Les terroristes islamistes ne s’en prennent pas seulement aux Forces de défense et de sécurité (FDS) et aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Les populations civiles font l’objet d’attaques sans discernement qui ont déjà jeté des milliers et des milliers de Burkinabé sur les routes du pays et de la sous-région.
« A la date du 30 Juin 2021, le Burkina Faso connait une croissance du nombre de déplacés internes estimé à 1 312 071 soit une augmentation de 4,7 % par rapport au mois précédent. Cette augmentation du nombre est due essentiellement à l’augmentation des incidents sécuritaires. Cet accroissement non prévisible et sans précédent des incidents ciblant principalement les populations civiles s’est observé depuis le début du second trimestre de 2021. En effet, de 86 personnes civiles tuées dans 105 incidents sécuritaires entre le 1er janvier et le 31 mars 2021, on est passé à 298 civils tués dans 115 incidents sécuritaires entre le 1er avril et le 14 juin 2021, soit une augmentation de presque 250% des civils tués entre le premier et le deuxième trimestre dont l’incident de Solhan du 5 juin 2021 qui a couté la vie à au moins 132 personnes ».
Telle a été la déclaration du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) au Burkina Faso.
Plusieurs groupes terroristes écument le Sahel et leurs actions n’ont pas tendance à baisser en intensité. Parmi eux, il y a les plus connus que sont l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM). Le premier sévit régulièrement dans la région dite des Trois Frontières (Burkina, Niger et Mali) tandis que le second mène ses opérations à partir de sa base qui se trouve à l’intérieur du Mali. Mais il est évident pour les spécialistes du terrorisme qu’il n’y a pas que des Jihadistes derrières toutes les attaques. Des Individus armés non identifiés (IANI) qui sont sans doute de grands bandits de grands chemins profitent de cette insécurité généralisée créé par les Jihadistes pour attaquer, voler les populations.
Manifestement, la terreur a pris une autre dimension quand on sait que les terroristes islamistes n’hésitent plus à s’attaquer à des écoles et tuer leurs jeunes apprenants. Comme pour refuser l’éducation et propager l’obscurantisme dont ils sont les porte-drapeaux.
Entre autres problèmes, ils sont responsables du plus grand déplacement interne et externe de populations que le Burina Faso a connu depuis son indépendance en 1960. Au nombre des régions les plus affectées par ces actions terroristes, il y a surtout le Sahel, le Centre Nord et l’Est du pays. Dans cette dernière région, plusieurs mois de couvre-feu ont été décrétés en raison des attaques terroristes. Les Jihadistes et autres criminels avaient assiégé les populations de certaines localités qu’elles ont dû les abandonner pour trouver refuge ailleurs. Plus de 200 Burkinabè avaient même franchi pour la première fois la frontière bénino-burkinabè de Koalou pour trouver refuge dans la Commune de Matéri au Bénin.
« La crise des déplacements n'est pas seulement qu'interne, elle touche les frontières. On a aujourd'hui à peu près entre 20 et 25.000 Burkinabè qui sont au Mali. On a aussi à peu près entre 12 à 15.000 Burkinabè qui sont en situation d'asile au niveau du Niger. On a également à peu près entre 4.000 et 5.000 Burkinabè qui sont au nord du Bénin. On a depuis quelques semaines 5.000 Burkinabè qui sont dans le nord de la Côte d'Ivoire. Et d'après les chiffres et les informations de certains pays européens, on a de plus en plus de jeunes Burkinabè qui traversent la Méditerranée pour arriver de l'autre côté et chercher l'asile ».
A la fin de C’est ce qu’a déclaré Abdouraouf Gnon-Konde qui dirige le bureau des Nations unies pour les réfugiés au Burkina Faso à la Deutsche Welle. Et d’après le gouvernement du Burkina Faso, le pays comptait plus de 1,4 million de déplacés internes à la fin août 2021. La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle ne manquera pas d’impacter le développement socioéconomique du pays à court, moyen et long termes. Il faut donc parer au plus pressé. Mais le plus difficile pour le gouvernement est d’offrir à tous les déplacés les meilleurs moyens de se reconstruire socialement et économiquement. Quand on sait que la lutte contre les groupes terroristes distrait déjà une part importante des ressources financières de l’Etat qui auraient dû aller au profit de projets en faveur de ces populations déjà vulnérables à l’origine.
Par Marcus Boni TEIGA