il y a non seulement un Centre culturel français, mais aussi un Consulat de France. Et Loutcha elle-même qui a longtemps vécu à Dakar au Sénégal est parfaitement francophone. Chaque île du pays a manifestement son charme. San Vicente sur laquelle se trouve notamment Mindelo, San Pedro, Calhau a la particularité d’offrir des paysages suffisamment variés. A cela s’ajoute les nombreuses plages des baies à l’abri des vents et qui sont de sable tantôt blanc venu du désert, tantôt noir d’origine volcanique comme les îles. Certaines cités côtières sont plus occupées par des maisons de vacances que des habitations dans lesquels des gens vivent en permanence. Lorsque nous nous rendons à Calhau, la petite cité est presque endormie. Seuls quelques ouvriers travaillent sur un chantier, hormis les tenanciers de deux ou trois bars restaurants. Comme nous, quelques visiteurs y passent mais retournent à Mindelo après quelques heures passées sur place. En une journée, nous faisons le tour de l’île en 4 X 4, car ça grimpe parfois très haut et à flanc de montagne. Sur le point le plus élevé, une vue panoramique permet de contempler alentours. Là se trouve aussi la station de télécommunication, avec ses antennes qui s’élèvent sur le toit de l’île. 

Cap vert anciennes cases
Cap vert anciennes cases

Chez Loutcha, on peut être sûr de deux choses : bien manger et écouter de la bonne musique cap verdienne que des artistes invités offre aux clients. Il faut se rappeler qu’à Mindelo, on est bel et bien chez Cesaria Evora. Elle est d’ailleurs inhumée ici dans un cimetière de la ville.

26 avril. Retour à Praia. Victor Constantin et son épouse, la fille d’un ami médecin du Tchad, le Dr Pascal Papasian, nous attendent depuis notre arrivée. Nous prenons rendez-vous pour le lendemain.

27 avril. Ballade à Praia.

28 avril. Victor, son épouse et leurs deux enfants viennent nous chercher avec leur voiture à l’hôtel pour aller à Cidade Velha. Située à 15 km de la capitale, la cité est classée patrimoine mondiale de l’UNESCO. Et pour cause, il s’agit du plus ancien endroit de tout le Cap Vert à être peuplé quand l’île est découverte encore vierge par les Portugais vers 1460. Ils en font un point d’escale maritime dans le cadre du trafic d’esclaves. Premier évêché du Cap vert et des côtes africaines en 1533, les vestiges de ce passé ancien sont encore là pour témoigner. Ce sont donc les esclaves fugitifs ou abandonnés parce que sans espoir de survie qui vont constituer le premier peuplement de l’île et de tout le Cap Vert. Sur la place publique de cette ancienne capitale du pays se dresse un pilori pour les esclaves. Symbole de la barbarie et de l’inhumanité de l’esclavage, mais aussi lieu de mémoire.

Nous visitons la plage de sable noir de Cidade Velha où des habitants se baignent devant des pirogues amarrées au pied de la colline. Ensuite, nous empruntons les ruelles et surtout la mythique Rua  de Banana du vieux quartier avec ses cases protégées par l’UNESCO et gagnons l’église. Dans l’enceinte, se trouvent encore de vieilles tombes avec des inscriptions d’époque. L’une d’elles porte le nom du célèbre navigateur portugais Vasco de Gama.

Le deuxième endroit que nous visitons sur le chemin de retour à Praia, c’est le fort qui surplombe Cidade Velha et dont les gros canons pointent en direction de la côte. C’est la forteresse royale de Sao Filipe. Un petit musée explique aujourd’hui son histoire.

Nous concluons notre voyage au Cap-Vert par la plus ancienne cité du pays. Sans pouvoir visiter bien d’autres îles. Mais ce n’est que partie remise.
Un constat s’impose. Dans l’ensemble du Cap-Vert, les voies de communications sont très bonnes ainsi que les télécommunications. Les liaisons aériennes sont bien assurées. Et les Cap Verdiens sont accueillants. Le pays connaît une stabilité sociopolitique depuis la fin du parti unique au début des années 90. Le secteur du tourisme a donc de beaux jours devant lui.

Par Marcus Boni Teiga

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