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TRIBUNE : Les 64 tribus et leurs leviers potentiels au Soudan du Sud

Une tribu peut être définie comme un groupe social partageant une ascendance, une langue, une culture et un territoire communs. Au Soudan du Sud, où l'on compte 64 tribus ou groupes ethniques, chaque tribu représente une communauté distincte avec ses traditions, ses coutumes et son mode de vie. Ces tribus forment la riche tapisserie du patrimoine culturel du Soudan du Sud, contribuant à la diversité et à l’identité du pays.

Les Jienng (Dinka) sont un exemple de tribu au Soudan du Sud. Le peuple Jieng, l'un des groupes ethniques les plus importants de notre pays, est réputé pour son mode de vie d'éleveur de bétail, ses pratiques culturelles uniques et son fort sens de la communauté. Ils parlent une langue nilotique et habitent historiquement les marécages centraux du bassin du Nil au Soudan du Sud. Imaginez la force et la prospérité que notre nation aurait pu atteindre si ses 64 tribus avaient été unies, libérées des contraintes de la politique ethnique. Lorsque ces diverses tribus s’unissent pour former une seule nation cohésive, elles peuvent exploiter leur force, leurs ressources et leurs compétences collectives pour bâtir un pays stable et prospère.

Au cours de la lutte acharnée pour l’indépendance du Soudan face aux gouvernements dominés par les Arabes, l’unité entre les différentes tribus n’était pas seulement fondamentale, mais elle constituait également notre force commune. Cette unité nous a permis de vaincre les forces extérieures et d’atteindre notre indépendance désespérément recherchée. Si les tribus avaient été divisées ou concentrées uniquement sur leurs intérêts, obtenir l’indépendance aurait été plus difficile, voire impossible. Il est essentiel de reconnaître que chaque tribu du Soudan du Sud a contribué à la lutte autant que les autres et qu’elle a la place qui lui revient au sein de la nation. Chaque tribu apporte des perspectives, des talents et des forces uniques qui peuvent enrichir le tissu social lorsqu’elles sont adoptées collectivement. En reconnaissant et en respectant la diversité des tribus, le Soudan du Sud peut exploiter un capital humain et une richesse culturelle susceptibles de stimuler le progrès et le développement. Pour garantir un avenir prospère au Soudan du Sud, tous les citoyens doivent donner la priorité à leur allégeance à la nation plutôt qu’aux affiliations tribales. En favorisant un sentiment d’identité et d’unité nationales, les individus peuvent transcender les divisions tribales et œuvrer à la réalisation d’objectifs communs pour le bien de tous. Mettre de côté les différences tribales permet la collaboration, les efforts de consolidation de la paix et le développement durable dans tous nos États. L'unité du Soudan du Sud dépend du respect mutuel et de l'acceptation de tous ses divers groupes tribaux, grands et petits.

Chaque citoyen, quelle que soit son affiliation tribale, devrait être reconnu comme ayant des droits égaux, se voir accorder les mêmes opportunités et être valorisé pour la construction d'une nation cohésive et prospère. Lorsque le peuple du Soudan du Sud s’unit, il devient une force formidable capable de surmonter les défis et de créer un avenir meilleur pour tous. Au contraire, la division entre tribus affaiblit le tissu social, le rendant vulnérable aux conflits et entravant le progrès. Toutes les tribus doivent reconnaître que leur force réside dans leur unité en tant que Sud-Soudanais plutôt que dans la division fondée sur les différences tribales. La coexistence pacifique avec des tribus plus petites est fondamentale pour créer une société harmonieuse au Soudan du Sud. En favorisant la compréhension, la tolérance et la coopération entre toutes les tribus, quelle que soit leur taille ou leur influence, la nation peut incarner la vision pour laquelle les générations passées se sont battues : une patrie où chacun est respecté, valorisé et bénéficie des mêmes chances de s'épanouir. Le Soudan du Sud doit délaisser les affiliations tribales pour se concentrer sur les talents et les capacités individuels. En reconnaissant et en utilisant les compétences et capacités uniques de chaque citoyen, sans préjugé envers une tribu en particulier, la nation peut exploiter tout son potentiel de croissance et de développement. Mettre l’accent sur la méritocratie plutôt que sur le favoritisme tribal mènera à une société plus inclusive où chacun peut contribuer de manière significative et éloquente. Chacun d’entre nous a le potentiel de faire une différence et de contribuer au progrès et à la prospérité de notre nation. Ce n’est pas seulement un rêve mais une réalité que nous pouvons réaliser ensemble. Le Soudan du Sud peut en tirer parti non seulement dans la région et sur le continent africain, mais également sur la scène mondiale, à condition de favoriser notre unité, de laisser de côté le tribalisme et de nous concentrer sur la construction d’une nation et d’un État.

Résoudre l’unité des 64 tribus du Soudan du Sud nécessite une approche multiforme comportant diverses étapes. L’une des étapes consiste à promouvoir une gouvernance inclusive. Le Soudan du Sud a besoin de structures de gouvernance qui représentent et incluent des membres de tous les groupes ethniques pour favoriser un sentiment d'appartenance et de représentation. Une autre étape pourrait consister à promouvoir l’identité nationale. Le gouvernement d’unité nationale devrait encourager les initiatives qui promeuvent un sentiment d’identité nationale au-dessus des affiliations tribales. Cela pourrait inclure des symboles nationaux, un enseignement de l’histoire et des événements culturels célébrant la diversité tout en mettant l’accent sur l’unité. Une autre façon consiste à répondre aux griefs. Le gouvernement d’union nationale devrait répondre aux griefs historiques (nouveaux et anciens) et aux conflits entre tribus par le dialogue, les processus de réconciliation et les mécanismes de justice. Ce processus est crucial car il permet aux individus ou aux groupes d’ouvrir leur cœur, de pardonner et d’avancer. Une autre étape essentielle pour favoriser l’unité des 64 tribus consiste à investir dans l’éducation. L'hon. Awut Acuil Deng, ministre de l'Éducation, fait un travail formidable pour améliorer et changer le système éducatif au Soudan du Sud, mais il reste encore beaucoup à faire.

Le Soudan du Sud doit investir dans une éducation qui promeut l’unité, la tolérance, la compréhension et le respect de la diversité. Enseigner des matières telles que la diversité, l’histoire, l’éducation civique et les études sociales qui mettent en valeur les contributions de tous les groupes ethniques à la nation. J'encourage notre formidable ministre, l'hon. Awut Acuil Deng, d'examiner cette proposition si elle s'inscrit en dehors des plans nationaux d'éducation. Cette étape doit être débattue et approuvée au niveau national. Une autre étape est le développement économique. Ce que j’entends par développement économique, c’est que notre gouvernement mette en œuvre des politiques et des programmes qui favorisent une croissance économique équitable dans nos dix États et entre les différents groupes ethniques afin de réduire les disparités et de cultiver un sentiment de prospérité partagée.

De plus, le dialogue intertribal est nécessaire au Soudan du Sud pour faciliter les efforts gouvernementaux en cours entre les communautés engagées dans le conflit. Les dirigeants, les représentants des communautés et les responsables gouvernementaux devraient se réunir pour s'attaquer aux causes profondes et aux préoccupations de ces conflits, les résoudre et instaurer la confiance. Le Soudan du Sud a perdu de nombreuses vies innocentes, et il est temps de régler tous les conflits intertribaux et de mettre un terme à toutes ces absurdités. Les programmes d'échange interculturel pourraient constituer une autre étape dans le développement d'un sentiment d'unité entre les 64 tribus.

Encourager les programmes d'échange interculturel, les festivals et les événements qui permettent aux personnes de différentes tribus d'interagir, d'apprendre les unes des autres et d'apprécier leur patrimoine commun. Une autre façon de promouvoir l’unité est la réconciliation politique. Pour soutenir la réconciliation politique, les représentants de tous les groupes ethniques doivent être réunis pour dialoguer afin d’encourager la coopération et faire des compromis dans la poursuite d’objectifs communs. Une autre étape pour cimenter l’unité entre les 64 tribus consiste à favoriser le développement communautaire. Ce processus vise à soutenir les initiatives locales qui favorisent la coopération et la collaboration communautaires, en se concentrant sur des projets de développement partagés et des réseaux de soutien mutuel. Enfin, l’engagement des dirigeants est essentiel pour promouvoir l’unité entre les 64 tribus du Soudan du Sud. Nous voulons que nos dirigeants politiques démontrent un engagement solide en faveur de l’unité nationale, de l’inclusivité et du rejet des discours ou des actions qui divisent. En mettant en œuvre ces mesures, le Soudan du Sud peut œuvrer à la construction d’une société plus unie et plus cohésive, où la diversité de ses 64 tribus est célébrée comme une source de force plutôt que de division.

En conclusion, il est impératif de réitérer que le Soudan du Sud est le foyer collectif de toutes ses diverses tribus, grandes et petites. Un véritable progrès ne peut être réalisé que par l’unité, le respect mutuel, la coexistence pacifique et l’accent mis sur le mérite individuel. Adopter sans réserve ces principes fondamentaux nous permettra d’honorer l’héritage de nos ancêtres en bâtissant une nation où chaque citoyen, quelle que soit son origine tribale, est estimé et traité avec dignité. Grâce à des efforts concertés guidés par la volonté politique et ces valeurs, nous pouvons libérer tout le potentiel du Soudan du Sud et ouvrir la voie à un avenir prospère pour tous. La coexistence harmonieuse des 64 tribus est la pierre angulaire de l'émergence du Soudan du Sud en tant que phare de l'influence mondiale en Afrique et modèle de cohabitation multiculturelle réussie.

Par Amb. Santino Fardol (Ph.D.)

*Cet article a été traduit de l’Anglais en Français par Marcus Boni Teiga

 

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