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TRIBUNE/BURKINA: Les ministres de la Culture Lamizana et Sankara luttaient contre l’aliénation mentale et culturelle

"(…) Des Burkinabè devenus Français, pas par la naturalisation, mais après avoir subi une acculturation féroce qui ne leur donne aucune chance de parler leurs propres langues maternelles (…)" Dixit Youssef Ouédraogo sur sa page Facebook.

Youssef Ouédraogo, remarque très pertinente : depuis les années postindépendances, trois anciens ministres de la culture du pays des hommes intègres avaient jeté leur dévolu dans la rude bataille contre la dépersonnalisation très avancée de nos compatriotes : le général de corps d’armée El hadj Aboubacar Sangoulé Lamizana, père fondateur, en 1969, du FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou), le capitaine Thomas Noël Isidore Sankara) père fondateur, en 1984, du SIAO (Salon international de l’artisanat africain de Ouagadougou) et, dans une certaine mesure, le Pr Nurokuor Claude Somda.

Fiers de la culture de leur propre terroir, ces trois anciens détenteurs du maroquin de la culture (décédés depuis) luttaient, de jour comme de nuit, contre l’aliénation mentale et culturelle qui avait toujours consisté, pour certains de nos compatriotes, à singer d’autres pays, d’autres peuples, d’autres cultures (leurs modes de pensée et d’agir, mais aussi leurs arts culinaire et vestimentaire avec !) Alors qu’ici-bas, aucune culture n’est supérieure à une autre culture. Idem pour toutes les langues de la planète.

C’est ainsi qu’un digne, respectable et honorable Moaga du Burkina Faso devrait être fier de parler convenablement sa propre langue maternelle comme le fait le Gaulois pour la langue de Molière ou le Britannique pour la langue de Shakespeare. Dans le même ordre d’idée, un samogho ne devrait jamais se sentir plus fier de manier avec satiété la langue allemande, chinoise ou japonaise que sa propre langue maternelle. Sauf qu’ici, il peut quand même s’approprier la langue mooré de ses illustres Maîtres, distingués monarques et princes du Môgho !

D’ailleurs, autant les Français, les Américains, les Chinois, les Arabes tentent de nous enseigner d’une manière ou d’une autre leurs belles langues, leurs belles cultures, dans le double cadre de la coopération bilatérale et multilatérale souhaitée avantageuse pour toutes les parties, autant nous devons mettre un point d’honneur à les égaler dans la transmission de nos propres valeurs et cultures ancestrales qui, répétons-le, sont d’égales valeurs. En effet, lorsque différents peuples de la planète se rencontrent, ils créent forcément un électrochoc dans les échanges (politiques, diplomatiques, industriels, commerciaux, culturels, sportifs, etc.) Tout doit donc être mis en œuvre afin que ces créneaux de rencontres soient de véritables réceptacles du donner et du recevoir ! Peu importe si nos partenaires sont plus industrialisés et plus riches que nous. La valeur humaine n’est pas quantifiable. Dieu nous l’a maintes fois prouvé en nous rappelant à chaque instant qu’il nous a tous créés égaux et à sa propre image : Blancs, Jaunes, Métisses et Noirs !

UNESCO, UNICEF, PAM, PNUD, HCR,… : PROMOUVOIR UN BRASSAGE SÉCULAIRE ENTRE NOS PEUPLES ! 
Ceci étant, nous sommes appelés à interagir en gardant présent à l’esprit que sur le plan des valeurs culturelles, nous sommes égaux et interdépendants. La plupart du temps, Asiatiques, Océaniques, Américains, Européens et Africains parlent de culture universelle lorsqu’au cours des rencontres entre les différents peuples, il y a véritablement échanges. Pour favoriser la très rapide émergence de cette vaste chaîne des valeurs à l’échelle mondiale, les Terriens ont mis un point d’honneur à créer et à animer avec professionnalisme, doigté et considération des organismes onusiens comme l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) afin de contribuer à une meilleure capitalisation des ressources culturelles de la planète.

Outre l’UNESCO, l’UNICEF (Organisation des Nations Unies pour l’enfance), le PAM (Programme alimentaire mondial), le HCR (Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés), etc., ont ainsi reçu pour missions cardinales d’œuvrer, nuit et jour, à pacifier la planète afin de rendre agréable le séjour des habitants d'ici. Avec en prime le respect strict et scrupuleux de toutes les valeurs culturelles et ancestrales de chaque pays, de chaque peuple, de chaque nation. Raison pour laquelle, tout pays, pauvre ou nanti, qui viendrait à commettre l’erreur de taxer de barbares, de sauvages ou de rétrogrades d’autres peuples et leurs cultures court le risque d’être poursuivi en justice, jugé et condamné pour faits de racisme et d’aliénation culturelle.

Eu égard à ce qui précède, que pouvons-nous retenir sinon qu’un Burkinabé qui se sent fier d’être un citoyen français sans pouvoir parler sa propre langue maternelle est mort avant de rendre l’âme ? Les Français dont il se réclame préféreraient avoir pour frère quelqu’un d’autre qui est réellement fier de ses propres origines. Car, si aujourd’hui, il peut renier ses racines burkinabè, malgré la belle, reluisante et éclatante noirceur de sa peau, demain, il pourrait faire pire pour sa réclame française qui n’est que de la pure façade ! Même si, entre-temps, il avait utilisé des produits éclaircissants pour singer ces Français !

QUAND UN NÈGRE N’EST PAS FIER DE SA NÉGRITUDE, LES AUTRES PEUPLES LE DÉTESTENT !
Nos amis des cinq continents le savent sur les doigts d’une main. Par conséquent, ils observent ces genres d’Africains égarés avec beaucoup de pitié, les qualifient à juste titre d’aliénés mentaux et culturels, de sinistres individus sans repère et sans la moindre personnalité, prêts à vendre leurs âmes au premier venu dans le but de protéger et de promouvoir des intérêts mercantiles. Quelle que soit la partie du monde où on les rencontre, personne ne leur accorde la moindre considération. Surtout quand ils commencent à "chorbiter" comme si on les avait étranglés, à préférer les mets occidentaux aux mets africains, à préférer les vestes-cravates à la riche cotonnade africaine et tutti quanti !

Par P. Pierre Claver Ouédraogo
Copyright : Afrique Tribunes


 

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