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POLITIQUE & SOCIETE/ AFRIQUE - COP22 : De Libreville au Caire en passant par Djibouti, une préoccupation réelle ou pour être dans l’air du temps ? 

Le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors de l’inauguration de la COP27 à Charm el-Cheikh en Egypte.
Le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors de l’inauguration de la COP27 à Charm el-Cheikh en Egypte.

Selon l’époque, il y a un thème récurrent. Le changement climatique est le thème, qui occupe une place importante dans les relations internationales. Mais quelles relations internationales ? Les relations entre les pays pollueurs, qui émettent plus de CO2. Les sommets se succèdent à une grande cadence depuis quelques décennies. La pandémie du COVID a ralenti, parce que les gens ne pouvaient pas réunir, mais on pourrait le faire par vidéoconférence.

D’abord une petite précision, ce qu’on appelle la Conférence sur le Changement Climatique apparaît en 1992 au Brésil, parce que même si le thème était Environnement et Développement, une convention sur le climat a été adoptée dont l’objectif était de réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de minimiser l’impact humain sur le changement climatique. En fait un cycle de conférence commence à cette date : les conférences des parties ou COP. Plus qu’un cycle, c’est une machine qui est lancée où des acteurs non gouvernementaux, ONG, des entreprises, villes, des citoyens se réuniront chaque année dans une ville. Théoriquement, le but est de lutter contre le changement climatique. 

26 COP sont organisées. La première a lieu à Berlin en 1995. Le continent africain accueille la COP, organisée au Maroc, ce pays accueille la COP22 en 2016, juste après une fameuse COP celle de Paris de 2015. Cette dernière a marqué les esprits, sauf l’ancien Président Donal Trump, qui avait pris une décision de retrait des Etats-Unis, qui est le premier pays pollueur ou parmi les trois grands pollueurs dans le monde.

D’autres pays africains en ont organisé comme le Kenya en 2006, la COP12, l’Afrique du Sud en 2011, la COP 17. Selon les experts, c’est dans le continent africain qu’on note le plus les conséquences du changement climatique

A la dernière COP, tenue à Galsgow, les participants ont signé le pacte de Glasgow pour le climat, lequel introduit ce qu’on appelle les Semaines climatiques régionales comme une plateforme, permettant aux gouvernements et aux parties prenantes à ce processus d’apporter une réponse crédible et durable au changement climatique.

Ainsi une première semaine africaine du climat a eu lieu à Libreville (Gabon) du 29 août au 2 septembre 2022. A l’ouverture, le Président gabonais Ali Bongo Ondimba affirmait dans un tweet que « le changement climatique ravage notre planète partout. L'Afrique est particulièrement touchée. Mais des solutions existent. Le Gabon est déterminé à les mettre en œuvre ! ». 

Ce sont des adultes qui parlent, cogitent ou s’agitent sur le changement climatique alors que la jeunesse est exclue. Comme en Occident, en Afrique les jeunes manifestent leur préoccupation pour ce thème. Une centaine de jeunes réunis au sein de l’Alliance panafricaine pour la justice climatique, a organisé une marche pour interpeller les dirigeants sur les ravages du changement climatique en Afrique. Venus de plusieurs pays d’Afrique (Afrique du Sud, de Tanzanie, Tchad), ils ont remis un mémorendum à Lee White, le ministre gabonais des Eaux et Forêts, qui dirige les travaux de la Semaine africaine sur le climat.

Logo COP27
Logo COP27.

Ce qui peut apparaître comme une semaine climatique régionale a eu lieu à Djibouti (République de Djibouti) du 23 au 25 octobre 2022. En fait, c’était une conférence régionale : Changement Climatique et Recherche (2CR) : Le chemin vers une adaptation et une résilience durable. A l’inauguration de cette conférence, le Président djiboutien, Ismaël Omar Guelleh affirmait que « le réchauffement de la planète est sans conteste la menace la plus importante à laquelle l’humanité est confrontée. C’est aujourd’hui un fait majeur que nous ne pouvons plus ignorer et dont l’ampleur s’est accélérée ces dernières années ».

Le Président Gabonais était plus pragmatique que son collègue djiboutien. Il ne reste sur un fait qu’on observe partout dans le monde, mais il est plus volontariste en disant qu’il y a des solutions, même s’il ne détaille pas ces solutions.

La conférence avait un autre objectif : la création d’un Observatoire Régional de Recherche pour  l’Environnement et le Climat, qui serait un outil scientifique  essentiel au service de la région en matière de suivi du climat, de ses impacts et de la prévention  des conflits. Sa création a été une conclusion du Sommet sur les risques et opportunités environnementaux en Afrique de l'Est en 2015, tenu à Djibouti. Cette conférence lie deux questions importantes : le changement climatique et les conflits. En effet, la raréfaction des ressources naturelles comme l’eau est une des sources des conflits.

Mais la question intéressante à se poser est de savoir si les gouvernements de ces deux pays ont adopté des politiques différentes dans des secteurs comme la construction, le réaménagement des villes, la gestion des eaux usées, l’interdiction de la production des plastiques, la présence des bases militaires étrangères dont l’impact environnemental et social est négligé…

Par ailleurs, les deux Présidents reprennent un discours récurrent plaçant le continent africain comme la principale victime de ce changement. Faut-il rappeler que le changement climatique n’est un phénomène nouveau dans certaines zones du continent noir comme le Sahara, le Sahel et la Corne de l’Afrique. Certes c’est un fait qu’on observe quotidiennement, qu’on ne peut négliger ses effets désastreux, mais pourquoi une préoccupation des pollueurs devient-elle aussi une préoccupation pour des pays non pollueurs. Ou doit-on considérer ces semaines comme pour être dans l’air du temps ou en phase avec les grandes thématiques de son époque. La mode, c’est de suivre ce que font d’autres tant la forme que le fond où les mêmes acteurs interviennent. Bref, des rencontres qui n’aboutissent pas à des solutions concrètes. Des rencontres où les intervenants discutent, parlent sans s’écouter et sans avoir une conviction d’aboutir à des résultats concrets. Les intérêts de certains secteurs pèsent encore plus que des mesures, prises par satisfaire la galerie.  

Comme les COP, les Semaines climatiques régionales sont énergivores sur le plan humain et financier pour des solutions inefficaces et rarement mises en pratique. Dont acte !

Par Bahdon Abdillahi Mohamed
 

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