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CULTURE/Arts & Spectacles - Rachelle Agbossou : « La danse traditionnelle africaine peut se développer sans perdre son authenticité »

Rachelle Agbossou

Rachelle Agbossou est danseuse, chorégraphe et professeur de danse Béninoise. Fondatrice et Directrice artistique de la Compagnie de danse Walô et de Walô Dance Center à Abomey-Calavi, c’est avec une femme tout à fait à l’aise dans ses baskets ou, mettons, dans ses pieds et son corps qu’Afrique Destinations s’est entretenu sur sa passion et son métier de danseuse.

Rachelle Agbossou
Rachelle Agbossou

Afrique Destinations : Comment êtes-vous arrivée à la danse ?
Rachelle Agbossou: Sans préméditation et sans formation dans une école de danse formelle. Mon parcours est atypique. J'ai commencé la danse par amitié à l'Ensemble Artistique et culturel des Étudiants en 1999. Mais il y avait cette passion contenue par l'urgence et l'obligation vis à vis des parents de mener les études à leur terme.  Le déclic est créé puis mes premières heures au Ballet National du Bénin m'ont convaincu que l'endroit où je voudrais être c'est dans la danse. J'avais trouvé ma profession.

Aussi loin que vous pouvez remonter dans vos souvenirs, y a-t-il quelque chose qui vous y prédestinait ?
Rachelle Agbossou: Mon père a fait de tous ses enfants des danseurs amateurs. Il m'apprenait les pas de base de salsa, de zouk, etc., et il nous a motivé mon frère aîné Igor et moi à participer à des concours de danse aux côtés des adultes. Nous vivions à Natitingou au Nord du Benin. J'étais toujours très heureuse quand on gagnait la 2e ou la 3e place. Au catéchisme, les frères Nansi, artistes dans l'âme m'ont initié au théâtre, à la danse et la chanson en groupe d'enfants. Le virus était inoculé je crois. 

Que représente pour vous la danse de manière générale aujourd’hui ?
Rachelle Agbossou: Personnellement la danse est et produit l'air dont j'ai besoin pour respirer et vivre. Au-delà de la profession c'est le moteur de mon existence, l'essence de mes actions en tant qu'être humain, en tant que citoyen, en tant femme, en tant que leader. C'est un moyen de communication et de sensibilisation infaillible, donc j'en ai fait mon leitmotiv à la Compagnie Walô. Faire de la danse un outil de développement susceptible de toucher les consciences.

Quels types de danses faites-vous ?
Rachelle Agbossou: Danses traditionnelles et danse contemporaine.

Rachelle Agbossou
Rachelle Agbossou

Si l’on vous demandait quel regard portez-vous sur la danse traditionnelle africaine, que diriez-vous ?
Rachelle Agbossou: Les peuples qui ont maintenu leur identité culturelle ont un patrimoine immatériel assez fort jusqu'à nos jours. Quand je regarde le Burundi avec ses danses et ses tambours sacrés, la danse Guèdè de Kétou et les danses patrimoniales telles que conservées dans les zones rurales et qui gardent toute leur authenticité, j'ai espoir que malgré le temps l'Afrique aura toujours ses valeurs à porter fièrement.  La danse traditionnelle africaine peut se développer sans perdre son authenticité.

A vos yeux, qu’est-ce que la danse contemporaine aujourd’hui en Afrique ?
Rachelle Agbossou: Qui dit danse contemporaine dit mon expression corporelle au moment où je bouge. Donc que ce soit en Afrique ou ailleurs, la danse contemporaine est un art qui répond aux réalités du moment. Et en Afrique la danse contemporaine est en plein essor avec des danseurs très talentueux qui ont chacun des idéaux à défendre, des messages à faire passer. Les états africains devraient accompagner les danseurs dans leur recherche en chorégraphie et ne pas laisser cette charge seulement aux institutions étrangères qui ont parfois tendance  à orienter ou détourner le propos des jeunes créateurs vers d'autres idéaux.

Peut-on vraiment s’épanouir dans la danse dans toute l’acception du mot « s’épanouir ». Et si oui, que diriez-vous à de jeunes femmes qui en seraient tentées mais qui hésitent encore à franchir le pas?
Rachelle Agbossou: Ma réponse est oui. Il faut déjà être passionné, disponible, se faire former, se cultiver, oser, et toujours faire un travail de bonne qualité, qu'on soit homme ou femme. Et aux jeunes femmes j'ajouterai, ne laisser aucune pression,  quelle qu'elle soit (biologique, familiale, religieuse, politique...) vous interdire de vivre votre rêve de danser. Le travail bien fait paye toujours. Et au-delà de l'argent, le plaisir de l'âme est une grande richesse.

Propos Recueillis par Serge Félix N’Piénikoua

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