Situé à l’extrême Nord du Togo, Koutammakou ou le pays des Batammariba dispose d’une riche culture dont les ramifications vont jusqu’au Bénin. Aperçu sur une région au patrimoine historique et culturel inestimable.
A première vue, ce qui distingue Koutammakou est l’habitat typique des Batammariba. Comme l’indique le nom de cette ethnie Batammariba (les bâtisseurs), elle a la particularité à l’origine d’hâbiter des châteaux forts surmontés de tourelles et de greniers. En bas, on retrouve des chambres et des autels, avec notamment des sanctuaires, des attributs des rituels ou cérémonies d’initiation, etc. Rien d’étonnant si l’architecture originale de l’habitat des Batammariba est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Et cela grâce à la remarquable contribution de Dominique Sewane, ethnologue et philosophe internationalement reconnue qui travaille à la préservation du patrimoine culturel africain.
Outre leurs habitations communément appelées « Tata Somba » et qu’il faudrait dorénavant désigner par le nom authentique de « Takienta », les contrées de Koutammakou ont un folklore riche et varié que l’on peut admirer à l’occasion de différentes cérémonies comme les rythmes « Fabénfa », « Dikountri », « Tidactchinti », « Diténsidi », « Tipèinti », « Tiyadati »…Il en est de même des arts ornementaux : chapeaux, accoutrements de danses, colliers, bracelets, castagnettes, boucles d’oreilles, sacs à main, etc.
Le peuple Tamberma (appellation du Togo) ou Otammari (appellation du Bénin) dont le pluriel se dit Batammariba ou Bètammaribè est un peuple aux mille et une facettes, tant dans les domaines artistiques que culturel. Il n’y a qu’à assister à la cérémonie de « Dikountri » pour s’en convaincre. « Dikountri » est un rite de passage à la majorité pour la jeune fille. Et ce n’est qu’à la suite de ce rituel qui a lieu tous les quatre ans que la jeune fille peut prétendre au mariage.
Des danseurs de « Tipèinti » en pleine démonstration
Les danses des Batammariba sont assez spectaculaires les unes que les autres. Exécutées le plus souvent en groupe par catégorie de sexe, elles obéissent à une chorégraphie d’ensemble qui nécessite une parfaite maîtrise des rythmes du tam-tam. Danses trépidantes s’il en est, celle du « Tipèinti » des hommes par exemple est non seulement athlétique mais aussi majestueuse. Ce n’est pas le fait du hasard si le « Tipèinti » attire beaucoup de monde chaque fois qu’elle est exécutée.
A Koutammakou, les manifestations s’accompagnent toujours de ripailles. La spécificité de l’art culinaire est caractérisée par la pâte de fonio et tous les mets qu’il est loisible de concocter à base de voandzou, à l’instar des beignets ou des crêpes. Partager la vie des Batammariba dans l’une de leurs contrées, c’est découvrir l’Afrique profonde dans sa richesse traditionnelle et originale, au milieu des baobabs centenaires. Un vrai régal pour les férus d’ethnologie, les amateurs de dépaysement ou d’écotourisme.
Par Serge-Félix N’Piénikoua