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TRIBUNE/GÉOPOLITIQUE RÉGIONALE : Étude de cas improvisé

Personne n'est dupe ! Après le premier partage du monde à Berlin, puis le second à Yalta et la Pérestroïka, il n'y a aucun ordre mondial statique qui vaille. L'ordre mondial actuel ne satisfait plus aux besoins des grandes puissances et des puissances intermédiaires. Et l'Afrique reste la solution cynique !

[ ] La Russie et la Chine sont déterminées à partager les richesses de l'Afrique avec les Occidentaux : elles ont la puissance financière, économique et militaire nécessaire pour des stratégies à long terme, en séduisant une élite africaine désabusée et impatiente de changements significatifs mais souvent naïve !

[ ] La guerre a TOUJOURS été un instrument de repositionnement, de développement technologique et économique pour les puissances de toutes dimensions. Les victimes sont passées par pertes et profits pour atteindre l'objectif ultime de domination. 

[ ] En Afrique, il n'est pas question d'aider les pays à se développer mais plutôt les transformer en débouchés pour les espaces vitaux des puissances. La marge de manoeuvre est donc de plus en plus étroite et difficile pour les dirigeants africains, pris entre l'enclume des réalités changeantes et le marteau des ingérences étrangères.

[ ] Quand un pays demeure totalement dans le giron d'une seule puissance hégémonique, qui lui impose son niveau et type de développement et ses règles de gouvernance, il peut encore être stable pour le temps que les fissures internes et la curiosité d'une autre puissance hégémonique ne tentent de remettre en cause cet ordre néocolonialiste.

[ ] Malheureusement, la France n'a plus les moyens de protéger son ancien empire colonial, face à des rapaces plus costauds qu'elle en Afrique ! Les armes favorites de la domination impérialiste, distillées dans les procédures complexes de la coopération internationale, cessent de faire peur aux gouvernements qui changent de fusils d'épaule.

[ ] À titre d'exemple, l'arme des droits humains ne fonctionne pas quand le parrain extérieur lui-même ne la considère pas. La possibilité qu'ont la Russie et la Chine de minimiser le fardeau de la pesante dette publique des pays courtisés, donne un avantage certain sur les Occidentaux. 

[ ] En plus d'énormes capacités de fournir des armes et porteurs d'armes à leurs alliés africains étatiques et hors-la-loi !

[ ] La part qui revient aux africains francophones, dans ce marché de dupes, c'est de profiter de l'instant présent, soit dans un gouvernement éphémère, soit en acteurs vedettes armés et manipulés contre ledit gouvernement. 

[ ] Car, rien n'est gratuit et les factures des soutiens extérieurs peuvent être très élastiques et se retourner contre les bénéficiaires ! Si, par chance, les puissances rivales s'entendent pour un partage équilibré du gâteau national, sans casses, elles feront en sorte que les institutions soient plus stables et acceptables par les forces vives. Parce que cette stabilité va servir leurs intérêts stratégiques et leurs agendas cachés. Ce sera aussi la chance pour ce pays-là !

[ ] C'est ce qui avait permis au MIDI de faire 30 ans + au pouvoir : il a su amener français, américains et chinois, libyens et soudanais, à s'entendre sur la stabilité interne du Tchad, pour permettre à chacune des puissances de tirer sa part de richesses de ce pays atypique.

[ ] Maintenant, les Russes arrivent et veulent renégocier le contrat de partage. Ils ont comme atout le jusqu'auboutisme redouté de leur soutien à leurs alliés, ce que craint Paris et déjà vu en Syrie et en RCA voisine. Les armes sur le terrain, c'est encore eux! Droits humains et dette publique, ça ne les effraye pas! C'est tentant pour les déçus de la démocratie de façade et une opportunité alléchante!

[ ] Pour s'en convaincre, il faut déjà bien analyser la situation sécuritaire de chacun des six pays voisins pour apprécier de la météo qui prévaut !

[ ] Voilà caricaturé une vue partielle du contexte dans lequel les élites tchadiennes vont tenter de dialoguer entre eux de la sortie de crise récurrente! En espérant qu'ils seront assez nationalistes et tacticiens pour imposer aux prédateurs étrangers les intérêts légitimes de toute la nation tchadienne, comme base de calcul des uns et des autres ?

Par Enoch DJONDANG 
Alumni de Clingendael International Institut de La Haye
Ancien coordonnateur point focal du G5 Sahel Tchad 
Ancien Membre du Gouvernement 
Administrateur Juriste


 

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